Collection Audace : février 2011

Une troublante surprise de Isabel Sharpe

Présentation de l’éditeur

Mélanie est sûre de ne pas se tromper : si le frère de son ami Edgar lui a répété avec tant d’insistance qu’il ne fermerait pas la porte de son appartement ce soir, c’est bien parce qu’il espère qu’elle le rejoindra dans la nuit. Certes, il n’a pas très bonne réputation, mais puisqu’elle en a très envie elle aussi, pourquoi s’en priverait-elle ? D’autant que son ami Edgar, absent pour le week-end, n’en saura jamais rien.

Sur la pointe des pieds, elle pénètre donc dans la chambre plongée dans l’obscurité, se glisse entre les draps et se love contre le corps chaud et souple de l’homme qui s’y trouve endormi. Et là, passé le mouvement de surprise qu’il a en se réveillant et en la découvrant dans son lit, il se révèle un amant encore plus extraordinaire qu’elle ne l’avait imaginé, et, surtout, particulièrement attentif à ses désirs et à son plaisir. Car ses mains expertes courant sur sa peau brûlante et ses baisers d’une intensité à couper le souffle sont ceux d’un homme qui semble déjà tout savoir d’elle…

Avis de Marnie : avis +

Rarement un titre n’a été aussi bien adapté… Pourtant, cette quatrième de couverture ferait lever les yeux au ciel à n’importe quel lecteur de romances érotiques « soft ». Qui n’a pas lu ce thème de l’erreur de lit mille fois raconté, au point que nous avons envie de lancer à l’héroïne qu’elle ferait mieux d’allumer la lumière !

Mais voilà, cela fait bien la deuxième fois qu’Isabel Sharpe joue avec son lectorat, en utilisant un cliché de base pour totalement le retourner. Astucieusement, elle commence son histoire comme une bonne comédie en jouant sur un quelconque malentendu, et dès le troisième chapitre, le contexte se révèle nettement plus approfondi et plus dramatique que nous aurions pu le penser.

Melanie est une sorte de feu-follet, qui passe ses journées à travailler sans grande conviction et les nuits à sortir, boire et faire la fête en se jetant à la tête de bad boys séduisants qui l’emmènent immédiatement au lit et qui la traitent plus bas que terre, dès qu’ils ont obtenu ce qu’ils souhaitent. Ses liaisons n’excèdent jamais huit jours.

Elle pleure un bon coup et repart de plus belle à la recherche d’un autre homme avec qui passer la nuit, aussi superficielle qu’enjouée et totalement satisfaite de son existence. Ni mariage, ni enfant, ni même penser à un quelconque futur pour cette libertine qui s’assume parfaitement ! Seul, son collègue et meilleur ami, Edgar parvient depuis deux ans à égratigner avec prudence cette jolie carapace, qui bien évidemment dissimule un passé difficile non surmonté.

Le talent évident d’Isabel Sharpe, c’est d’une part, réussir à rendre attachante cette jeune femme qui par certains côtés se révèle antipathique. Ainsi, le déni de la réalité ou même ses jugements à l’emporte pièce pourraient exaspérer, mais sa fragilité et son manque de confiance en elle font de ce personnage un être profondément humain.

D’autre part, l’auteur parvient, et là, c’est une prouesse, à créer un héros digne de nom, alors qu’Edgar représente l’archétype du futur mari terne et fade que l’héroïne laisse d’habitude tomber pour courir entre les bras du dangereux mauvais garçon. Isabel Sharpe utilise plusieurs détails qui tuent, comme les vêtements négligés d’Edgar qui s’habille comme un clown et ses cheveux trop longs et gras…

Or, elle parvient en un paragraphe à arranger ou relativiser les défauts du jeune homme pour mettre en relief ses qualités qui le font peu à peu se transformer en prince charmant, alors que le bad boy, que l’on pourrait penser égoïste, va lui aussi montrer une profondeur insoupçonnée, apportant des nuances intéressantes et enrichissantes au récit.

Le meilleur moment du roman, c’est le long passage entre le moment d’introspection de Melanie qui découvre les qualités du très discret Edgar. Une jolie histoire pleine de peps, d’érotisme tendre et de douceur !


Ces instants de plaisir de Leslie Kelly

Présentation de l’éditeur

Avec Reese Campbell, Amanda est sûre d’une chose : cet homme est non seulement beau comme un dieu, mais il est le meilleur amant qu’elle ait jamais rencontré, et la relation qu’ils ont instaurée, faite de rendez-vous coquins aux quatre coins du pays, lui convient parfaitement. Retrouver un homme sexy quand elle en a envie, et jouer avec lui à des jeux toujours plus audacieux correspond tout à fait à la vie qu’elle désire : libre et excitante. Alors, pas question de tout gâcher en laissant les sentiments s’immiscer entre eux…

Avis de Marnie : avis +/-

Depuis une douzaine d’années, Leslie Kelly écrit des romances très gentiment érotiques, dans la collection Blaze spécifiquement, soit l’équivalent de notre collection Audace. Pour ce numéro 200, les éditions Harlequin ont choisi de la mettre à l’honneur. Quelque part, c’est une bonne idée. En effet, cet auteur est représentatif de l’échantillonnage courant qui nous est proposé, soit des romans style romanesque mais plus épicés avec de longues séquences de préliminaires érotiques, tout en restant dans une très sage description qui ne choquera personne.

Le sujet comme la construction sont très classiques : une très gentille bonne fée, la grand-tante de notre héros en l’occurrence, met en relation ce jeune patron d’entreprise devenu soutien de famille bien avant l’âge, croulant sous les responsabilités aussi bien professionnelles que familiales, et une jeune femme un peu fofolle, électron libre, comme elle se définit elle-même en totale opposition dans sa façon de vivre avec ses parents qui l’ont rejetée. Incapable de s’engager, par manque de temps pour Reese, et par peur des conséquences de l’attachement sentimental en ce qui concerne Amanda, les deux jeunes gens se donnent rendez-vous ainsi sur une année dans tous les coins des Etats-Unis lorsque qu’une fête soutenue par deux jours de congés, se profile à l’horizon.

Au fur et à mesure de ces rencontres « sexuelles », nos deux héros vont bien évidemment tomber amoureux l’un de l’autre, et nous les suivons dans leurs jeux de rôles, auxquels se trouvent mêlées des péripéties plus ou moins comiques, une mini intrigue policière, et les réaction familiales de Reese. C’est gentiment fait, c’est gentiment émouvant, c’est gentiment audacieux… Vous le devinez, tout est un peu trop gentil, un peu trop léger, nettement trop superficiel.

Nous sommes loin de certains romans de cette collection qui osent intensifier et approfondir les relations jusqu’à rendre les scènes sexuelles explosives et indispensables, comme une Sarah Mayberry, pour la nommer !

Pas de déception pourtant, le résultat est chaleureux, sympathique, mais sent terriblement le déjà vu et l’anodin !


Fiche Technique

Format : poche
Pages : 214
Editeur : Harlequin

Collection : Audace
Sortie : 1 février 2010
Prix : 5,10 €