Potens – Avis +/-

Présentation de l’éditeur

Trop d’intelligence rendrait-il inhumain ? Potens fait couler beaucoup d’encre. Beaucoup de sang aussi.

A la suite du meurtre barbare de Charlotte, une de ses membres les plus dépravées, Potens se retrouve dans la ligne de mire de la psycho-criminologue, Garance Hermosa. Club pour ses surdoués, Potens est souvent décrit comme un repaire de génies asociaux et névrosés, parfois décrié et accusé de véhiculer des idéaux eugénistes.

Infiltrée dans le club, la jeune femme défie un assassin aussi habile que manipulateur. Exercice d’autant plus périlleux qu’un évènement tragique la renvoie à un passé qu’elle aurait préféré oublier… Potens : l’intelligence, c’est d’en sortir. Vivant.

Avis de Marnie

L’introduction est littéralement formidable… une mise en abyme d’une tension et d’une violence extrême, analysée avec une délectation jubilatoire ! Le problème principal, c’est que le reste du roman n’atteindra jamais la puissance et la force de ce chapitre. C’est même évident, lorsque Ingrid Desjours se focalise sur nos deux héros, Charlotte, la criminologue profileuse, submergée par ses traumatismes et sa culpabilité, et Patrick, le policier, attiré par cette jeune femme, mais aussi par la normalité d’une liaison sans histoire… c’est parfait ! Mais, lorsqu’elle s’attarde sur l’intrigue, le récit devient superficiel, incohérent et peu intéressant.

La complexité de Garance Hermosa pourrait constituer un roman à elle toute seule. Un pas en avant, deux pas en arrière… Cette psychologue fait preuve d’une brillante aptitude d’analyse, froide et cynique mais son passé surgit et emporte toute sa raison au passage. Patrick tente de comprendre ses volte-faces comme le mystère qui l’entoure. Ce couple assez improbable fonctionne superbement bien, dans cette recherche de l’un et de l’autre, complexe, amoureuse, approfondie.

Seulement, il y a Potens… Et là, rien ne va plus ! Pour des brillants cerveaux capables de gouverner le monde, nous les observons à quelques soirées faire des parties de jeux de société façon Trivial pursuit, se laisser gouverner par leurs pulsions sexuelles, avec fraudes fiscales en prime. Ingrid Desjours évoque une sorte d’élite parmi l’élite qui ferait partie d’un club mystérieux occulte aux lourdes influences, mais la piste se laisse oublier par manque d’intérêt, que ce soit de l’écrivain ou du lecteur.

Viennent les personnages, aussi peu sympathiques les uns que les autres et manquant singulièrement de nuances et même d’intelligence, de l’autiste surdoué, au chef pédant, en passant par divers participants mesquins, jaloux les uns des autres. Ce défilé de possibles meurtriers frustrés de reconnaissance, ressemble plus à une brochette de vendeurs de voitures qui tenteraient de se piquer une commission, qu’à des hommes au QI d’exception. Ainsi, ils racontent tout à la jeune femme sans se poser des questions sur sa présence impromptue.

Qui mène l’enquête ? Garance… seule, sans même le moindre contact avec les autorités, sans enregistrement, ou partage de taches. De temps en temps, elle laisse un message sur un téléphone pour dire… qu’elle avance ! Patrick fait de la figuration. Les jours passent et l’enquête basique n’est jamais menée, juste deux interrogatoires pour passer le temps. De qui se moque-t-on ? Quant au coup de théâtre final, personne ne semble y prêter attention… Un roman policier doit tout de même avoir un fond d’authenticité pour nous permettre d’y croire un minimum.

Quel dommage que ce ratage lorsque l’on lit cette prose… le vocabulaire, le style d’Ingrid Desjours, est bourré de talent. Il serait temps qu’elle se mette à écrire un scénario digne de ce nom !

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 372
Editeur : Pocket
Collection : Thriller
Sortie : 9 juin 2011
Prix : 7 €