Viens plus près – Avis +

Présentation de l’éditeur

Et si soudain vos désirs les plus secrets se réalisaient ?

Amanda a tout pour être heureuse : un mari qu’elle aime, un métier – architecte – qui la comble. Une vie parfaite. En apparence. Jusqu’au jour où, dans un état second, elle se met peu à peu à réaliser ses désirs les plus fous, à donner libre cours à toutes ses pulsions. Est-elle « possédée » ? Cherche-t-elle inconsciemment une libération totale, absolue ? Jusqu’où ira cette descente aux enfers, qui peut parfois prendre des allures de paradis ?

Avis de Francesca

Cela commence par un bruit persistant dans la maison « toc toc toc », cela continue par des rêves étranges de femmes aux lèvres pleines de sang et aux dents pointues, des apparitions furtives du coin de l’œil dans la maison et des pulsions meurtrières. Mais je ne vous dirai pas comment cela se termine.

Après le formidable Dope qui racontait dans un polar noir une plongée en enfer dans les bas-fonds du monde de la drogue, Sara Gran prouve son immense talent avec ce roman d’épouvante. Amanda est le témoin d’évènements curieux mais qui ne la perturbent pas tant que ça ou alors préfère fermer les yeux dessus. Lorsqu’elle se rend compte qu’une présence maléfique se met à la contrôler contre sa volonté, il est déjà trop tard.

Il est facile d’émouvoir, de faire rire ou pleurer, d’exciter ou même de dégoûter à travers un livre, mais de faire peur, l’expérience n’a jamais marché avec moi. Avec ce roman, Sara Gran a su amener une ambiance particulière et la tension monte de page en page, même avec des mots simples et une issue que l’on juge inéluctable. La narration se fait à la première personne, ce qui ne permet pas assez de recul par rapport à ce que vit Amanda. Même si le lecteur comprend que quelque chose ne tourne pas rond, Amanda ne s’en aperçoit pas et si des choses étranges se produisent, le lecteur poursuit sa lecture en se disant peu convaincu que ce n’est peut-être pas si grave. Certains évènements font ouvrir grand les yeux, et d’autres sont décrits tellement rapidement, en guise de détails entre deux réflexions d’Amanda, qu’on ne ferait presque pas attention à ce qui se passe.

Le roman est très court et pourtant, la lente plongée dans la possession d’Amanda est particulièrement réussie, avec une graduation de l’horreur et une violence réelle mais peu détaillée. Car ce n’est pas les détails sanglants qui sont le plus importants dans cette histoire, mais plutôt la psychologie d’Amanda et de ce démon qui s’infiltre peu à peu en elle et la dépossède de son propre corps petit à petit.

Ce roman ne m’a pas donné de cauchemars comme pourrait le faire pour un film d’horreur, mais pendant ma lecture, et c’est une anecdote véridique, une plante derrière moi a commencé à perdre quelques feuilles une par une et le bruit de la feuille sèche tombant sur la carrelage à intervalles réguliers m’a donné quelques frissons, « toc toc toc !».

Avis d’Enora

On l’attendait avec autant d’impatience que d’appréhension ce second roman de Sara Gran, tant Dope, son thriller incisif sur les bas-fonds de Manhattan dans les années cinquante, nous avait enthousiasmés. Et, oh bonheur ! Viens plus près confirme totalement le talent de son auteur !

Amanda a tout pour être heureuse, un métier qui lui plait, elle est architecte, un mari amoureux et ennuyeux à souhait, maniaque de propreté et bourré d’allergies, mais à l’influence stabilisante puisque depuis qu’ils sont ensemble, elle a enfin réussi à payer ses impôts dans les temps. Alors pourquoi tout se met-il soudain à déraper?

Tout commence lorsque la proposition de projet qu’elle dépose sur le bureau de son patron se trouve remplacée par une lettre d’insultes. Bien qu’elle soit totalement d’accord avec les affirmations de cette dernière, elle se demande quel est le plaisantin qui a pu lui faire cette blague de mauvais goût. Et puis il y a les bruits dans le loft, des bruits qui ne se produisent qu’en sa présence, son irritabilité et ses rêves étranges. Mais bon, de là à penser qu’elle est envoutée ou au premier stade d’une possession démoniaque…

Dans ce second roman, Sara Gran s’attaque à l’horreur en démontant tous les clichés du genre, avec un humour noir et grinçant, totalement jouissif. Véritable huis clos à l’intérieur de la tête de la narratrice, ce récit court monte en puissance au fil des pages, grâce à un style simple, ciselé mais redoutablement efficace. L’auteur réussit avec un minimum de mots à planter ses personnages de façon très subtile : l’enfance solitaire d’Amanda après la perte de sa mère et le remariage de son père avec une jeune bimbo ; le caractère maniaque d’Ed, le mari, incapable d’affronter les problèmes qu’il gère par les compromis et la fuite et dont la normalité qui confine à la pathologie n’est peut-être pas sans lien avec la transformation d’Amanda.

Entre possession démoniaque et chute dans la folie, Sara Gran nous livre un récit original, parfaitement écrit, à la fois angoissant, grinçant et drôle. Une véritable réussite !

Fiche technique

Format : broché
Pages : 183
Editeur : Sonatine
Sortie : 7 janvier 2010
Prix : 15 €