Rencontre avec Jack Wolf

Belfond nous ayant invitées à rencontrer un nouveau romancier britannique, nous aurions été malpolies de refuser ! Pourtant, on ne savait que penser de l’auteur de Misericordia, roman particulier qui diffuse un sentiment étrange que l’on ne peut pas réellement pointer du doigt.

Est-ce fantastique ou gothique ? Noir, psychologique ou historique ? Un peu tout cela à la fois, mais bien plus encore. Jack Wolf est à lui même une énigme. Cet homme à la fois timide et enflammé lorsque l’on parle d’Histoire, est une personne charmante. Père de deux enfants, possesseur (ou serviteur selon le point de vue d’où l’on se place) de chats et de chiens, il a été une femme dans une autre vie.

Ce détail, nous avons voulu l’oublier rapidement pour ne s’attacher qu’à ce qui nous l’a rendu si sympathique. Cette présence tout en force et en discrétion. En peu de phrases, nous avons eu le sentiment qu’il nous laissait nous connecter à son âme, ou du moins à la partie qu’il pouvait partager.

Nous avons pu discuter ensemble avec facilité et grâce aux interrogations des participantes, nous avons pu ouvrir son texte avec une autre vision. Car ses particularités ne sont pas des caprices mais une mise en exergue de choix qui sont offerts aux lecteurs.

D’ailleurs, Jack Wolf a refusé de répondre aux questions qui nous auraient permis de classer certaines interrogations dans des cases fermées. Par contre, il nous a beaucoup parlé de sa passion pour le XVIIIe siècle !

Par exemple, il n’a utilisé que des mots qui existaient à l’époque refusant toutes concessions modernes (pour ce choix, la traduction française s’est permise de moderniser le texte). Autre originalité, il a utilisé également la typographie de l’époque qui peut nous paraître si choquante maintenant : les noms communs ont tous une majuscule (la traduction française a tenu compte de ce détail qu’en partie, et d’une manière différente que celle décidée par l’auteur).

Tout a été fait pour correspondre absolument à ce que connaissaient les hommes à cette époque, notamment la médecine. Le romancier a surtout pour but intime de que le lecteur ne cesse de se questionner. Il ne veut pas diriger la réflexion mais pousser l’esprit à se remettre en question, réfléchir à ses propres certitudes…

D’ailleurs, son prochain livre se déroulera au XIXe et s’attaquera à l’esclavage. Ce contexte lui permettra d’envisager toute forme d’asservissement, ce qui nous laisse curieux de le lire, tant le sujet est vaste et les clichés massifs !

Vous pouvez lire le compte-rendu du Boudoir Ecarlate !

Crédit photo : Onirik.net