Fleurs de dragon – Avis +

Présentation de l’éditeur

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Une vague de crimes ensanglante le Japon, fauchant un à un les samouraïs errants qui s’aventurent sur les routes du pays. L’enquêteur Ryôsaku, secondé dans sa tâche par trois jeunes trublions plus motivés par les plaisirs de Kyôtô que par l’initiation aux mystères de l’investigation, est missionné par ses supérieurs pour traquer et démasquer le tueur. Les indices trouvés sur les lieux des combats ont cependant de quoi dérouter même le plus brillant des agents du shôgun : l’auteur des massacres est-il seulement humain ?

Avis de Valérie

Si le Japon fascine toujours autant, les récits historiques le mettant en scène souffrent d’une difficulté de lecture due notamment aux patronymes nous semblant difficiles à être retenus d’une page à l’autre, à la difficulté de décrire les personnages ayant beaucoup de traits en communs et parce que le vocabulaire que l’auteur se doit d’utiliser est souvent trop hermétique pour la majorité des lecteurs.

Jérôme Noirez a choisi de favoriser la découverte du moyen-âge japonais en utilisant la plupart du temps un temps à l’indicatif et en expliquant soit en note, soit en annexes les termes pouvant poser problèmes. Cette qualité essentielle explique pourquoi il avait été publié auparavant en collection jeunesse chez Gulf Stream car grâce à cette clarté de narration, l’ouvrage se laisse découvrir par un public très large, pouvant descendre en dessous des 10 ans !

Ceci-dit, les chevronnés du pays du soleil levant pourraient se sentir un peu frustré. Cela semble peu probable, car s’il est vrai que l’on n’atteint pas la qualité d’un auteur comme I. J. Parker (édité chez 10/18), le plaisir de lecture est tout de même grandement facilité et prime alors sur le reste.

Le point fort du roman sont les personnages principaux, c’est à dire un officier du Shôgun et ses trois « apprentis » samouraïs. Pour que le lecteur puisse bien les différencier, l’auteur les as quelques fois rendus caricaturaux, surtout le benêt Kaoru qui tâte du maillet de leur maître trop souvent à son goût. Ledit maître, Ryôsaku, a pour particularité de ne pas être armé, ce qui en fait un objet de curiosité pour toutes les personnes rencontrées. En effet, qu’est-ce qu’un samouraï sans sabre ? Interrogation qui peux pousser certains à l’imaginer faible… Quelle erreur ! Il porte toujours avec lui un maillet dont il se sert pour faire rentrer un peu de sagesse dans le crâne de ses apprentis ou de lui-même, car l’objet contient l’esprit d’un de ses ancêtres et par une sorte de métempsychose, il espère une transmission d’intelligence, à moins que chaque coup agisse comme un nœud à un mouchoir, un rappel à ne pas oublier…

Dans la lignée de ce que nous venons de dire, l’intrigue est relativement simpliste et sert plus de fil rouge pour conduire nos héros d’un endroit à un autre que de casse-tête… chinois. Il est fort possible que le second roman (déjà paru chez Gulf Steam) se permettra d’être plus fouillé puisque les enquêteurs et l’ambiance seront alors déjà posés. Cela n’empéche pas l’auteur de réveler tout son talent grâce à l’affrontement final où il met en valeur tous ces choix artistiques (l’utilisation d’un temps présent, un style simplet, etc.) permettant au lecteur de totalement bien visualiser une bataille de nuit, sans pratiquement aucune lumière, parmi de nombreux combattants. Nous sentons l’ambiance et la montée en tension est parfaitement amenée, c’est de la haute-voltige réussie et cela suffit à emporter la totale adhésion du lecteur.

Seul bémol, la volonté de J’ai Lu de publier ce roman dans une collection Fantasy… L’éventuelle petite touche de « surnaturel » ne suffit pas à qualifier le roman de fantastique. A charge à l’éditeur de nous créer une collection de récits policiers historiques de qualité, où un peu de magie ne sera pas gênante…

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 253
Editeur : J’ai Lu
Collection : Fantasy
Sortie : 9 septembre 2009
Prix : 6,70 €