Le Pacte de minuit – Avis +

Présentation de l’éditeur

Le jour où Mark et Lily se rencontrent dans l’immémoriale tour du comte Stelli, l’éminent astrologue, leurs destinées semblent liées à jamais. Pourront-ils survivre aux trahisons qui se trament dans la glorieuse cité d’Agora, où tout se vend, où tout s’achète, même les émotions ?

Mark, emporté par l’ambition, et Lily, éprise de liberté, survivront-ils aux puissances invisibles ? Plongez au cœur d’Agora et suivez-les à travers les ruelles obscures, afin de percer le secret du Pacte de Minuit.

Avis de Francesca

Premier tome d’une trilogie dont le deuxième volet, The Children of the Lost, sortira en août 2010 aux Etats-Unis et en 2011 en France, Le Pacte de Minuit est un roman d’anticipation où la magie est présente mais mêlée à la réalité.

Agora est une ville où toutes les relations entre les habitants sont régies par des contrats et où donc tout se marchande, y compris les émotions. Les plus pauvres sont nommés débiteurs alors que les régulateurs sont présents pour faire respecter les contrats signés, et le Juge suprême et le Grand Chancelier sont les personnes les plus puissantes.

C’est dans ce monde où les enfants sont vendus comme serviteurs que naissent et vivent Mark et Lily, deux jeunes adolescents qui n’ont pas eu le choix de leur destinée mais qui essaient de s’en sortir par tous les moyens. Ils choisissent pourtant deux manières radicalement opposées.

Alors que Mark grimpe peu à peu les sphères du pouvoir et de la richesse, Lily décide de se mettre au service des débiteurs et de briser la logique infernale des contrats. Pourtant, une prophétie plane au-dessus d’eux et va encore une fois donner une nouvelle direction à leurs vies.

Lily est un peu plus âgée que Mark mais est beaucoup plus mûre intellectuellement. Alors que Mark reste au fond un enfant apeuré et traumatisé par son passé, Lily va de l’avant, prend son destin en main et veut faire bouger les choses, animée par sa seule volonté et les rencontres qu’elle fait. L’histoire de ces deux personnages est donc traitée de façon assez simple, à la hauteur de leur âge (entre 12 et 16 ans), ce qui est un peu dommage vu le potentiel qu’ils ont par rapport à une version plus âgée d’eux.

Néanmoins, le plus grand intérêt dans ce livre réside dans Agora elle-même et dans son fonctionnement. Au-delà de l’évolution de Mark et Lily, se dresse un constat implacable de la société de consommation où tout s’achète et se vend. La cupidité et l’ambition pourrissent la ville qui devient corrompue et incontrôlable, malgré la surveillance des régulateurs tout aussi enchaînés que les autres à ces pratiques.

Au contraire, la générosité, la solidarité et les gestes désintéressés ne sont plus que des notions abstraites, ce qui creuse une fracture sociale encore plus profonde entre les débiteurs et les plus riches qui régissent la ville. Le plus spectaculaire concerne le trafic d’émotions que l’on peut exfiltrer du corps humain et embouteiller pour ensuite les vendre. Toutes les émotions peuvent être aspirées, que ce soit la curiosité, le dégoût ou l’obsession, et elles agissent comme une drogue pour ceux qui en prennent.

Ce livre assez épais occupera de manière agréable les lecteurs avides d’évasion et de réflexion sur un monde imaginaire mais finalement pas si loin de la réalité.

Fiche technique

Format : broché
Pages : 422
Editeur : Gallimard Jeunesse
Sortie : 1er juillet 2010
Prix : 14,50 €