Présentation de l’éditeur
Janvier 1946. Londres se relève douloureusement des drames de la Seconde Guerre mondiale et Juliet, jeune écrivaine anglaise, est à la recherche du sujet de son prochain roman. Comment pourrait-elle imaginer que la lettre d’un inconnu, un natif de l’île de Guernesey, va le lui fournir ? Au fil de ses échanges avec son nouveau correspondant, Juliet pénètre son monde et celui de ses amis – un monde insoupçonné, délicieusement excentrique.
Celui d’un club de lecture créé pendant la guerre pour échapper aux foudres d’une patrouille allemande un soir où, bravant le couvre-feu, ses membres venaient de déguster un cochon grillé (et une tourte aux épluchures de patates…) délices bien évidemment strictement prohibés par l’occupant. Jamais à court d’imagination, le Cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates déborde de charme, de drôlerie, de tendresse, d’humanité Juliet est conquise.
Peu à peu, elle élargit sa correspondance avec plusieurs membres du Cercle et même d’autres habitants de Guernesey, découvrant l’histoire de l’île, les goûts (littéraires et autres) de chacun, l’impact de l’Occupation allemande sur leurs vies… Jusqu’au jour où elle comprend qu’elle tient avec le Cercle le sujet de son prochain roman. Alors elle répond à l’invitation chaleureuse de ses nouveaux amis et se rend à Guernesey. Ce qu’elle va trouver là-bas changera sa vie à jamais.
Avis d’Enora
Il y a longtemps qu’un livre ne m’avait autant transportée, au point de ne pouvoir le lâcher de la journée et de subrepticement ralentir le rythme de la lecture en arrivant aux cent dernières pages tant l’idée de le finir et de quitter les personnages me remplissait de tristesse. Tristesse d’autant plus grande, qu’il s’agit du premier et unique roman d’un auteur décédée en 2008.
Cette histoire est présentée sous la forme d’un roman épistolaire, genre assez peu répandu qui peut être selon l’auteur, plutôt rébarbatif ou comme ici complètement passionnant. Nous sommes à Londres en 1946, la guerre vient de s’achever mais les blessures profondes ne sont pas encore cicatrisées. Juliet Ashton est écrivain, elle est l’auteur d’une biographie d’Anne Brontë qui s’est mal vendue et d’un best seller, Izzy Bickerstaff s’en va-t-en guerre, dans lequel elle relate le conflit en utilisant l’humour comme antidote pour remonter le moral de ses compatriotes.
En pleine promotion de son livre, et en pleine recherche d’idées pour son prochain, elle reçoit une lettre d’un habitant de Guernesey, Dawsey Adams, qui en achetant un livre d’occasion, les essais d’Elia de Charles Lamb, a trouvé son nom et son adresse au verso de la couverture et voudrait en connaitre plus sur l’auteur et son œuvre. Ce lecteur se présente comme faisant partie du Cercle des amateurs de littérature et de tourte aux épluchures de patates de Guernesey. Commence alors un échange épistolaire entre Juliet, Dawsey et les autres membres de ce cercle littéraire aussi particulier que le nom qu’ils lui ont donné. C’est l’occasion pour cette londonienne de connaitre les détails de la terrible occupation allemande qu’ont vécu ces insulaires maintenus dans l’isolement total pendant cinq années. Cherchant à mieux connaitre ces gens qui la charment et l’histoire de leur île, Juliet va trouver non seulement le sujet de son prochain livre mais aussi l’amitié et l’amour.
J’ai conscience que ce résumé est un peu abrupt mais il me semble important de ne pas trop en révéler sur l’intrigue et les personnages pour laisser au lecteur la joie de découvrir par lui-même le destin banal et en même temps extraordinaire de ces insulaires amateurs de littérature et d’épluchures de patates.
Avec un talent remarquable, l’auteur nous immerge dans l’atmosphère de son roman, c’est tout le passé de Guernesey sous l’occupation qui se déroule à travers les divers témoignages de ses habitants : la séparation d’avec les enfants envoyés en Grande Bretagne la veille du débarquement allemands, les travailleurs-esclaves d’Europe de l’est, l’isolement, la faim, l’héroïsme des iliens. Les personnages finement développés, sont attachants, profondément humains mais aussi parfois très drôles. Ce sont des gens ordinaires que la force des liens qu’ils entretiennent entre eux, va rendre capables d’actions admirables.
Mary Ann Shaffer a une belle écriture, le rythme est soutenu sans aucun temps mort, les situations dramatiques succèdent au moment de tendresse, chaque personnage a sa façon unique d’écrire et se définit ainsi grâce à une perception différente des choses et des êtres, et surtout, surtout, le récit regorge de petites touches d’humour so british.
Ce roman est aussi un hommage aux livres et à ceux qui les aiment car c’est cet attachement à la littérature qui va aider et soutenir ces hommes et ces femmes dans les années noires qu’ils vont traverser. « C’est ce que j’aime dans la lecture. Un détail minuscule attire votre attention et vous mène à un autre livre, dans lequel vous trouverez un petit passage qui vous pousse vers un troisième livre. Cela fonctionne de matière géométrique, à l’infini et c’est du plaisir pur »
Ce livre est un vrai régal et je pense que comme moi, en arrivant à la dernière lettre, cela vous fendra le cœur de quitter ces amateurs de littérature et de tourte aux épluchures de patates et leur merveilleuse île.
Fiche technique
Format : format
Pages : 391
Editeur : Editions du Nil
Sortie : 02 avril 2009
Prix : 19 €