Alchimie – Avis + et +/-

Présentation de l’éditeur

Depuis l’entrée de Tristan Hyde dans le même collège que Jill Jekel en Pennsylvanie, leurs noms de famille font l’objet de toutes les plaisanteries. En effet, ils rappellent vaguement quelqu’un… Et nous deux ont de bonnes raisons de ne pas rire de ces moqueries.

Le père de Jill a toujours cru que sa famille était liée au Dr Henry Jekyll, ce scientifique qui a créé son alter ego maléfique. D’ailleurs, il affirme que la boîte fermée à double tour dans son bureau contient le détail de cette expérience diabolique. Quant à Tristan, ses liens avec l’histoire de Mr. Hyde sont encore plus proches, et plus dévastateurs.

Jill sait qu’elle ne doit pas ouvrir cette boîte. Mais quand son père est assassiné, et qu’elle découvre que le compte en banque qui devait payer ses études a été vidé, elle n’hésite plus. Si elle parvient à recréer l’élixir du Dr Jekyll, elle obtiendra sans doute la bourse qui lui permettra d’entrer dans un des meilleurs programmes de chimie des États-Unis.

Tristan accepte de l’aider, espérant sauver sa raison et peut-être même sa vie. Si l’on en croit la légende familiale, il est le descendant direct du monstre, ce qui le condamne à perpétrer la violence et le chaos autour de lui.

Pourront-ils échapper à leur destin et éviter que l’amour qui les étreint peu à peu ne conduise à leur propre destruction ?

Avis d’Elaura

Après Comment se débarrasser d’un vampire amoureux, Beth Fantaskey revient avec un roman totalement différent, mais tout aussi bon ! Ici, point de vampires ou de loup-garous et ça fait un bien fou. La trame de l’histoire, très originale, tourne autour du mythe du Dr Jekyll and Mister Hyde, livre de Robert Louis Stevenson qui relate des exploits scientifiques et la descente aux enfers du Dr Jekyll et de son double démoniaque.

S’inspirant directement de l’œuvre, Beth Fantaskey crée un univers fascinant et pourtant très normalisé. Jill Jekel est une jeune fille sage et douée pour la chimie. Fille d’un chimiste assassiné et accusé de vol, elle s’occupe de sa mère en dépression depuis le décès de celui-ci.

Fascinée par le très séduisant Tristan Hyde, elle finit par se rendre compte que les diverses moqueries dont ils font l’objet à cause de leur patronymes ne sont pas aussi innocentes et que leurs destins sont mêlés irrémédiablement. La bête cachée dans les tréfonds de l’âme de Tristan leur prouvera que les mythes prennent souvent place dans la réalité et que la traque ne fait que commencer…

Nous sommes habitués à lire des romans jeunesses de qualités dans l’excellente collection MsK des éditions du Masque, et celui-ci ne fait pas exception. Dans un style très accessible à jeune public (à partir de 13 ans tout de même), l’auteur nous narre une histoire fascinante, nimbée de fantastique, où le suspense se mêle au questionnement adolescent avec brio.

Sans temps mort, nous rentrons très facilement dans le récit, parfaitement maîtrisé de bout en bout. Il a la particularité d’alterner des passages narratifs à la première personne consacrés à nos deux héros. Ainsi, nous passons tours à tours de Jill à Tristan nous permettant de faire connaissance beaucoup plus intimement avec eux.

Les personnages sont bien campés et nous nous attachons particulièrement à Tristan, dont l’histoire et la psychologie sont beaucoup plus profondes. Sombre, à la recherche de sa propre vérité, il est un jeune homme énigmatique mais émouvant, dont la présence écrase les autres personnages. C’est le seul défaut que nous pourrions reprocher au roman, face à Tristan, les autres protagonistes font pâle figure.

Cependant, Jill et Tristan forment un couple véritablement passionnant dans le sens où nous voyons réellement évoluer leurs sentiments. Il n’y a pas de coups de foudre, l’auteur laisse les deux héros se connaître doucement, s’apprivoiser, se découvrir pour au final ne faire plus qu’un devant l’adversité. Ce qui fait la force de cet auteur, c’est sa capacité à mettre en exergue les émotions de ses personnages qu’ils soient bons ou mauvais.

Au final, je ne peux que vous recommander cette lecture, car elle fait office d’OVNI dans le monde de la littérature jeunesse actuel et qu’il serait vraiment dommage de passer à côté !

Avis de Francesca

Deuxième roman de Beth Fantaskey après l’excellent Comment se débarrasser d’un vampire amoureux, ce livre offre une nouvelle version du mythe Dr Jekyll et Mr Hyde chez les adolescents. Si le côté romantique est assez cliché et classique, l’aspect de la double personnalité est plus intéressant à suivre même s’il n’est pas assez approfondi.

Jill Jekyll est une bonne élève que ce soit en chimie qu’en art. Timide, elle vit dans l’ombre de sa seule amie, la populaire Becca, et se laisse martyriser par sa rivale Darcy. Lorsqu’elle apprend que son père, récemment décédé, lui a volé toutes ses économies pour sa scolarité, elle s’oblige à faire équipe avec le mystérieux Tristan Hyde lors d’un concours de chimie, lui permettant de gagner une bourse d’université. Mais les motivations de Tristan sont obscures et l’expérience dangereuse pour eux deux.

Jill est l’archétype de l’héroïne assez détesté dans la littérature, le style à lui mettre des baffes pour qu’elle se prenne en main et relève la tête au lieu de se voûter et de se laisser se faire malmener. Faible, vulnérable, quelques fois stupide, elle ne suscite pas la moindre compassion, même si elle en bave depuis la mort de son père et la dépression de sa mère. Tristan n’est pas ce qu’on pourrait appeler un bad boy puisque sa violence a une excuse et qu’il est prêt à tout pour protéger Jill dont il est très attaché. Grâce aux narrations alternées entre eux, on peut voir chacun leur point de vue et découvrir que Tristan la voit pourtant comme un être fort et courageux. Ça doit être ça l’amour[[:)]] ! Leur histoire est banale et pas très excitante mais l’amour qui les lie est très fort.

Le côté plus intéressant du livre tient donc de l’histoire des Hyde refermant en eux un monstre violent et dépourvu de moralité qui donne une personnalité totalement différente et pousse à des actes horribles. La potion ingurgitée y est pour beaucoup mais cette part d’ombre de chaque personne est présente en chacun et ne demande qu’à s’étendre et asseoir son pouvoir sur la personne. Toute la question est maintenant de savoir si on accepte cet aspect maléfique et si on veut qu’elle prenne une part active dans notre comportement.

Le dénouement est précipité et ne donne pas toutes les clés pour le comprendre, mais il reste une jolie histoire d’adolescents.

Fiche technique

Format : broché
Pages : 401
Editeur : Editions du Masque
Collection : Msk
Sortie : 8 septembre 2010
Prix : 17 €