Et tu périras par le feu – Avis +

Résumé

Hantée par une enfance dominée par un père brutal – que son entourage considérait comme un homme sans histoire et un flic exemplaire -, murée dans le silence sur ce passé qui l’a brisée affectivement, l’inspecteur Mia Mitchell, de la brigade des homicides, cache sous des dehors rudes et sarcastiques une femme secrète, vulnérable, pour qui seule compte sa vocation de policier.

De retour dans sa brigade après avoir été blessée par balle, elle doit accepter de coopérer avec un nouvel équipier, le lieutenant Reed Solliday, sur une enquête qui s’annonce particulièrement difficile : en l’espace de quelques jours, plusieurs victimes sont mortes assassinées dans des conditions atroces. Le meurtrier ne s’est pas contenté de les violer et de les torturer : il les a fait périr par le feu…

Alors que l’enquête commence, ni Mia, ni Reed, ne mesurent à quel point le danger va se rapprocher d’eux, au point de les contraindre à cohabiter pour se protéger eux-mêmes, et protéger ceux qu’ils aiment…

Avis de Marnie

Karen Rose nous confirme avec ce livre qu’elle est bien un des meilleurs auteurs de romantic suspenses « classiques » du moment. Ce n’est vraiment pas un reproche… Il faut seulement insister sur le fait que l’auteur sait utiliser, se rapproprier avec énormément de talent, toutes les recettes des polars américains, sans tomber dans les extrêmes. De passionnant à sombre, son récit ne tombe ni dans le glauque, ni dans le pathos, ni dans le pervers… peut-être est-ce justement cette retenue que l’on sent parfaitement pensée qui fait que ses romans ne possèdent pas la célèbre petite touche qui ne s’explique pas mais qui les rendrait alors inoubliables…

Mais, ne chipotons pas ! Troisième tome d’une série (il nous manque toujours la traduction du premier…) situé après Le lys rouge, l’intrigue à elle-seule est captivante, et pourtant là encore, nous pouvions appréhender les 627 pages de course-poursuite après un serial killer. Nous sommes dans sa tête, puis nous suivons la brigade des homicides alliée à un fire marshall (pompier assermenté enquêteur sur les incendies criminels) qui tente de l’arrêter alors qu’il sème la mort sur son passage. Nous revenons plusieurs fois dans la tête du tueur alors que l’enquête progresse. Au bout de quarante pages, nous nous disons alors que même si tout cela est intéressant, les évènements deviennent très très trop prévisibles… Heureusement, l’auteur rompt brutalement le rythme pour nous amener au même point mais de façon totalement inattendue. Karen Rose maîtrise son récit et ses diverses ramifications avec intelligence, dans un rythme ou tension et action progressent avec une vraie intensité.

Le deuxième point positif, ce sont les personnages. Mia Mitchell a tout de l’héroïne « classique » du romantic suspense. Flic pure et dure, avec un passé très traumatisant, et un présent dominé par ses problèmes, la jeune femme se dévoue entièrement à son travail, et n’a aucune vie affective… seuls un couple d’amis, et son coéquipier constituent son point d’ancrage. Ils lui permettent de ne pas sombrer. Engagée dans une sorte de spirale pas loin d’être suicidaire, Mia met facilement sa vie en danger, pour oublier un sentiment de culpabilité latent qui prend souvent le pas sur la réalité, et des évènements qui ajoutés les uns aux autres, elle n’arrive plus à surmonter.

Reed, lui, est un homme contradictoire. Après une enfance très difficile, il a été recueilli dans une famille où il s’est épanoui. Il pense que l’on maîtrise ses choix en toutes circonstances et que nous sommes les seuls décideurs de notre propre destin, d’agir pour le bien et contre le mal. Il vit dans le souvenir de son épouse décédée dans un accident de voiture des années auparavant et ne souhaite pas se remarier. Il a rencontré son « seul » amour et ne veut pas l’oublier… préoccupé par la conduite étrange de son adolescente de fille. C’est un homme qui survit, avec l’idée que sa vie « heureuse » est derrière lui.

Les relations entre Mia et Reed nous passionnent tout autant que l’intrigue policière. Karen Rose prend le temps d’installer un climat de méfiance puis très vite de respect entre eux avant de faire évoluer une attirance certaine entre ces deux êtres vécue à fleur de peau, tous deux blessés, vivant dans la peur d’être de nouveau vulnérables. Parallèlement, nous suivons avec l’aide de multiples personnages très présents, différents, évolutifs, l’enquête très documentée, soignée et vraiment très solide menée pour retrouver le serial killer. Il faut justement noter un des aspects le plus intéressants du roman : le méchant. Karen Rose n’en fait pas un diabolique et supra intelligent assassin qui se joue de tous et de toutes, mais un être complexe, sujet aux « pétages de plomb » plongé dans une spirale de folie et de mort, faisant des erreurs, victime des fameux grains de sable que les auteurs oublient très souvent dans les romans…

Un vrai et bon pavé passionnant que l’on adore lire pendant les vacances !

Fiche Technique

Format : broché
Pages : 627
Editeur : Harlequin
Collection : Mira
Sortie : 1 mai 2009
Prix : 11,50 €