Philippe Claudel, scénariste de la série télévisée Chez Maupassant, est un homme aux multiples visages. Une facette lui tient à coeur : professeur pendant onze ans dans les prisons. C’est ainsi que lui est venu l’idée d’écrire ce scénario sur une femme blessée recueillie par sa soeur après quinze ans d’incarcération.
Ce film a su toucher plus d’un million de spectateurs et lui a fait gagner le César de la meilleure première oeuvre. Le scénario qui sait captiver notre attention depuis la première image est totalement au service d’un superbe duo d’actrices. Si Elsa Zylberstein est émouvante dans sa culpabilité mal vécue et qui ne sait pas quoi faire pour renouer avec sa soeur aînée (elle y gagne un César du meilleur second rôle féminin totalement mérité), nous sommes totalement bouleversés par l’interprétation de Kristin Scott Thomas, imperturbable, dont les yeux éteints cachent un maelström de sentiments réprimés, où la souffrance submerge, et ce depuis de longues années.
A noter, un excellent Serge Hazanavicius dans le rôle ingrat de faire-valoir des deux femmes, et aussi la présence d’un acteur injustement méconnu Frédéric Pierrot (on peut le voir dans plus d’une cinquantaine de productions…) qui offre une composition singulière d’une fragilité saisissante. Un très très joli film, à fleur de peau dont on ne sort pas indemne !