Canal+ – La guerre invisible

Plus de 20 % des femmes ayant servi dans l’armée américaine ont subi des violences sexuelles.

Une commission parlementaire, en 1991, a rapporté que 200 000 femmes ont été violées dans l’armée. Et cela ne fait état que des plaintes, et on peut facilement doubler ce chiffre sans compter des violences faites aux hommes.

15 % des nouvelles recrues de l’US Navy on commis des tentatives de viols ou des viols avant de s’enrôler.

Ces quelques chiffres ne sont pas tout le documentaire mais sont suffisamment parlant pour intriguer. Derrière eux se cachent des personnes brisées, que les brutalités n’ont pas seulement blessées durablement d’un point de vue physique ou mental, mais c’est également un futur foutu, une famille à jamais changée, une place dans la société perdue…

Presque la moitié des femmes vétérans qui se retrouvent à la rue ont été agressées sexuellement. Le traumatisme d’ailleurs a été qualifié par les psychiatres de plus important que celui des soldats revenant d’un lieu de guerre… notamment car l’esprit de fraternité des Marines ou autres corps de l’Armée favorise un sentiment d’unité très fort, comparable à la famille. Le viol devient alors inceste, trahison irréparable.

Particulièrement bien fait, nous apprenons à connaître chacun des témoins avant qu’elles se confient face caméra. Kirby Dick a la bonne idée de ne pas s’attaquer à l’Institution mais aux bourreaux et leurs complices, ceux qui cachent, qui couvrent et qui enfouissent. Intelligemment, le film évite toute émotion trop forte qui empêcherait de rationaliser les évènements.

C’est à voir pas seulement car on se le doit. On ne doit rien, mais on peut rendre hommage à ces femmes qui acceptent de témoigner à visage découvert (malgré tout ce que cela implique pour elles), et aussi pour tenter d’enrayer cette épidémie qui s’apparente bien plus à une volonté de destruction d’une personne qu’à une relation sexuelle non consentie.