Les Rois de l’horizon – Avis +/-

Je savais maintenant que les Français ne s’asseyaient jamais par terre, qu’ils se mouchaient dans de dégoutants petits morceaux de tissu et qu’ils pouvaient poser leurs lèvres sur la main d’une dame qu’ils ne connaissaient pas dix minutes avant.

Célébrant la civilisation et le passage d’un siècle à l’autre, l’exposition universelle de 1900 accueille de nombreux visiteurs. Une visite au pavillon des colonies françaises donne l’occasion à une vieille dame de plonger dans son passé.

Elle évoque alors à son petit-fils une époque lointaine où elle ne s’appelait pas encore Myriam, mais Meriem. C’était l’époque de la conquête de l’Algérie où l’impitoyable général Bugeaud traquait l’émir Abd el-Kader.

Seule survivante d’un massacre commis par l’armée française, Meriem est recueillie par Slimane le poète et guérisseur de chevaux. Avec son père adoptif, elle rejoint les forces en rébellion contre l’Armée coloniale.

La politique de destruction organisée par Bugeaud contraint l’émir à une constante mobilité avec sa smala. Subissant la chaleur du désert ou le froid des montagnes de l’Atlas, Meriem partage la vie des rebelles jusqu’à la prise de la smala d’Abd-el-Kader.

Cet épisode lui donne l’occasion de croiser la route d’un peintre aux armées (non, il ne s’agit pas d’Horace Vernet dont la fresque immortalisera la victoire du duc d’Aumale). Ce sera pour la jeune fille l’occasion de découvrir un univers étrange : celui des Français.

Cet ouvrage[[Prix jeunesse France télévision 2002 & Prix Sésame 2003 de Saint-Paul-Trois-Châteaux]] présente l’inconvénient de montrer un point de vue unique sur des évènements historiques. Or la réalité n’était pas si manichéenne. Outre les Français, Abd-el-Kader a également combattu des coreligionnaires qui refusaient son autorité. Ainsi n’est pas mentionné le massacre de la tribu des Ben Zetoun. On pourrait objecter que Meriem n’est peut-être pas au courant.

Il est possible que l’auteur nous fournisse un témoignage brut et donc partial des évènements de l’époque. Ainsi Slimane affirme avoir le pouvoir de détecter un serpent. Il se précipite et le découvre dans le lit d’un bébé qui se trouve être le fils d’Abd-el-Kader. Le sauvetage lui assure la reconnaissance de l’émir.

Ce dernier, pas plus que Meriem, n’a aucune raison de contester la version de Slimane. Seulement une personne plus cartésienne pourrait envisager une autre hypothèse… Imaginons qu’un serpent capturé ait eu ses glandes à venin vidées. Relâché à proximité de la tente de l’émir, il devrait se diriger vers la source de lait maternel la plus proche et permettre ainsi à Slimane de jouer les sauveurs. Bien entendu les pouvoirs de Slimane peuvent très bien être dus à la générosité divine…

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 106
Editeur : Syros
Collection : Tempo+
Sortie : 1 juin 2011
Prix : 5,95 €