Kamen Teacher : tome 1 et 2 – Avis +/-

– Tu viens de défenestrer un enseignant du 3e étage ! T’as vraiment peur de rien !

Le jeune professeur Gôto Araki vient prendre ses fonctions d’enseignant au lycée Kyokuran. C’est à dire qu’il vient de faire connaissance avec les poings et les battes de base-ball de ses élèves, sans oublier un petit séjour par la fenêtre du 3e étage. Il est peut-être temps de préciser que le lycée Kyokuran accueille les « élèves à problème », dont aucun autre établissement ne veut.

Bon, pendant que le professeur Goto Araki agonise à l’infirmerie, son collègue Hayato Jûmonjio, également nouveau venu dans le lycée, vient le remplacer pour un « travail pédagogique ». Autrement dit : baston !

Ayant laissé sur le carreau les sauvageons locaux le professeur Hayato (aux traits dissimulés derrière un curieux casque de motard) s’éclipse et laisse la place à Goto qui, sorti de son évanouissement, peut venir faire cours dans une classe curieusement beaucoup plus calme. Mais qui est donc Hayato Jûmonjio, ce mystérieux enseignant masqué qui intervient périodiquement en laissant évanoui les élèves récalcitrants aux valeurs de l’enseignement ?

Le lecteur pourrait remarquer qu’on n’aperçoit jamais Goto et Hayato en même temps. Mais curieusement personne au sein du lycée ne semble avoir cette réflexion. Après tout Clark Kent et Superman ne se sont guère fréquentés sans que personne ne se pose de question, idem pour un certain Don Diego de la Vega et un certain justicier à cheval.

Donc (pour le lecteur au moins) tout est clair, sauf que Hayato Jûmonjio possède une existence administrative, ce qui laisse planer un certain doute. De plus ce ne serait pas la première apparition au Japon d’un professeur cachant son visage derrière un casque de motard. Une légende urbaine évoque le mystérieux Kamen Teacher :

 » – Quand les ténèbres s’abattent sur un lycée il surgit de nulle part. Et il combat les délinquants comme un messie qui combattrait les forces du mal pour ramener la lumière là où il n’y en avait plus« .

De plus on mentionne l’existence de plusieurs Kamen Teacher, certains seraient même des femmes. On spécule donc chez les enseignants sur l’existence d’une organisation secrète oeuvrant pour stopper la violence dans les établissements scolaires. Discrètement l’auteur de GTO fait preuve de subtilité. De plus il pose le problème d’une violence efficace et subtile qui est peut-être le seul moyen de contrer les criminels.

En effet, la volonté d’exercer une autorité dans l’enceinte de l’établissement s’est traduite par une réaction ultra-violente des fautifs, suivie d’une protestation de l’inspection académique et de la presse, qui s’en sont pris à l’administration et aux professeurs (mais surtout pas aux coupables). Aussi, les professeurs jouent-ils la carte de l’indifférence et lorsqu’un élève se rebelle contre les exactions de ceux qui sont devenus de véritables criminels, c’est bien entendu lui qui est sanctionné. De ce fait les élèves ne font plus confiance à personne.

Au thème classique dans l’imaginaire japonais s’est joint une présentation des contradictions du système éducatif japonais. De ce fait, l’existence du Kamen Teacher à l’identité cachée révèle un fait préoccupant : il n’existe aucune solution conventionnelle pour résoudre le problème croissant de la violence en milieu scolaire.

Fiche Technique

Traduction : Taro Ochiaï
Charte graphique : Olivier Bertin
Editeur : Pika
Sortie : novembre 2009
Prix : 6,95
Inédit, poche, sens de lecture japonais, 212 pages dont 4 pages couleurs