Présentation de l’éditeur
Avis de Callixta
Jennifer Armintrout revient à la romance paranormal après une incursion dans la fantasy. Les Français l’avait découverte il y a quelques années alors que la vague surnaturelle n’avait pas encore pris toute son ampleur. Publiée chez Harlequin, sa série avait beaucoup plu mais n’a jamais été à son terme pour des raisons mystérieuses. Peut-être que Harlequin se penchera sur ce nouveau roman de l’auteur qui séduit beaucoup par son extrême originalité et par sa noirceur.
Le début du roman est excellent et va en quelques lignes harponner le lecteur. Graf MacDonald est un vampire heureux de l’être. Transformée par Sophia, une vampire très ancienne, il goûte avec bonheur son statut de mort vivant. Il est justement invité à une fête organisée par sa créatrice mais s’égare dans la campagne profonde américaine. Pire, il réalise soudain qu’il est comme retenu captif dans un étrange petit bourg où son premier contact avec l’habitant va être des plus étranges : une sorte de monstre poursuit une jeune femme qu’il secoure au dernier moment. Ce n’est que le début du cauchemar pour notre héros.
Jennifer Armintrout a un style bien à elle, une mythologie toute personnelle et va mélanger dans son roman des éléments qui cohabitent rarement. Certes, Graf est un vampire mais c’est presque accessoire. L’auteur va jouer bien plus sur l’étrangeté de la situation qui reste largement incomprise par tous.
Personne, ou presque n’est parvenu à quitter la petite ville depuis cinq ans et un monstre écume la campagne obligeant les habitants à se terrer chez eux. Jennifer Armintrout fait ainsi naître une ambiance angoissante, claustrophobique, liée au sentiment d’impuissance de la population, à l’impression qu’ils ne sortiront jamais plus des limites de leur village.
Elle y ajoute des éléments glauques, ceux qui sont nés autour de ces gens qui survivent, ont dû se débrouiller depuis de longs mois sans savon, ni essence, ni signes de vie de l’ « extérieur ». Les mesquineries, les trahisons se sont imposées peu à peu. Dans cette atmosphère lourde, pesante, puante parfois, vit Jessa, la jeune femme que Graf va sauver.
Elle est au coeur de la communauté et joue un rôle important dans tout ce qui arrive sans le savoir. Elle-même en est consciente, elle s’est laissée envahir par cette atmosphère. C’est sans aucun doute la grande trouvaille de ce livre. L’intérêt provient autant de cette ambiance à couper au couteau que de savoir ce qui se passe vraiment.
Les deux personnages sont tout aussi intéressants par leur originalité. Graf et Jessa apparaissent bien peu sympathique au départ. Le vampire ne voit en la jeune femme que son futur diner ou sa prochaine conquête. Il semble léger, inconsistant, peu fiable. Quant à Jessa, elle est aigrie par les malheurs qui se sont accumulés autour d’elle et semble froide et méfiante. Tout le roman va montrer comment ils vont évoluer et découvrir des aspects d’eux-mêmes qu’ils ignoraient. L’épilogue, rapide, montre deux héros très différents de ce qu’ils étaient.
Le livre est très intrigant et ne se rattache pas à grand chose déjà écrit. Si il s’agit d’une romance, à n’en pas douter, Jennifer Armintrout joue avec les habituelles limites du genre, elle ne cherche aucunement à jouer sur les qualités traditionnelles des vampires. Bien au contraire, elle montre la laideur de certains comportements, les mauvais choix que l’on peut faire et trousse un conte inquiétant et sombre. Mais il est bien difficile de lui résister, pourtant !
Le style est nerveux, accrocheur et les idées foisonnantes. La révélation de ce qui se passe au cœur de cette petite ville perdue est très bien trouvée par exemple. Voilà donc une romance paranormale différente, décalée, ce qui en soi est déjà un exploit tellement les séries sont nombreuses actuellement. Jennifer Armintrout conserve un ton tout à fait personnel, qui ne plait certainement pas à tout le monde mais est indispensable.
Fiche Technique
Format : poche
Pages : 336
Editeur : Mira Books
Langue : anglais
Sortie : 15 avril 2011
Prix : 7,91 €