Voici l’exemple type du petit film noir de série B, qui se bonifie avec le temps. C’est notamment dû à la mise en scène nerveuse et surtout très efficace d’un très bon artisan du cinéma, Henry Hathaway. Il filme alors des acteurs peu connus ou débutants, tout en privilégiant le méchant, interprété par Clifton Webb, comédien mythique de l’inoubliable Laura tourné l’année précédente.
Le héros qui joue le pur et dur privé, est le beau et gentil mais assez fade Mark Stevens (dont c’est le premier rôle au cinéma), et l’héroïne, sa secrétaire, est une mignonne et piquante petite starlette rousse, chanteuse et danseuse de revue, qui tente depuis une dizaine d’années de se faire un nom à Hollywood sans grand succès.
En entrant pour la première fois aux studios RKO, la toute jeune femme a lancé : « un jour, ces studios seront à moi !« . Trente ans plus tard, ce fut chose faite. Avant, comme elle ne trouvait pas de rôle pour elle, avec son époux Desi Arnaz, Lucille Ball se lance dans la production d’une série télévisée et sauve Universal de la faillite en projetant sur petit écran une version déjantée de sa vie dans le désormais mythique show : I love Lucy !