Il alluma le téléviseur. Une présentatrice annonçait la visite du Premier ministre à la braderie de Lille. Marco fronça les sourcils, écouta les détails de cette venue improvisée, quitta ensuite la pièce et entra dans la chambre d’amis. D’un geste fébrile, il ouvrit son sac, en sortit un Walther P.88 et vérifia que le chargeur était plein.
Comme tous les ans la braderie de Lille accueille des millions de visiteurs. Parmi eux signalons un premier ministre opportuniste, un maire désabusé, une foule de chineurs, des collectionneurs acharnés, des drogués en manque, une horde de pickpockets, une journaliste hystérique, des néo-nazis nostalgiques, un « responsable » anti-terroriste xénophobe, un « nettoyeur » surarmé, un serial-killer expert en rousses, un faux-monnayeur obsédé sexuel, un poseur de bombes homosexuel, un inspecteur de police homophobe et un barbouze bisexuel.
Tout ce petit monde n’a pas encore compris que la braderie est le personnage important de cette histoire. Elle renait chaque année, s’étend, phagocyte les rues et étend son territoire, indifférente aux vols, viols, meurtres et attentats.
Néanmoins il serait temps que quelqu’un calme la situation. Aussi voici l’inspecteur Henri Delion le héros de cette histoire. Quelque peu alcoolique et amoureux désespéré, il oscille entre gueule de bois et tentative de suicide. Bon, il serait temps de réagir et d’accomplir son devoir pour la République. Mais comment faire entre vertige et delirium tremens ? Un drogué ne lui avait-il pas suggéré que la cocaïne pouvait être un excellent remède contre la gueule de bois ? Intéressant. Pourquoi ne pas essayer ? L’essai produit un certain effet, ou plutôt un effet certain. Devant ce résultat mitigé pourquoi ne pas réessayer ? Ah, parfait ! Saisissant son arme l’inspecteur Delion est bien décidé à soigner la braderie des maux qui la rongent.
L’intérêt de ce thriller repose sur la maîtrise des personnages qui se retrouvent tous directement ou indirectement liés entre eux. Dans ce chaos organisé par l’auteur rien d’étonnant à ce que le terroriste, les faux monnayeurs, le barbouze et le policier se retrouvent dans le même immeuble.
Les experts es-poulpe feront le lien avec certains personnages et situations similaires au livre Les Ch’tis commandements[[259e aventure du Poulpe écrite par Noël Simsolo, à signaler que la recette radicale pour se débarrasser de la gueule de bois est quelque peu différente]] se déroulant dans la ville de Lille. Précisons que contrairement à ce qui a été évoqué par une critique, une température caniculaire est possible dans le Nord, même durant le mois de septembre.
Fiche Technique
Editeur : Baleine
Sortie : juin 1997
Prix : 7,47 euros
Inédit, poche, 230 pages