Derrière la porte – Avis +

Présentation de l’éditeur

 » Je l’observais. Je n’arrêtais pas de l’observer. Quand nous étions ensemble, elle était mon unique préoccupation. J’étais à l’affût de tous ses gestes, j’épiais son visage pour y surprendre la moindre expression. J’espérais qu’il y aurait un moment où elle sortirait de sa prison, un moment qui ne durerait peut-être pas plus d’une seconde, mais qui serait comme une porte qui s’entrouvre, et il faudrait alors que je sois assez vif pour y mettre le pied et empêcher qu’elle se referme.  »

Laurent, un jeune homme solitaire, tente d’apprivoiser sa mystérieuse voisine qui semble souffrir d’un mal étrange. Mais le douloureux voyage qu’il entreprend avec Louise pour l’arracher à son mutisme mène ces deux êtres esseulés vers une voie sans issue.

Dans ce deuxième roman, dont le ton sobre et l’écriture dépouillée touchent à coup sûr le lecteur, Marc Pirlet renoue avec les thèmes abordés dans Le Photographe : la solitude, la douleur, le traumatisme dû à la perte des êtres qui nous sont chers.

Avis d’Enora

Laurent est un solitaire de vingt-six ans qui s’enferme chez lui dès son travail fini, pour regarder la télévision. Sans ambition professionnelle, sans désirs, sans amis, il a besoin que sa vie soit réglée par une routine immuable. Quand sa télé tombe en panne, par ennui il prend les jumelles que son père lui a offertes peu avant sa mort et commence à observer ses voisins. La fascination qu’il éprouve à surprendre ainsi la vie secrète des autres se mêle à l’excitation de la transgression qu’il se sait accomplir. Un jour, il découvre la présence d’une nouvelle voisine à l’étage inférieur. Solitaire comme lui, agoraphobe, Louise est devenue muette à la suite du décès de sa mère. La vie de Laurent va alors changer. Lui qui ne vivait pour personne, s’attache à la jeune femme et essaie de la guérir de son mal étrange. L’amour qu’il éprouve pour elle, l’amènera à une terrible extrémité.

Dans ce roman écrit tout en pudeur et en émotion, Marc Pirlet renoue avec les thèmes qui lui sont chers, la solitude, la souffrance et le traumatisme dûs à la perte des êtres aimés.

Louise qui avait une relation fusionnelle avec sa mère, a perdu la parole à la mort accidentelle de cette dernière. Laurent, lui, au décès de son père, a complètement refoulé l’affect émotionnel. Peut-être parce que celui-ci n’avait jamais su lui témoigner son amour. De plus la culpabilité mêlée au plaisir qu’il éprouve en situation de voyeur, laisse penser à quelque chose de bancal du coté de sa relation avec une mère qui brille par son absence. Ils souffrent tous les deux d’une sorte de psychose affective.

Avec Louise qui, n’ayant plus accès au langage, se laisse manipuler comme un objet, Laurent se rend compte que sa vie sans attaches n’avait pas de sens. Leur rencontre va provoquer chez Laurent une hyperémotivité réactionnelle qui va lui faire tenter de soigner Louise. L’absence d’amélioration de cette dernière qui met en péril son narcissisme et l’assurance de son amour protecteur, plus le fait qu’il soit trop peu solide pour encaisser cette surtension affective, va le faire basculer dans un passage à l’acte destiné à éteindre la souffrance aussi bien chez lui que chez elle.

Merveilleusement écrit, avec pudeur et finesse, ce roman très court peint avec une poignante sobriété, les contours d’une relation d’amour peu banale. Marc Pirlet a réussi un très beau récit sur le silence, la solitude et l’incommunicabilité qui nous émeut et dont on ne sort pas indemne.

Fiche technique

Format : broché
Pages : 128
Editeur : Luc Pire
Sortie : 18 février 2010
Prix : 15 €