Quitter le monde – Avis +

Présentation de l’éditeur

Du campus de Harvard aux rues du Berlin d’aujourd’hui, en passant par le Maine, la Nouvelle Angleterre et le Canada, la trajectoire bouleversante d une femme en quête éperdue d amour et de reconnaissance.

Avis d’Enora

Nous ne faisons pas ce que nous devons

Ce que nous ne devrions pas, nous faisons

Et nous nous rassurons avec l’idée

Que la chance finira par nous sauver

Matthew Arnold

Jane n’a que treize ans, quand lassée des éternelles disputes de ses parents, elle leur lance à la figure : « je ne me marierai jamais et je n’aurai jamais d’enfant ». Le lendemain son père quitte le domicile conjugal pour toujours. Sa mère, fuyant ses propres responsabilités dans l’effondrement de son mariage, les reporte sur Jane et sur sa petite phrase. Cette culpabilité, Jane la traînera toute sa vie.

Prisonnière de son passé, elle n’arrivera jamais à se libérer totalement de ce fardeau qui gouvernera son existence, et c’est l’image de ce père absent qu’elle recherchera continuellement dans les hommes avec qui elle se lie. Quand, enfin, elle pense avoir trouvé le bonheur – cette parenthèse où le passé ne hante plus, et où l’on est enfin capable de vivre le merveilleux de l’instant présent – un accident vient faire basculer toute sa vie. A bout de forces, Jane est alors tentée de quitter le monde, mais le hasard de nouveau intervient pour la raccrocher à la vie.

Douglas Kennedy nous livre là un de ses romans les plus achevés. On y retrouve des thèmes récurrents comme la fragilité du couple, la vision sombre de la famille, la difficulté d’échapper au passé et à son enfance, ainsi que le destin, le hasard qui peut à tout moment faire basculer une vie.

Jane est un émouvant personnage, une femme brillante qui doit survivre dans un monde qui est impitoyable. Comme le dit l’auteur, dans une vie il y a beaucoup de vies, et nous assistons ici à la succession de ces étapes. Les mots peuvent construire mais aussi détruire et ceux de sa mère lui feront croire qu’elle ne mérite pas le bonheur. Cette femme complexe et sauvage, se retrouve malgré sa force de caractère, dans l’incapacité d’échapper à ses blessures d’enfance, si bien que lorsque le hasard fait basculer sa vie, la culpabilité ressurgit en force. Pour l’auteur la fatalité et l’incertitude sont deux des grands principes qui gouvernent la condition humaine et les répercussions des choix anciens se font sentir dans tout ce qui arrive par la suite.

Roman sombre et plutôt pessimiste, Quitter le monde, se termine néanmoins par une ouverture sur l’espoir. Car si la vie humaine est régie par le principe d’incertitude et si une partie de notre existence passe à essayer d’échapper à la réalité, celle-ci finit toujours par nous rattraper et nous apporter la redécouverte du merveilleux de l’instant présent.

Fiche technique

Format : broché
Pages : 472
Editeur : Belfond
Sortie : 7 mai 2009
Sortie : 23 €