Une nuit en secret – Avis +

Présentation de l’éditeur

Un soir de désespoir, Shelby court chercher du réconfort chez Luke, l’un des frères de sa meilleure amie, le compagnon de toujours, l’adorable confident. La jeune femme est alors bien loin d’imaginer que cette soirée, apparemment semblable à tant d’autres, va se transformer en nuit d’amour étincelante… C’est pourtant ce qui se produit, à la grande surprise de Shelby elle-même qui, sitôt passé le moment d’abandon, se fait mille reproches. Certes, elle considère Luke comme l’homme idéal, mais laisser leur amitié évoluer vers des relations d’une tout autre nature, n’est-ce pas le plus sûr moyen de gâcher cette amitié et d’aller au-devant de toutes sortes de complications ? Shelby décide donc de garder pour elle le secret de cette soirée. Sans savoir qu’elle n’en maîtrise décidément pas encore les conséquences… Toutes les conséquences.

Avis de Marnie

Kay Stockham confirme ici tout le bien que l’on pense de ce tout nouvel auteur, qui joue ici déjà dans la cour des grandes. Son modèle semble être Susan Mallery. Comme cet emblématique auteur, elle commence ses intrigues par des scènes d’humour qui laissent à penser que nous allons avoir droit à une comédie sentimentale, et comme cet écrivain, elle explore de façon assez dramatique, nuancée, les fratries et autres relations parents/enfants…

Après Nuit de neige (l’histoire de Garrett l’aîné de la fratrie Tulasne), et Espoirs secrets où l’on découvrait Nick, qui dissimulait un lourd secret, voici comme nouvel héros, Luke, son jumeau, parti en Californie notamment pour échapper à sa famille, et qui revient un ou deux week-ends par an, comme ici pour le mariage de son frère. Lorsque commence le récit, Shelby, la meilleure amie d’Alexandra, la seule fille de la fratrie Tulasne, dans une scène assez clownesque, réalise qu’elle est « peut-être » enceinte, après avoir passé une nuit de folie avec ce « tendre » ami. Bien évidemment, notre héros aussi chevaleresque qu’amoureux, va vouloir régulariser la situation.

C’est donc un schéma très classique de la romance qui nous est présenté. Nous imaginons d’ores et déjà que la jeune femme va hésiter puis accepter vu la pression sociale de la petite ville natale des deux jeunes gens, qu’il va y avoir des problèmes de communication entre eux, des non-dits, des malentendus et une réconciliation, soit le parfait cliché de la romance. Seulement, comme pour Espoirs secrets, les traumatismes constituent une barrière presque infranchissable et notre héroïne n’a pas envie de tenter sa chance.

L’indécision de Shelby pourrait irriter plus d’un lecteur, seulement elle sonne juste. La jeune femme a de vrais projets, de vrais rêves, et surtout elle n’a absolument pas envie de se marier ni même d’avoir des enfants. L’exemple totalement cauchemardesque de son enfance, l’a dégoûtée (à tout jamais ?) de se lancer dans l’aventure du mariage. Une union non désirée avec Luke qui habite en plus à quelques milliers de kilomètres de leur Tennessee natal là où elle souhaite vivre, lui semble un piège et surtout une bataille perdue d’avance.

Luke, de son côté, qui s’est enfin reconstruit loin de sa famille envahissante et surtout de son jumeau avec qui il a des relations conflictuelles, ne souhaite pas repasser par les affres d’une adolescence de souffre-douleur et ringard premier de la classe. Les siens de respectent pas ses choix de vie, il évite de se trouver dans la même pièce que son jumeau… Il est d’ailleurs passionnant de revoir leur enfance racontée par la voix de Luke, son point de vue apportant un étonnant éclairage à certains évènements évoqués par Nick, dans le livre précédent. Vous l’aurez compris, rien n’est blanc ou noir avec Kay Stockham.

Elle le prouve aussi en mettant en scène longuement et de façon très approfondie les parents de Shelby. Comme chez beaucoup de nouveaux auteurs, la communication passe par de violentes scènes blessantes et agressives, des pleurs, des larmes, des rires et surtout une introspection évolutive où les héros trouvent seulement en eux-mêmes la force de surmonter leur passé et de faire face.

Ces scènes sont littéralement passionnantes, notamment grâce à la personnalité de tragédienne opportuniste de Patricia, la mère de la jeune femme dont les débordements représentent un cauchemar pour n’importe qui, tout en se révélant… sans que l’on comprenne pourquoi attachante. C’est ça le secret de cet auteur, de rendre tous ces gens humains, normaux, se débattant dans des situations inextricables avec leurs pauvres moyens. Au final, rien ne s’arrange vraiment mais ils apprennent à faire avec !

En tout cas, je défie quiconque de ne pas avoir la larme à l’oeil à l’avant-dernière scène qui nous évoque la « révélation » finale sous la pluie du cultissime film Breakfast in Tiffany.… Vivement le 1er juillet, où nous retrouverons Ethan qui semble avoir eu l’idée de se ramener un petit cadeau du Niger !

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 312
Editeur : Harlequin
Collection : Prélud’
Sortie : 1 mars 2010
Prix : 5,35 €