In the air – Avis +/-

Résumé

L’odyssée de Ryan Bingham, un spécialiste du licenciement à qui les entreprises font appel pour ne pas avoir à se salir les mains. Dans sa vie privée, celui-ci fuit tout engagement (mariage, propriété, famille) jusqu’à ce que sa rencontre avec deux femmes ne le ramène sur terre.
Ryan Bingham est un collectionneur compulsif de miles aériens cumulés lors de ses incessants voyages d’affaire.

Misanthrope, il adore cette vie faite d’aéroports, de chambres d’hôtel et de voitures de location. Lui dont les besoins tiennent à l’intérieur d’une seule valise est même à deux doigts d’atteindre un des objectifs de sa vie : les 10 millions de miles.

Alors qu’il tombe amoureux d’une femme rencontrée lors d’un de ses nombreux voyages, il apprend par la voix de son patron que ses méthodes de travail vont devoir évoluer. Inspiré par une nouvelle jeune collaboratrice très ambitieuse, celui-ci décide que les licenciements vont pouvoir se faire de manière encore plus rentable, via… vidéo conférence. Ce qui risque évidemment de limiter ces voyages que Bingham affectionne tant…

Avis de Marnie

Nous sommes immédiatement pris par l’atmosphère singulière de cette histoire, racontée au départ comme une sorte de fable qui pourrait évoluer en gentille comédie sentimentale mais qui se révèle nettement moins convenue et bien plus sombre que nous nous y attendions. En effet, ce scénario est intéressant, notamment parce qu’il met en lumière une analyse de la société américaine actuelle en la personne de son héros, Ryan Bingham, superbement interprété par George Clooney qui nous propose toute une gamme d’émotions en levant simplement un sourcil. Jouant avec son charisme, montrant sans complaisance une facette négative, passant de l’égoïsme et du manque de scrupule de vendre un absurde et hypothétique rêve américain, sa transformation intérieure, par petites touches, est cohérente de bout en bout. Du gosse égocentrique et focalisé sur son seul plaisir immédiat, à la remise en question de son mode de vie, nous suivons avec attention sa prise de conscience du monde terrifiant qui l’entoure.

Les deux femmes qui l’accompagneront de façon totalement différente dans ce chemin initiatique vers la maturité, méritent toutes les deux leurs nominations aux Golden Globes. Vera Farmiga (que l’on peut voir actuellement dans Esther) possède une vraie crédibilité et toute une palette de réactions qui pourraient sembler antinomiques mais qui pourtant trouvent peu à peu leur explication. Un jeu aussi séduisant qu’intelligent.

Le second parcours initiatique est subi plus que ressenti par l’actrice Anna Kendrick, étonnante en jeune louve dont les dents rayent le parquet et qui va se réveiller au contact de ce que l’on appelle les vrais gens. Surprenante de naturel, jouant à fond la fille prodigieusement intelligente qui sort des grandes écoles mais qui n’a rien vécu, dont le malaise va être terriblement perceptible simplement grâce à l’expression de ses yeux, cette actrice possède un potentiel évident. Il nous tarde de la revoir à l’écran.

Cette histoire qui n’a rien d’une comédie romantique est rythmée, par les licenciements opérés par le héros. Autant, le film semble prendre un certain souffle libérateur lorsqu’il voyage constamment de ville en ville, en apesanteur, autant lorsqu’il effectue son travail au coeur d’une Amérique en crise, il paraît épingler le coeur d’une société qui s’effondre grâce notamment à un découpage haché, un montage martelé, avec ces portraits successifs d’hommes, de femmes de tous âges éliminés soudain d’un jeu qui les dépasse. C’est vraiment là que se situe la grande réussite du film !

Les décors se superposent : le studio sans âme du héros, les aéroports immenses, acier, tôles, et escaliers mécaniques, les usines ou bureaux déjà vidés avec les plateaux séparés par des vitres en enfilade… tout cela contraste avec le portrait d’une petite ville à l’américaine comme l’on rêve d’en trouver, petite parenthèse hors du temps, faisant partie du fameux american dream et qui n’a en fait aucune vraie consistance.

Une réflexion sociale passionnante… si l’on oublie le final superficiel et ridicule, faux pas évident, qui vire à la bonne morale convenue « à l’américaine » totalement à contre-courant de l’excellent scénario signé par le réalisateur Jason Reitman (qui avait vraiment su éviter cet écueil avec son très réussi Juno), Sheldon Turner et Walter Klein, journaliste et auteur du livre In the air.

Fiche Technique

Sortie : 27 janvier 2010

Avec George Clooney, Anna Kendrick, Jason Bateman, Vera Farmiga, etc.

Titre original : Up in the Air

Genre : comédie dramatique

Durée : 110 minutes