Dracula l’immortel – Avis +

Présentation de l’éditeur

En 1888, un groupe de six intrépides a réussi à détruire Dracula aux portes de son château de Transylvanie. Vingt-cinq ans plus tard, ils se sont dispersés mais le souvenir de cette périlleuse aventure où l’un d’eux a laissé sa vie les poursuit. Combat quasi mystique contre les forces du mal, vengeance d’amoureux endeuillés ou inextinguible jalousie : les raisons mêlées de leur acte continuent de perturber leur existence et la disparition du prince des ténèbres n’a pas apaisé leurs tourments.

Une mort inexpliquée devant un théâtre parisien et un deuxième assassinat d’une effroyable cruauté au cœur de Londres vont réveiller la peur. Du Quartier latin à Piccadilly Circus, l’ombre de Dracula semble à nouveau planer… Les héros d’autrefois devront faire face à un ennemi insaisissable aux attaques sournoises ou d’une violence inouïe, mais aussi à leurs propres démons. De quoi brouiller les pistes et troubler les esprits, dans une intrigue menée avec maestria qui ressuscite le fantasme et la malédiction de l’immortalité.

Avis d’Enora

Dacre Stoker (avec la complicité de Ian Holt) s’est inspiré des notes de son arrière grand-oncle pour écrire cette suite, dont le titre The Un-Dead, était celui que Bram Stoker avait choisi à l’origine pour son roman.

En 1888, un groupe de six intrépides a réussi à détruire Dracula aux portes de son château de Transylvanie. Une vingtaine d’années se sont écoulées, mais les divers personnages ayant croisés le chemin de Dracula s’en sont mal remis : Le Dr Stewart est devenu morphinomane, Arthur Holmwood s’est marié sans amour et reste inconsolé de la perte de Lucy, Van Helsing est devenu un vieillard obsédé par l’idée de vengeance , quant aux Harker, leur couple est plombé par les non-dits et la suspicion, Jonathan se réfugiant dans l’alcool pour fuir une épouse qui ne vieillit pas et un fils qui préfère le théâtre au droit. A ces divers protagonistes s’ajoute un policier, Cotford – personnage qui apparait dans les notes de Bram Stoker – traumatisé par son échec à démasquer l’éventreur de Whitechapel et qui voit dans la suite d’assassinats qui survient, l’occasion de prendre sa revanche. Nous sommes en 1912, l’année où l’aviateur Henri Salmet réussit à traverser la manche, où les réverbères électriques commencent à éclairer les rues des capitales, où la TSF, les projecteurs Edison à filament et la télégraphie sans fil se démocratisent, où le Titanic va s’élancer pour son unique voyage, l’année où Bram Stoker mourut.

La dynamique de ce roman est celui des grands romans populaires du XIXe : beaucoup d’action, des crimes, des personnages qui jouent sur leur identité, des erreurs judiciaires, des drames familiaux, des innocents poursuivis par leur destin et des cœurs qui s’aiment et se haïssent jusqu’à en mourir. Avec ici cette pointe de fantastique, de mélancolie et de romantisme qui n’est pas sans rappeler les œuvres de Gaston Leroux.

Les personnages sont plus complexes qu’ils n’y paraissent ; ainsi Stewart qui essaie de noyer dans les drogues la satisfaction intime d’avoir vu Arthur perdre Lucy, fusse au prix de la mort de cette dernière ; Mina, écartelée entre sa passion, sa fidélité et son amour maternel ; Bram Stoker, malheureux en ménage, directeur d’un théâtre au bord de la faillite , auteur non reconnu qui se bat pour faire jouer sa pièce (c’est une véritable idée de génie des auteurs que d’en faire un personnage de leur roman pour expliciter les différences entre l’œuvre originale et sa suite). De plus les nombreux flash-backs nous ramènent sur le vécu de chacun, nous apprenant les circonstances de leur rencontre, approfondissant les liens qui les unissent et éclairant ce passé qui influence en grande partie le présent de ce qu’ils vivent.

Et puis il y a Dracula, identifié ici comme le prince voïvode Vlad Basarab, seigneur guerrier roumain, beaucoup plus abscons que le comte vampire de Bram Stoker ; peut-être mort mais toujours si vivant dans l’esprit de ceux qui l’ont croisé. C’est Van Helsing qui, ici, pointe le mieux ce qui le caractérise : « Et le seigneur avait accordé aux immortels la même liberté de choix qu’aux hommes : suivre le chemin du bien ou celui du mal »

Tout dans ce roman est attractif, le suspens bien mené, les rebondissements et les quiproquos qui se succèdent, les personnages auxquels on s’attache et cette histoire d’amour dans la veine des grands romantiques. Ok, le style n’est pas flamboyant et les clichés sont nombreux, mais qu’importe car à l’instar des romans feuilletons du XIXe, il piège son lecteur dès les premières pages et le commencer c’est se condamner à quelques nuits blanches !

Avis d’Elaura

Nous en avons vu des auteurs tenir des paris suicidaires, mais celui-ci est de taille. S’attaquer de front à une œuvre aussi connue, maintes fois adaptée au cinéma, souvent copiée, jamais égalée, relevait de la folie pure. En effet, qui ne connaît pas Dracula ? L’œuvre de Bram Stoker a nourrit l’imagination de générations entières de passionnés de fantastique, chacun allant de sa propre interprétation, comme si le livre leur appartenait corps et âme. Alors en écrire une suite… c’était osé, dirons-nous.

Les écrivains se sont basés sur les notes que Bram Stoker avait laissées à sa femme après sa mort. Il est décédé en 1912 alors que son livre faisait un bide, en plus d’avoir été amputé en partie par son éditeur. Du coup, Dacre Stoker – en tant qu’arrière petit neveu – et Ian Holt – en tant que fan et spécialiste de Dracula – ont essayé de reconstituer dans une enquête minutieuse, un second roman.

Nous avions laissé notre bande d’intrépides (Mina et Jonathan Harker, le Docteur John Seward, Arthur Holmwood, Abraham Van Helsing et Quincey P. Morris) aux pieds du château de Dracula, dans les Carpates. Quincey P. Morris perdait la vie dans la bataille, tandis que Jonathan, mû par la fureur et la jalousie, assenait le coup final au Prince des Ténèbres. Du moins, c’est ce qu’ils croyaient tous. Vingt-cinq ans plus tard, deux meurtres aussi étranges que sauvages redonnent vie à ce passé que chacun essayait d’oublier …

C’est avec un grand plaisir teinté d’appréhension et d’excitation que nous nous sommes replongés dans cette fabuleuse histoire. Lire la suite de cette étrange aventure, connaître l’évolution des protagonistes relevait d’une démarche quasi-mystique. Comme si retrouver les personnages de votre adolescence avait quelque chose de sacré. C’est donc du bout des doigts que nous en avons commencé la lecture, dans une crainte révérencielle, en retenant notre souffle jusqu’à ce que le Prince des Ténèbres apparaisse… car il est bel et bien présent tout au long du récit. Si ce n’est physiquement, il l’est par l’esprit.

Dracula n’a jamais quitté nos héros, son ombre a plané sur leur vie, confinant chacun d’eux dans les profondeurs abyssales les plus noires de leurs âmes. Dracula s’est immiscé dans leurs veines tel un doux poison les menant à la folie. Vingt-cinq ans après, les souvenirs des batailles menées et des êtres perdus sont toujours présents. Le Prince des Ténèbres n’a jamais été vaincu. Mi-ange, mi-démon, il hante toujours les rêves de Mina, lui rappelant à quel point elle lui appartenait, laissant Jonathan à la dérive.
Cet homme cruel, nostalgique des guerres du passé, nous apparaît bien plus humain ici.

Mais les auteurs ne s’arrêtent pas au récit de vie de nos héros, d’autres protagonistes apparaissent de manière surprenante comme la Comtesse Elisabeth Bàthory, cette magnifique hongroise qui avait pour cruelle habitude de se baigner dans le sang de vierges pour garder une éternelle jeunesse.

L’intrigue, qui tourne principalement autour des meurtres, est remarquablement bien menée, sans temps mort, palpitante. Le style des auteurs est simple et élégant, nous mettant au supplice dés que nous devons refermer l’ouvrage.

Ce pari suicidaire est donc parfaitement réussi. Certains crieront à l’hérésie, nous, nous avons trouvé cela audacieux et brillant. Laissez vous tenter par Dracula L’Immortel, vous ne le regretterez pas. Ce livre vous hante longtemps après en avoir terminé la lecture, et vous vous surprenez à déclamer des phrases aussi étonnantes qu’incongrues tel que « Le sang est la vie »…

Bienvenu dans cette douce schizophrénie …

Fiche Technique

Format : broché
Pages : 510
Editeur : Michel Lafon
Sortie : 15 octobre 2009
Prix : 22,95 €