Une Place à prendre – Avis +/-

Présentation de l’éditeur

Bienvenue à Pagford, petite bourgade anglaise paisible et charmante : ses maisons cossues, son ancienne abbaye, sa place de marché pittoresque… et son lourd fardeau de secrets.

Car derrière cette façade idyllique, Pagford est en proie aux tourmentes les plus violentes, et les conflits font rage sur tous les fronts, à la faveur de la mort soudaine de son plus éminent notable.

Entre nantis et pauvres, enfants et parents, maris et femmes, ce sont des années de rancunes, de rancœurs, de haines et de mensonges, jusqu’alors soigneusement dissimulés, qui vont éclater au grand jour et, à l’occasion d’une élection municipale en apparence anodine, faire basculer Pagford dans la tragédie.

Attendue de tous, J.K. Rowling revient là où on ne l’attendait pas et signe, avec ce premier roman destiné à un public adulte, une fresque féroce et audacieuse, teintée d’humour noir et mettant en scène les grandes questions de notre temps.

Avis de Claire

A l’abri du besoin, bien loin de ses débuts, pauvre et seule dans un petit café d’Edimbourg, comme le raconte volontiers la légende, JK Rowling n’avait aucun besoin de se précipiter pour écrire un nouveau roman, aucune exigence éditoriale, mais une énorme pression de la part des millions de fans qu’elle a conquis partout dans le monde avec l’histoire magique de son petit sorcier à lunettes rondes…

C’est dire qu’un roman de sa part était attendu, d’autant que la romancière avait toujours clamé qu’elle se lancerait dans quelque chose de totalement différent. De ce côté-là, pari réussi. On nage dans le réalisme, le contemporain, le quotidien le plus complet.

Plaçant son intrigue dans une petite ville de province, inspirée sans doute par ses propres souvenirs de jeunesse, grouillant de mentalités étriquées, acides, égoïstes et féroces, JK Rowling est sans complaisance et n’y va pas de main morte, on peut véritablement penser qu’elle « se lâche », avec des termes crus, grivois, osés, parfois c’est même un peu trop, étouffant.

La place vacante du titre est celle d’un personnage-clé, dont la mort au début du (trop long ?) roman sert de catalyseur à tous les évènements qui vont secouer la petite ville à partir de là. Cette place à prendre, celle qui permet de siéger au conseil paroissial d’une bourgade de province va révéler les dessous d’un microcosme hypocrite et débridé.

Ce roman-fleuve, dont le rythme plutôt lent du début, peine à démarrer, n’en demeure pas moins passionnant à lire. Même si l’on attend pendant pas mal de pages qu’il se passe réellement quelque chose, alors que les états d’âme des personnages font l’objet d’une description fouillée à l’extrême.

Vers la fin, alors que les évènements se précipitent dans une véritable cacophonie de voix, le style de JK Rowling devient presque cinématographique, nul doute que le septième art va s’emparer de ce roman à bon escient. On verrait bien un Stephen Frears s’en charger, très à l’aise dans cet univers à la fois désopilant et tragique.

JK Rowling n’a pas son pareil pour décortiquer la psychologie des personnages, leurs petits travers les plus tordus, leurs pensées les plus insidieuses, leurs désirs les plus honteux. Elle n’a pas peur de les malmener, de les pousser dans leurs retranchements, jusqu’à l’exagération, voire la caricature.

Ni chef d’oeuvre, ni révélation, ni grand roman, cette Place à prendre tient cependant ses promesses, puisque JK Rowling a su se réinventer sans perdre ce qui faisait son originalité.

Fiche technique

Format : broché
Pages : 682
Editeur : Grasset
Sortie : 28 septembre 2012
Prix : 24 €