The Misfits, Chronique d’un tournage par les photographes de Magnum – Avis +

Présentation officielle

Magnum Photos avait obtenu l’exclusivité du tournage du film de John Huston, The Misfits, avec Marilyn Monroe, Clark Gable et Montgomery Clift, d’après un scénario d’Arthur Miller. Le film se tournait à Reno et dans le désert du Nevada, durant l’été 1960.

Neuf grands photographes – Eve Arnold, Cornell Capa, Henri Cartier-Bresson, Bruce Davidson, Elliott Erwitt, Erich Hartmann, Ernst Haas, Inge Morath et Denis Stock – furent ainsi les témoins privilégiés d’un film en train de se faire, ponctué de nombreuses péripéties.

The Misfits fut la dernière apparition à l’écran de Marilyn avant sa mort en 1962. « J’avais écrit ce film pour que Marilyn se sente bien. Et finalement, il l’a anéantie. Mais en même temps, je suis content qu’il ait été fait, parce qu’elle rêvait d’être prise au sérieux en tant qu’actrice », raconte Arthur Miller dans un entretien avec Serge Toubiana.

En dépit des ruptures et des drames (la mort de Clark Gable survenue quinze jours après la fin du tournage), The Misfits est devenu un film mythique, dont il est possible de retracer l’aventure grâce aux photographies de Magnum.

L’avis d’Artemis

Tout d’abord, il faut commencer par feuilleter le livre, pour découvrir les magnifiques photographies du tournage et s’imprégner de l’ambiance. Les clichés sont à la fois pris pendant les prises, mais aussi hors plateau. On y voit les acteurs, mais aussi le réalisateur, le scénariste, la coach de Marilyn, et même parfois les photographes eux-mêmes.

Puis l’on reprend l’ouvrage et on se met à le parcourir plus attentivement… Celui-ci commence par un entretien avec Arthur Miller intitulé « Comme une brûlure ». Il évoque le choix de John Huston comme réalisateur, sa manière de filmer avec l’importance du plan-séquence, l’impossibilité de s’adresser directement à Marilyn sans passer par son coach, Paula Strasberg, qu’il considère comme un gourou, la tendance de John Huston a passer des nuits à jouer au casino… Et bien sûr Marilyn, sa place dans la genèse du film, son hésitation à accepter ce rôle, son état de fatigue pendant le tournage.

L’interview revient aussi sur la spécificité du film : tourné en noir et blanc alors que la couleur se généralisait, le fait que ce soit un scénariste qui soit à l’origine du film (et non pas des studios ou un producteur), le fait que le producteur lui-même soit indépendant.

Puis la deuxième partie du livre est un essai de Serge Toubiana « Désert noir, Désert blanc ». Il retrace toute l’histoire du film, de la genèse de la nouvelle d’Arthur Miller à la fin du tournage. Le contrat d’exclusivité avec l’agence Magnum est une autre spécificité du film, et c’est grâce à celui-ci que nous avons aujourd’hui tant d’images du tournage, et de points de vue différents. Et de grands photographes de l’époque ont participé au projet ce qui nous offre de magnifiques clichés, si expressifs.

On y apprend également que ce n’est pas Marilyn mais Montgomery Clift qui a été le plus difficile à intégrer au projet, non pas par un manque de motivation de sa part (il est d’ailleurs incroyable de justesse et de finesse dans son rôle) mais car les producteurs hésitaient à l’assurer après le terrible accident qui l’avait défiguré et qui avait renforcé une tendance à la boisson.

La troisième et dernière partie est la « Chronique d’un tournage », par Célia Cohen se concentre sur les clichés des scènes du film.

Voilà un ouvrage réussi qui devrait plaire autant aux cinéphiles qu’aux amoureux de la photographie et aux admirateurs de Marilyn Monroe !

Fiche technique

Format : album
Pages : 189
Editeur : Cahiers du Cinéma
Sortie : 20 novembre 1999
Prix : 37 €