L’heure trouble – Avis +

Présentation de l’éditeur

À l’heure trouble avant la tombée de la nuit, un enfant disparaît sans laisser de trace dans les brouillards d’une petite île de la Baltique. Vingt ans plus tard, une de ses chaussures est mystérieusement adressée à son grand-père. Qui a intérêt à relancer l’affaire ? Pourquoi toutes les pistes mènent-elles à un criminel mort il y a longtemps ? Dans une oppressante atmosphère de huis-clos, une étrange histoire de deuil, d’oubli et de pardon, hantée par les ombres du passé.

Avis d’Enora

L’action de ce thriller se déroule à Öland, grande île de la mer Baltique, célèbre pour ses innombrables vestiges vikings et reliée aux côtes sud-est de la Suède par un pont de plus de six kilomètres. Un petit garçon, Jens, échappant à la surveillance de ses grands-parents, escalade le mur du jardin et disparait à jamais dans le brouillard de cet automne 1972.

Vingt ans plus tard son grand-père Gerlof, qui n’a jamais cessé ses recherches, reçoit par la poste une petite basket. C’est l’occasion de réveiller les fantômes et de rappeler à lui sa fille dépressive, bloquée dans la tragédie depuis la disparition de son petit garçon.

Johan Theorin est journaliste, il a mis cinq années à écrire ce premier roman qui a été élu meilleur roman policier suédois en 2007. Véritable réussite due à une intrigue passionnante (l’auteur balade ses lecteurs sur les flux de son imagination à l’image d’une coquille de noix prise dans les courants de surface qui longent la péninsule scandinave) mais surtout à l’analyse psychologique très fouillée de ses deux personnages principaux : Julia, la mère du petit garçon disparu qui reste bloquée depuis vingt ans dans un deuil non fait et Gerlof, le grand-père, habité par les remords. L’auteur s’est d’ailleurs inspiré de son propre grand-père pour écrire le personnage de Gerlof, ancien capitaine, nostalgique de ses années passées en tant que marin.

C’est autour du chagrin et de la douleur de cette femme dépressive et de ce vieil homme infirme que tourne toute l’histoire. De l’amour qu’ils éprouvaient pour Jens, nait ce qui les sépare, alimenté par les remords et les reproches, et ce qui les lie, dans leurs recherches maladroites pour découvrir enfin la vérité.

Johan Theorin distille dans ce roman, un peu comme Mankell, cette nostalgie d’un âge d’or suédois, qui n’existait peut-être que dans l’imagination de ses habitants. Ni sanglant, ni violent, ce thriller repose essentiellement sur son atmosphère, trouble, lourde et froide, à l’image du brouillard épais qui nappe l’île d’Ôland, l’automne. C’est avec une écriture simple et très visuelle, que l’auteur explore subtilement l’âme de ses personnages, car tout est à l’échelle humaine ici, même la résolution de l’énigme, et c’est ce qui en fait sa force.

Johan Theorin a sorti son deuxième roman, il y a six mois, reprenant le personnage de Gerlof et les vieilles croyances suédoises sur les morts qui reviennent à Noël. Il a prévu d’écrire en tout quatre romans avec Gerlof, un par saison. Que du bonheur en perspective !

Fiche technique

Format : broché
Pages : 432
Editeur : Albin Michel
Sortie : février 2009
Prix : 19,50 €