Né quelque part – Avis +

Présentation de l’éditeur

Dans un ouvrage écrit à la première personne, Maxime Le Forestier dessine son portrait avec la rigueur, l’honnêteté et la sensibilité qu’on lui connaît. L’enfant, élevé dans une famille musicienne et dont le père disparut pendant quinze ans, fit ses débuts dans l’ombre des deux Georges (Moustaki et Brassens) et connut le triomphe d un premier album empli de tubes. Après les glorieuses années soixante-dix du succès populaire et de la vague hippie, ce chanteur-guitariste subit le désamour du public et une longue traversée du désert, qui prit fin le jour où il créa Né quelque part, chanson incontournable devenue un hymne antiraciste.

Si ce livre est le fruit d’un premier travail entrepris par Maxime Le Forestier avec Sophie Delassein (et paru en 2005 sous forme d’entretiens), il en est surtout une version remaniée et considérablement augmentée. En six ans, les échanges du chanteur et de la journaliste se sont enrichis (une tournée a eu lieu, de nouvelles chansons ont vu le jour, la célébrité de l artiste n a cessé de grandir et de s’affirmer…) et Maxime Le Forestier a souhaité se livrer cette fois à un véritable récit, intime et poignant, de sa vie et de son parcours. Né quelque part, un ouvrage en partie inédit, permet au lecteur d entendre la voix de ce personnage discret, qui brille par sa variété et sa longévité musicale et suscite depuis toujours la curiosité, tant on en sait peu sur sa vie et ses opinions profondes.

L’année 2011 est d’ailleurs importante pour Maxime Le Forestier : au mois de juin, il célébrera les quarante ans de son voyage jusqu à San Francisco et de son séjour dans la mythique « maison bleue ». À l’occasion de cet anniversaire, un événement colossal est organisé. Il s’agira de repeindre la maison en bleu, d’y apposer une plaque commémorative, et de reprendre, avec de nombreux artistes, l’intégralité du premier album éponyme.

Avis de Marnie

Tout est pratiquement dit dans le résumé… En fait, si vous êtes fan de Maxime Le Forestier, vous refermerez la dernière page, ravi mais aussi frustré d’en savoir si peu sur son intimité (ce qui est tout de même gênant lorsque l’on écrit son autobiographie), et quand j’écris si peu, c’est un euphémisme !

Par contre, son enfance, ses relations avec ses soeurs, ou même avec un de ses deux fils nous est livrées pour mieux expliquer ses chansons, sa traversée du désert. Seulement, jamais vous ne trouverez l’ombre d’une émotion intime. A la fin de ce livre, quelques entretiens avec ses proches nous offrent quelques clés et éclairent même certains propos, en contredisent d’autres ! Maxime Le Forestier veut rester secret, c’est un choix !

Heureusement, son récit est suffisamment attrayant pour retenir notre attention. Tiré d’entretiens, l’auteur semble totalement abandonner la chronologie, partir dans d’étonnantes digressions, revenir, repartir, de rencontres qui nous amènent des réflexions en anecdotes qui relancent les sujets. Cela donne un ensemble anarchique, déconcertant, qui pourrait agacer car franchement quelques fois, nous perdons le fil…

Mais par contre, le côté spontané et très vivant constituent une des conséquences les plus plaisantes. Se distinguent plusieurs anecdotes sympathiques et émouvantes autour de Georges Brassens[[son mentor, dont il a enregistré « toutes » les chansons »]], Georges Moustaki [[qui a notamment eu une liaison avec Catherine, sa soeur]], Diane Dufresne, la seule liaison sentimentale qu’il évoquera dans cette autobiographie.

Tout tourne autour des chansons, des tournées, de l’euphorie et des débordements qui se sont enchaînés suite au succès immédiat du premier disque de Maxime Le Forestier. Il se remet en cause avec honnêteté, et insiste sur la contradiction entre le symbole qu’il représente, l’image qu’il montre de lui, et son éducation et son mode de vie, ses goûts à la « bourgeoise ».

Nous comprenons enfin la raison pour laquelle il semble tellement agacé lorsque les gens se mettent à lui fredonner Education sentimentale, ou San Francisco. Par contre, nous découvrons avec bonheur l’univers de La petite fugue et de Parachutiste, même si tout cela semble en fait très loin de sa personnalité actuelle. Le soixante-huitard barbu est à jamais disparu.

Il parle volontiers des personnes qu’il apprécie dans le métier (Zazie, Souchon…) que de ceux qu’ils n’aiment pas. Toutefois, son intérêt artistique prédomine dans cette oeuvre, la musique, le phrasé, la tonalité, le vocabulaire, les instruments, la production.

Si vous appréciez d’entendre parler « métier », vous vous passionnerez pour ces réflexions sur l’évolution et la recherche, les influences, l’inspiration…

Intéressant !

Fiche Technique

Format : broché
Pages : 348
Editeur : Don Quichotte
Sortie : 19 mai 2011
Prix : 19,90 €