Présentation de l’éditeur
Vous voudriez que je vous donne l’autorisation de courtiser ma soeur, lord Nash ? C’est à elle qu’il faut demander la permission ! s’esclaffe le baron Rothewell. Âgée de trente ans, Xanthia Neville fréquente la haute société londonienne, le soir, et dirige une compagnie maritime, le jour. Bien sûr, une activité si peu féminine l’a influencée : elle est autoritaire et très indépendante. Des défauts que la plupart des hommes jugeraient rédhibitoires, mais lord Nash est lui-même un personnage hors du commun. Surtout, il n’a pas oublié le baiser brûlant qu’ils ont échangé. Il sait que, même si elle est une femme d’affaires avisée, Xanthia n’en est pas moins une femme pleine de sensualité et de promesses…
Avis de Marnie
Quelle bonne idée de renouveler quelque peu le principe de la trilogie ! En effet, Liz Carlyle met en scène non pas trois frères ou trois soeurs, mais les propriétaires d’une flotte maritime située à La Barbade, soudain plongés malgré eux dans la haute société londonienne en 1828.
Pour ce premier volume, qui a pour premier intérêt de planter un contexte politique original, l’auteur confronte Xanthia, une des quatre propriétaires de la Neville Shipping, à Lord Nash, un aristocrate un peu moins britannique qu’il n’y paraît au premier abord.
En voulant éviter le piège de prendre trop de temps pour nous raconter le contexte, Liz Carlyle rate quelque peu son introduction. L’indépendance de Xanthia, qui affiche tout de même une bizarre liberté d’esprit dans sa manière de conduire ses affaires personnelles et professionnelles, semble trop anachronique et nous avons du mal à croire que l’aristocratie britannique ne la rejette pas.
Les relations entre nos deux héros démarre de manière bien trop brute de décoffrage pour totalement convaincre le lecteur. Pourtant, peu à peu, l’auteur va fermement remettre son récit sur les rails en prenant le temps d’expliquer aussi bien le passé de la jeune femme que celui de Stefan, et ainsi nous plonger au coeur d’une intrigue passionnante avec espions à la clé, pour un déroulement moins basique que nous pouvions le penser.
Comme toujours avec Liz Carlyle, les scènes sensuelles sont intenses et pleines d’émotion, et s’intègrent parfaitement à ce récit où se mêle avancée industrielle et économique et soupçons d’espionnage. Il aurait juste fallu donner plus d’épaisseur au premier tiers du roman en lançant un peu moins abruptement Xanthia dans cette bataille.
Par contre, l’auteur parvient à introduire ses personnages secondaires (que nous retrouverons dans les deux autres romans) aussi enthousiasmant les uns que les autres : que ce soit Lord et Lady Sharpe, la famille de Nash, Gareth (prochain héros) ou encore Kieran (troisième et dernier héros), mais surtout la vraie note sympathique et originale de cette trilogie, le déroutant agaçant et malicieux Kemble, un amateur d’art pas comme les autres.
Un ton alerte et enlevé, une intrigue pleine de fougue, de passion… un petit suspense réussi et nous voici à attendre le second tome avec enthousiasme !
Avis d’Elaura
Premier tome d’un trilogie consacrée à la famille Neville, Le beau ténébreux est un pur roman post-Régence comme nous les aimons. Il se situe à l’aube de l’industrialisation qui va bouleverser les mœurs de cette Angleterre où les différences de classes sociales n’ont jamais été aussi marquées. La noblesse s’ennuie ferme tandis que les couches populaires commencent à comprendre l’intérêt de l’investissement industriel et se préparent, doucement mais sûrement, à faire inverser la vapeur du profit.
Dans la famille Neville, nous avons le grand frère Kieran, libertin impénitent, porté sur l’alcool et la drogue. Grand solitaire, il est toutefois très proche de sa sœur, Xianthia qui dirige la compagnie maritime familiale. Voie quelque peu atypique à cette époque où les femmes des hautes sphères de la société se doivent de rester chez elle à boire du thé, se préparer pour les bals de la saison et trouver un bon parti.
Mais Xanthia ne veut pas se marier. Consciente des droits quasi inexistants alloués aux épouses, elle ne peut se résoudre à perdre la direction de sa vie et de sa compagnie. Pourtant, lors d’un bal, elle croise tout à fait par hasard Lord Nash. Un marquis d’origine slave, joueur chanceux, ténébreux à souhait, porté sur les femmes veuves ou mariés. Leur rencontre bouleversera leur vie, leurs idéaux, au point de braver les interdits, le scandale et même l’accusation de traitre à sa patrie qui plane au dessus de Nash.
Le talent de Liz Carlyle réside dans sa capacité à faire de ses romances historiques des histoires profondes où les portraits psychologiques de ses protagonistes sont particulièrement fouillés. Derrière les histoires d’amours, de conquêtes, voir même de guerre, se dessine la finesse d’analyse d’une auteure qui sait mieux que personne mettre en mots les tourments de l’âme. Ainsi, aucun des personnages de ce livre ne laissent indifférents.
Lord Nash est un homme sombre qui a vécu de véritables drames, profondément marqué par son passé, il essaie tant bien que mal de vivre dans cette Angleterre où il ne s’est jamais senti chez lui. Conscient que son succès est principalement dû à sa fortune et à son titre, il est craint pourtant pour sa capacité à ruiner les autres et son extrême intelligence. Fascinant, nous le découvrirons peu à peu, s’ouvrant lentement face à ce petit bout de femme qui ne le laisse pas indifférent.
Xanthia est une femme hors du temps. Farouchement indépendante, elle s’est résignée à vivre seule plutôt que de dépendre d’un mari qui la gardera dans une prison dorée. Amoureuse par dessus tout de son travail, elle se laissera pourtant submerger par les sensations nouvelles qu’elle découvrira au fur et à mesure du récit, se faisant parfois libertine, dépassant ses propres limites et surtout, elle sera totalement désarmée devant ce marquis slave qui lui fait chavirer le cœur.
Quand à Kieran, son frère, il est un personnage mystérieux, inquiétant, pourvu d’une aura dévastatrice qui nous pousse à découvrir son histoire, dans le dernier volet.
Dans l’attente, c’est au tour de Gareth, l’ami de la famille, de nous narrer son histoire dans le second volet Celui qui ne voulait pas être duc .
Avis de Domino
Liz Carlyle n’avait pas été traduite en français depuis plusieurs années et les échos des plus flatteurs qui provenaient d’outre Atlantique ne faisaient qu’attiser les regrets des lectrices francophones. Finalement, avec la publication du premier tome de cette série, cette frustration va enfin disparaître.
Le cycle met en scène un frère et une sœur et leur associé. Tous trois sont arrivés peu de temps auparavant de La Barbade où s’est déroulée leur enfance. Xanthia et Gareth, l’associé, dirigent une compagnie maritime, la Neville Shipping tandis que Kieran le frère noie son mal-être dans l’alcool et autres vices. Ce premier tome est consacré à Xanthia, une jeune femme plutôt atypique car au mépris de toutes les convenances de l’époque elle exerce le jour un métier et qui plus un métier d’homme alors que la nuit elle mène la vie qu’on attend d’elle, celle d’une jeune aristocrate oisive. C’est au cours d’une soirée mondaine qu’elle est abordée par un inconnu qui la trouble profondément, lord Nash. Cette rencontre placée sous le signe de la sensualité marque le début d’une relation amoureuse des plus chaotiques surtout quand la politique vient se glisser entre eux, brouillant les cartes.
Un des aspects les plus intéressants du roman est sans aucun doute le contexte historique évoqué, celui de la guerre d’indépendance de la Grèce et la politique étrangère anglaise, des plus ambigües. Ce sont les débuts de ce que plus tard Kipling appellera le Grand Jeu[[Le Grand Jeu renvoie à la rivalité coloniale entre la Russie et la Grande-Bretagne en Asie au XIXe siècle, qui a amené entre autres à la création de l’actuel Afghanistan comme État tampon. Ce fut une caractéristique stratégique des luttes d’influence entre l’Empire russe et l’empire britannique, de 1813 à la convention anglo-russe de 1907. L’expression est d’Arthur Conolly, capitaine au 6e régiment de cavalerie indigène de l’armée britannique. Il l’utilise dans une lettre à son ami Rudyard Kipling, qui la popularise dans Kim, publié en 1901.]]. Une diplomatie officielle et officieuse dont le but est la préservation des intérêts de l’Angleterre. On soutient l’un tout en aidant en sous-main les opposants et en gardant toujours un œil sur ses alliés… qu’on n’hésitera pas à mettre en mauvaise posture si les intérêts de l’Angleterre le réclament…
Ce contexte est imbriqué étroitement avec l’intrigue amoureuse et s’en nourrit abondamment conférant ainsi une coloration particulière au roman. L’héroïne est partagée entre les sentiments profonds qu’elle ressent pour Nash, son amour de la patrie mais également les intérêts de sa compagnie maritime. Liz Carlyle ne choisit pas la facilité et semble aller à contre-courant de la romance régence actuelle qui fait la part belle à la légèreté. Son roman est d’une tonalité plutôt sombre avec des accents tragiques, reflet des tourments ressentis par les héros.
Le premier opus de ce cycle tient toutes ses promesses et projette d’emblée le lecteur dans une histoire qui le tiendra en haleine de bout en bout. Liz Carlyle ne joue pas la carte de la drôlerie et de la romance « champagne » mais opte pour le côté sombre et tourmenté du genre. Amoureux des héros torturés, n’hésitez pas à vous jeter sur ce roman, vous ne serez pas déçus ! Tous le sont, des personnages principaux aux secondaires ! On connaîtra les secrets qui hantent l’âme des héros mais il faudra attendre les romans suivants pour savoir ce qui ronge les autres.
Avis de Valérie
A la lecture de ce premier tome de la trilogie écrite par Liz Carlyle, les lectrices les plus pointilleuses pourront être surprises par la liberté prise avec les mœurs de l’époque qui permet à notre héroïne de travailler sur les docks de Londres, à la direction d’une société de transports maritimes, tout en servant de chaperon à sa nièce alors qu’elle n’est ni mariée (ou veuve), ni irréprochable selon les codes moraux puisqu’elle tente de séduire outrageusement un libertin, en risquant de se faire découvrir et ruiner la réputation de toute sa famille.
Mais le talent de l’auteur permet de passer outre nos étonnements pour nous laisser conduire au coeur d’un récit particulièrement bien construit, captivant et très touchant. Liz Carlyle étoffe son récit de scènes sensuelles particulièrement sulfureuses puisqu’elle « flirte » avec les jeux de domination, mais sans que cela devienne ni trop osé, ni dérangeant.
Les personnages principaux sont secondés par des protagonistes particulièrement passionnants. Notamment le valet de Lord Nash, Gibbons, qui est truculent à souhait et qui mériterait d’être comparé à Jeeves, même s’il est beaucoup plus râleur, indiscret ou expressif que le personnage de P.G. Wodehouse. L’énigmatique Mister Kemble, qui est à la fois retors et sympathique, nous laisse une impression durable. Tandis que Kieran, le frère de Xanthia, est un homme qui semble brisé et qui passe son temps à boire, à se droguer et à fréquenter les pires maisons closes de la capitale. Il est à deux doigt de voler la vedette à notre lord ténébreux tant, à chaque apparition, il l »éclipse presque.
Presque, car Liz Carlyle nous offre un homme unique qui, par ses origines slaves, apportent de l’exotisme dans un milieu si palôt. A cause de ses amitiés grecques et russes, il est soupçonné d’espionnage, et le ministère de l’intérieur mandate l’un des Neville (Xanthia saisira l’opportunité de se rapprocher de cet homme qui la fascine) pour le tenter en lui proposant d’utiliser leurs navires en toutes discrétions, dans le but de faire du traffic d’armement. Donc, outre une romance de qualité, nous avons une intrigue bien suffisante pour nous faire passer un excellent moment.
Vivement le second tome qui tournera autour d’un personnage que l’on trouve ici plutôt fade, Gareth Lloyd. Associé à part égal avec les Neville, il est amoureux depuis très longtemps de l’impétueuse Xanthia qui, si elle a pu éprouver pour lui de tendres sentiments lors de sa jeunesse, ne ressent plus pour lui que de l’amitié. Il va pouvoir prendre une envergure que le personnage mérite sûrement, avant de nous laisser dans les bras de Kieran, qui termine la trilogie.
Biographie de l’auteur
Passionnée par le XIXe siècle et l’Angleterre, elle est l’auteur de romances historiques et a obtenu le Rita Award en 2006 pour » L’ange nocturne « , publié aux Éditions J’ai lu. Plusieurs de ses livres sont des best-sellers. » Le beau ténébreux » est le premier tome d’une série consacrée à la famille Neville.
Fiche Technique
Format : poche
Pages : 315
Editeur : J’ai lu
Collection : Aventures & Passions
Sortie : 3 juillet 2009
Prix : 6,50 €