La Sorcière de Locronan – Avis +

Présentation de l’éditeur

« Je courus dans le champ voisin. Les hautes tiges de fleurs crème se balançaient dans le vent, j’en fis une moisson, repris le sentier qui descendait entre les hêtres, appelai encore : ―Nellic, Nellic ! Le premier arbre me renseigna d’horrible manière. Notre jolie Dame Blanche, au ventre si doux piqueté de taches brunes tel un manteau d’hermine royale, y était crucifiée sur l’écorce, ailes ouvertes, par deux clous de maréchal-ferrant. »

XVIIe siècle : âge d’or de la Bretagne au temps des cités toilières et des enclos paroissiaux. A seize ans, Maëlig possède l’art de guérir par les plantes, un art que lui a enseigné Mahaut, veuve cultivée qui l’a recueillie enfant. Pendant la Grande Peste, toutes deux soignent les bourgeois de Locronan, riche cité de tisserands et maîtres toiliers.

Quand sonne l’heure de la guérison, les notables ont vite oublié les bienfaits des deux étranges guérisseuses, même Foulques Bertrand, dont Maëlig a guéri l’épouse. Bientôt tout Locronan s’enflamme contre la jeune fille. Avec sa tache de naissance en forme d’étoile, ses cheveux roux, son don exceptionnel pour le violon, instrument maléfique par excellence, ne fraie-t-elle pas avec le Diable ?

De là à évoquer la sorcellerie, il n’y a qu’un pas que Foulques Bertrand, dont la vie éternelle est à ce prix, franchit sans états d’âme, car Maëlig connaît son secret…

Avis de Claire

Comme les terres anglo-saxonnes auxquelles elle s’apparente, la Bretagne est une terre de traditions, de légendes et d’énigmes. Peuplée de korrigans (lutins), jalonnée de dolmens, parée de forêts aussi denses que mythiques, elle se prête volontiers au jeu des mystères.

Nathalie de Broc, bretonne elle-même, excelle à restituer pour nous cette atmosphère brumeuse et magique. On pense un peu au magnifique roman Un bûcher sous la neige de Susan Fletcher, dont l’héroïne écossaise, Corrag, pourrait être une soeur spirituelle de Maëlig la bretonne.

De son enfance insouciante, mais dure auprès d’une mère aimante, jusqu’aux différentes tragédies qui jalonneront sa vie, Maëlig reste fidèle à ce qu’elle est au fond d’elle même, différente, autre, spéciale. En ces temps troublés de Peste, il ne fait pas bon d’être rousse, guérisseuse, et marquée d’une tâche en forme d’étoile à l’épaule.

Si l’on aurait aimé que l’auteur développe un peu plus certains passages du roman, comme la rencontre de Maëlig avec son père ou sa belle histoire d’amour avec le musicien Thomas, dont on n’a que des bribes, car c’est Maëlig qui raconte, il n’en reste pas moins que ce récit est des plus plaisants à lire.

Un excellent roman régional, sur une région qui sait cultiver l’art du mystère. Si l’on ajoute que le roman est un hommage à Mary Webb, auteur de l’inoubliable Sarn, tout est dit.

Fiche technique

Format : broché
Pages : 244
Editeur : Presses de la Cité
Collection : Trésors de France
Sortie : 2 avril 2014
Prix : 12 €