Sérails Killers – Avis +

Quatre gros crânes rasés me foncent dessus… Si les premiers se contentent d’agiter des armes de poing, un géant enlace contre son poitrail l’une de ces mitrailleuses lourdes qui ont fait la gloire de Rambo.

Roubaix peut s’enorgueillir d’être la première ville musulmane de France métropolitaine. Ceci explique que même les pitbulls font le ramadan et que le saucisson halal congelé est utilisé comme arme de destruction massive sur le crâne des beaufs locaux (on remarquera que cela n’arrange pas le caractère ni des beaufs, ni des pitbulls).

Le taux de chômage tourne autour de 30 %, à peu près le même chiffre que le Front National aux élections (« les supporters du FN glissent leur bulletin de vote dans l’enveloppe avec la jouissance du flingueur taré qui fourre des balles dans son barillet »).

Sur le plan de l’urbanisme, on notera la politique de rénovation urbaine qui consiste à transformer les immeubles insalubres en espace vert. Or cette politique écologique risque fort de transformer l’ancienne ville industrielle textile en gigantesque pelouse.

D’autant que la ville de Roubaix bénéficie depuis le XIXe siècle d’un vaste parc de 34 hectares. Ce paysage bucolique permet les sorties familiales en journée. Cependant la nuit tombée le Parc Barbieux devient le lieu de rencontres nocturnes parfois tarifées et hautement immorales. Or dernièrement c’est dans ce lieu de détente que viennent de retentir des rafales de mitrailleuses.

Que se passe-t-il ? Et pourquoi des cadavres sont-ils extraits du canal de Roubaix ? La ville de Roubaix vient-elle de renouer avec son passé sanglant datant de la guerre d’Algérie, lieu d’affrontement entre le FNL et le Mouvement nationaliste algérien, sans oublier les harkis et quelques barbouzes ?[[cf. Mon père ce terroriste , de Lakhdar Belaid édition du Seuil]]

Alors que la violence se développe, il serait temps aux héros de se manifester. Voici tout d’abord Karim Khodja. Ce fils d’un militant nationaliste trahi par le FLN est devenu journaliste à Nord-Info[[toute ressemblance avec Lakhdar Belaid journaliste à La Voix du Nord est purement fortuite]]. Il a le choix entre enquêter en s’efforçant de passer entre les rafales de balles ou bien rester tranquillement chez lui en encaissant les baffes de son épouse cyclotomique.

Pour la puissance de feu, voici le lieutenant Bensaleem (baptisé Reubeucop par la pègre et ses collègues policiers) dont le père harki a participé au putsch des généraux à Alger en 1961. Il pourrait rester au commissariat de Roubaix à écouter les reproches de son commissaire qui tient absolument à lui faire un long discours sur la déontologie, le respect de l’individu et le noble combat contre la brutalité policière.

M’ouais… bref les deux amis d’enfance décident chacun d’affronter un adversaire moins dangereux et ceci dans une parfaite démonstration de l’union sacrée de la presse et de la « h’noucha nationale » (police nationale).

Percutant, ce polar ch’ti se double d’un analyse sociale et politique haute en couleur, élément surprenant de l’intrigue.

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 272
Editeur : Folio
Collection : Folio policier
Sortie : janvier 2003
Prix : 5,10 €