La souveraine des deux mondes – Avis –

Présentation de l’éditeur

Cinq ans ont passé depuis la Guerre de l’Hiver entre Hétar et les Terres Extérieures, lorsqu’une tragédie soudaine force de nouveau Lara à partir pour suivre son destin. Après avoir rejoint la Province Côtière, elle embarque à bord d’un navire pour une lointaine contrée nommée Térah. Un pays immense et prospère où règne un souverain d’une grande sagesse, Magnus Hauk, mais dont les habitantes, victimes d’une terrible malédiction, sont muettes depuis cinq siècles.

Séduite par la beauté de ce royaume dont personne en Hétar ne soupçonne l’existence, et amoureuse depuis le premier jour de Magnus, le  » Maître  » à la beauté altière, Lara décide d’aider le peuple d’Hétar. Usant de ses pouvoirs, elle provoque le spectre d’Usi, le sorcier qui avait lancé l’anathème sur Térah et lève la malédiction. Pendant ce temps, en Hétar, la situation s’est dégradée. Gaius Prospéro est parvenu à se faire élire Empereur ; l’invasion des Terres Extérieures est prévue pour le printemps suivant. Devenue l’épouse de Magnus et la reine de Térah, Lara décide alors de recourir à sa magie, de jour en jour plus puissante, pour déplacer les clans vers une vaste plaine fertile et inhabitée de Térah…

Avis de Domino

Ce qui fait le charme de la fantasy, c’est justement la fantaisie, l’imagination débridée au pouvoir, un certain souffle épique, bref quelque chose qui vous emporte et vous fait oublier la quotidien. Hélas, Bertrice Small, dans ce deuxième opus de son Monde d’Hétar semble l’avoir oublié. Elle nous livre sur près de six cents pages, un récit dont les péripéties auraient pu tenir en trois cents et qui par ailleurs ont un singulier air de déjà vu.

La seule originalité réside dans le point départ de cette seconde aventure de Lara qui poursuit son destin. On ne trahira rien en révélant que dès la première ligne, Vartan, le héros du premier roman meurt. Rares sont les héros d’une série qui ne passent pas le cap du second, rarissimes sont ceux qui sont occis dès la première ligne ! Les lecteurs avertis se souviendront avec émotion d’une certaine série d’Anne Stuart qui utilise le même schéma[[la série de Maggie Bennett]]. Small et Stuart, même combat ? On en frémit d’avance… Mais Dieu merci ou hélas (c’est selon la sensibilité de chacun), le parallèle s’arrête là.

Lara « débarrassée » de son mari est donc prête à reprendre la route à la poursuite de son destin, comme il nous est répété tout au long du roman. Déjà dans le premier volume, ce destin mystérieux l’avait guidée à travers Hétar jusqu’à Vartan ans et les Terres Extérieures. Chemin faisant, elle avait fait son éducation et à défaut de scènes sublimes, Bertrice Small nous avait gratifiés de quelques scènes sensuelles pimentées qui ont fait sa célébrité. Dans ce second opus, il faut attendre près de 150 pages avant d’avoir un semblant de scène sensuelle et elle laissera bon nombre de lecteurs sur leur faim. Si vous lisez Bertrice Small pour son érotisme, vous pouvez vous dispenser de lire ce roman : l’érotisme est aux abonnés absents tout comme la passion. Ne croyez pas cependant que Lara est devenue chaste mais comme elle ne s’ébat qu’avec son second mari, les variations se limitent aux lieux[[et même là le choix est restreint !]] avec une prédilection pour les baignoires ou les bancs de pierre des bains…

Face au couple formé par Lara et Magnus, beaux, bons, pétris de qualités, celui formé par Gaius Prospero, devenu empereur d’Hétar et son conseiller Jonah fait irrésistiblement penser à celui formé par Haroun-el-Poussah et Iznogoud, sauf que Gaius est un être vicieux obsédé par le pouvoir et le sexe, et Jonah plus malin (et plus chanceux) que le célèbre vizir. Le manichéisme de Bertrice Small peut agacer ou faire sourire selon l’humeur du moment. En tout état de cause, il ne risque pas de provoquer de migraines…

Pour être tout à fait honnête, il convient de signaler que le roman se lit aisément et qu’on absorbe sans problème les six cents pages même si répétitions et redites s’enchaînent et tiennent souvent lieu de péripéties. Les aventures de Lara dans le premier roman sont largement rappelées à plusieurs reprises. Si l’on y ajoute de constantes références aux vêtements qu’elle porte et à ce que mangent les protagonistes, cela augmente, sans aucun doute le nombre de pages mais ne fait guère avancer l’action…Malgré le talent de Bertrice Small, il en faut une bonne dose pour ne pas lasser son lecteur et lui faire achever le roman, une fois refermé le livre, le sentiment qui domine est celui du vide : le roman est creux, fade, sans passion, ni souffle épique.

Comme pour La gardienne des ombres de C.E Murphy, la quatrième de couverture est très prolixe et pour tout dire, tout le roman est dans ce résumé. Sa lecture peut remplacer aisément celle de La souveraine des deux mondes, on y gagnera du temps pour lire autre chose ou un meilleur roman de Bertrice Small…

Fiche Technique

Format : semi-poche
Editeur : Harlequin
Collection : Luna
Sortie : 1 septembre 2009
Prix : 7,90 €