Une méprise – Avis +

Présentation de l’éditeur

Quand sa vieille amie Elizabeth sombre dans le coma, Lucy se résout à appeler Adrian Rutledge, qui est le fils et la seule famille de la vieille dame. Et cela même si, depuis le jour de ses dix ans, Adrian n’a plus jamais vu sa mère ni cherché à renouer avec elle, alors qu’elle est seule et sans ressources.

Une indifférence inexplicable et scandaleuse, pour Lucy, qui redoute déjà la rencontre avec cet homme au coeur forcément sec. Pourtant, à l’arrivée d’Adrian, la jeune femme éprouve un trouble inattendu : Adrian est intimidant, séduisant, secret, et, bientôt, Lucy se surprend à rechercher, bien malgré elle, la compagnie de celui dont elle devrait pourtant réprouver la froideur et fuir la présence…

Avis de Callixta

Janice Kay Johnson est sans doute l’un des meilleurs auteurs actuels dans un genre bien particulier, celle de la romance moderne, réaliste et pleine d’émotion. Ses livres sont souvent des petits bijoux psychologiques qui passent au crible la vie des héros et leurs choix.

Dans son dernier roman, elle aborde un sujet rarement vu dans la romance qui pose de nombreuses questions. Si nous avons souvent croisé des héros aux prises avec leurs enfants ou des frères et sœurs, nous avons rarement pu lire les problèmes qu’ils rencontrent avec leurs parents notamment lorsqu’ils souffrent d’une maladie particulière. C’est ce qui arrive à Adrian Rutlegde qui apprend brutalement un jour que sa mère qui a disparu de sa vie depuis vingt-trois ans vient d’être hospitalisée dans une petite ville côtière du nord-ouest des Etats-Unis à la suite d’un accident. Persuadée que cette femme fragile, un peu étrange qu’il adorait enfant a abandonné délibérément sa famille, il est partagé entre l’envie de ne pas s’intéresser à elle et celle de revoir celle qu’il avait presque oubliée. Lorsqu’il choisit de se rendre à Middleton, il ne sait pas qu’il va comprendre ce qui s‘est passé des années auparavant mais aussi rencontrer Lucy Peterson qui tient un restaurant dans la petite ville.

Les prémices du livre sont très séduisantes. L’originalité du problème rencontré par Adrian est vraiment intéressante. Celle qui était surnommée la dame au chapeau dans la petite ville de Middleton est arrivée près de dix auparavant et était devenue la seule sans domicile fixe. C’est une femme qui a des problèmes de personnalité et qui souffre sans doute d’une forme de schizophrénie. Charmante, bien éduquée, elle a été prise en charge par des habitants de la petite ville et aurait continué à vivre tranquillement sans l’accident qui l’a plongée dans le coma. Adrian va être alors confronté à son passé, ce qu’on lui en a dit alors qu’il était un enfant et ce qu’il accepté de croire à l’âge adulte. Sa culpabilité est intense ainsi que son impuissance face à une situation compliquée pour lui. Que faire de sa mère si elle reprend conscience lui qui vit dans une grande ville à Seattle ? Cette partie du roman est réussie, intéressante et ouvre de larges perspectives. Dans le même temps, il noue une idylle avec Lucy Peterson qui a été celle qui l’a identifié comme le fils de la dame au chapeau.

Mais, malgré le style impeccable et l’intérêt des problèmes posés, le livre ne convainc pas tout à fait. Janice Kay Johnson manque une partie du livre et laisse un curieux sentiment de facilité et de clichés totalement inhabituels chez cet auteur doué. Le portrait tracé de Middleton, petite ville où tout le monde se connaît et qui a pris en charge sans se poser de question une femme visiblement malade mentalement, sans préjugés laisse sceptique. La ville de Seattle apparaît au contraire un repaire de malfaisance et dangereuse. Les choix de vie des héros qui découlent d’une telle vision ne sont pas très convaincants non plus.

Janice Kay Johnson nous a sans doute habitués à bien mieux et à des analyses si fines que le simplisme apparent de certains échanges déçoit. Évidemment comme elle écrit très bien et maitrise remarquablement ce style, elle évite l’échec total et le ridicule dans lequel d’autres seraient tombés. Au contraire, elle pousse à l’interrogation et séduit par le charme de l’histoire d’amour qui naît entre les deux héros et par des petits détails qui rendent si vivante la petite ville de Middleton. Espérons que ce livre qui ne suscite pas autant d’enthousiasme soit suivi par un autre où nous retrouverons tout ce qui rend Janice Kay Johnson si attrayante.

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 311
Editeur : Harlequin
Collection : Prélud’
Sortie : 1 janvier 2010
Prix : 5,15 €