Erevan – Avis +

Présentation de l’éditeur

« Je voudrais voir quelle force au monde peut détruire cette race, cette petite tribu de gens sans importance dont l’histoire est terminée, dont les guerres ont été perdues, dont les structures se sont écroulées, dont la littérature n’est plus lue, la musique n’est pas écoutée, et dont les prières ne sont pas exaucées. Allez-y. détruisez l’Arménie. Voyez si vous pouvez le faire. Envoyez-les dans le désert. Laissez-les sans pain ni eau. Brûlez leurs maisons et leurs églises. Voyez alors s’ils ne riront pas de nouveau, voyez s’ils ne chanteront ni ne prieront de nouveau. Car il suffirait que deux d’entre eux se rencontrent, n’importe où dans le monde. pour qu’ils créent une nouvelle Arménie. ». William Saroyan

Avis de Valérie

Le génocide arménien est un drame relativement connu en France, puisque de nombreuses personnes ayant survécu à la déportation forcée et à l’extermination voulue par les responsables ottomans s’y sont installées. On pense notamment à certains qui ont des ascendances arméniennes tels que Charles Aznavour qui a d’ailleurs écrit la préface de ce livre, mais également Alice Sapritch, Fanny Ardant, Henri Verneuil, Alain Berberian, Francis Veber, Daniel Bilalian, Sylvie Vartan, Youri Djorkaeff , Alain Prost, André Manoukian, Rosy Varte, Edmond Rostand, Edouard Balladur, Patrick Fiori, Henry Troyat, Robert Guédiguian, etc. Pour autant, on connaît mal les raisons d’une telle tuerie, ni on ne connaît l’histoire arménienne, sa richesse ou l’histoire ottomane pourtant intiment liée..

Erevan se propose justement de vous apporter le contexte et les informations sur les prémices du grand massacre, en mettant en scène les participants réels et quelques ajouts permis par la licence romanesque, la famille Tomassian, qui offre un point de vue candide à la barbarie humaine. Bien que les personnages soient très manichéens (de tout bord, on trouve méchant et gentils et tous les personnages, de n’importe quels extraction ou age semblent particulièrement lettrés et philosophes) le livre de Gilbert Sinoué utilise l’exacte chronologie des faits et introduit comme pour un reportage sérieux, chacun des participants pour ensuite faire rejouer la « tragédie ».

Si cet amour du détail est une grande qualité, il faut noter que cela alourdit tout de même le récit, puisque l’auteur doit résumer une grande période de temps tout en incluant tous les événements marquants. Il ne fait pas d’ellipse et, de, plus insiste sur les motifs pour qu’ils soient bien compréhensibles. Son style romanesque se lit très facilement et agréablement, malgré le sujet. L’auteur sait nous emporter avec lui et bien qu’il n’y ai pas réellement de surprise, nous sommes happés par « l’intrigue » et nous laissons conduire jusqu’à la fin.

Ce roman historique d’une grande tragédie du siècle dernier nous renvoie bien sûr à une autre tragédie meurtrière touchant une minorité religieuse d’Europe de l’Est. C’est pourquoi, l’ouvrage n’est pas seulement intéressant pour mieux comprendre le génocide arménien, mais également percevoir le mécanisme récurrent des persécutions de la différence (religieuse ou politique). Le point fort de Gilbert Sinoué est d’apporter en filigrane à une histoire personnelle (grâce à cette multitude de détails) une vision d’une plus grande ampleur, qui permettra à chaque peuple de se reconnaître.

Fiche Technique

Format : broché
Pages : 353
Editeur : Flammarion
Collection : Fiction Française
Sortie : 12 janvier 2009
Prix : 21 €