Libertine’s kiss – Avis +

Présentation de l’éditeur

Abandoned by his cavalier father at a young age, William de Veres grew up knowing precious little happiness. But William has put the past firmly behind him and as a military hero and noted rake, he rises fast in the ranks of the hedonistic Restoration court. Though not before he is forced to seek shelter from a charming young Puritan woman…

The civil wars have cost the once-high-spirited Elizabeth Walters her best friend and her father, leaving her unprotected and alone. She flees an unwanted marriage, seeking safe haven, but what she finds is something she never expected. When her kindness and her beauty bring her to the attention of William, and then the king, she will have a choice to make. After all, can a notorious libertine really be capable of love ?

Avis de Callixta

Il y a des livres qui ouvrent de nouveaux pans dans un genre que nous croyions pourtant totalement sans surprises. Le roman de Judith James est de ceux-là. Il réussit l’exploit de renouveler la romance historique de façon magistrale et subtile, sans chercher des effets extraordinaires mais en soignant tout simplement l’écriture, le romantisme et le contexte.

Commençons justement par ce contexte inhabituel et particulièrement bien exploité. Il est rare aujourd’hui de parler du dix-septième britannique et notamment de la période de la révolution anglaise, de la République d’Oliver Cromwell suivie d’une période de Restauration assez confuse.

Les lecteurs connaissent mal cette époque, violente et difficile, les auteurs sans doute poussés par les éditeurs l’évitent en général. Mais Judith James s’est lancée dans ce défi et produit un roman particulièrement éloquent sur cette période.

Rappelons brièvement que dans les années 1640, le parlement britannique s’est opposé au roi, Charles Ier. Cela s’est terminé par la décapitation du souverain et une république sanglante sous la férule d’Oliver Cromwell. Après sa mort, c’est le fils de Charles Ier qui régnera sous le nom de Charles II (à partir de 1660) et c’est ce personnage que nous croiserons plusieurs fois dans le roman.

Nos deux héros sont pris dans la tourmente de cette époque et sont théoriquement dans des camps opposés. William de Veres est un Cavalier c’est-à-dire un fervent supporter de la monarchie et un ami personnel de Charles II. Elizabeth Walters a un père puritain, soutien du Parlement. Mais les affaires politiques ont peu d’importance aux yeux de la petite fille éblouie qui va rencontrer William, un été. A peu près âgé d’une dizaine d’années, les deux enfants vont unir leur solitude. Elizabeth est orpheline de mère et délaissée par son père, William a été confié à un tuteur particulièrement répugnant. Nous allons suivre ensuite les différentes rencontres des deux jeunes gens au cours des différentes années ; William a embrassé la cause du roi et prend des risques. Elizabeth subit le sort des femmes de son époque, mariage et vie tranquille à la campagne.

Le livre est d’une richesse incroyable illuminée par l’histoire d’amour qui unit les deux jeunes gens par delà le temps et leurs différences ainsi que leurs fêlures personnelles. Les deux héros sont superbement définis et leur personnalité est riche, déclinée avec précision et sensibilité.

William est l’un de ses héros follement attachants, pleins de défauts et de failles internes, séduisants, fragiles, forts et assez irrésistibles. C’est un libertin, poète insolent du roi, qui boit, couche avec toutes les femmes qui se jettent dans ses bras (et elles sont nombreuses) mais il n’a jamais oublié son amour d’enfance, sans pour autant se l’avouer ni vraiment le comprendre.

C’est extraordinairement romantique et poignant. Face à lui, Elizabeth est une héroïne d’une force équivalente. Élevée dans le puritanisme, la jeune femme n’a jamais adhéré à ces critères et a un esprit très indépendant. Elle a résisté à beaucoup d’épreuves et la principale qu’elle va rencontrer ici est d’essayer de retrouver ses biens confisqués pendant cette période troublée. Cela la conduit à la cour, un monde loin du sien, celui de William, par contre, mais est-il vraiment fait pour cela ?

Autour d’eux tournent quelques personnages peu nombreux mais parfaitement définis comme le roi Charles II, subtilement présenté et personnage important du roman ; notons aussi le rôle notable des domestiques, surtout Tom, le valet de William qui forme un couple sympathique avec son maître, qui n’est pas sans évoquer ce que nous pouvons croiser dans la littérature du dix-huitième siècle.

Vous ne retrouverez que bien peu de clichés dans ce livre. Les dialogues sont fins, intelligents, poussent nos héros à la réflexion mais le lecteur aussi.

Judith James a un vrai style, écrit remarquablement bien, construit également magnifiquement son intrigue. Le livre se dévore et montre qu’il est vraiment possible de raconter une histoire d’amour romantique (un amour qui traverse le temps et les épreuves est la quintessence du romantisme !), mais sans aucune niaiserie, avec un vrai contexte historique fouillé et non conventionnel.

Bravo !

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 384
Editeur : Harlequin Books
Sortie : août 2010
Langue : anglais
Prix : 5,76 €