Présentation de l’éditeur
Daphne ferma les yeux et se maudit. Que lui avait-il pris ? Pourquoi avait-elle laissé Jonah Closky l’approcher et pire, lui donner un baiser ? C’était un être arrogant, taillé pour se battre dans la jungle new-yorkaise des affaires. Un homme trop fortuné – et surtout trop séduisant pour s’intéresser durablement à une jeune femme comme elle, mère de famille et célibataire de surcroît. D’ailleurs, s’il était venu jusqu’ici, à Belle Rivière, aux confins des Catskills, ce n’était certes pas pour s’y enraciner !
Il avait juste cédé aux prières de sa mère qui le suppliait de renouer enfin avec son père et ses frères – des étrangers, selon Jonah, des » gens » qui l’avaient injustement exclu autrefois. Aussi, Daphne n’était-elle pas dupe : maintenant que Jonah avait donné satisfaction à sa mère, il ne tarderait plus à tourner les talons. Bientôt, elle ne serait plus pour cet homme qu’un vague souvenir. Sachant cela, la raison aurait dû lui ordonner de le chasser de ses pensées, d’oublier tout de suite l’étourdissant baiser qu’ils avaient échangé. Au lieu de quoi, inexplicablement, elle ne rêvait désormais que d’une chose : recommencer, et fondre dans les bras de Jonah avant qu’il ne disparaisse définitivement de Belle Rivière..
Avis de Marnie
Il s’agit ici d’un troisième tome d’une trilogie… malheureusement, nous n’avons pas les deux premiers volumes traduits, et doublement malheureusement, ils sont essentiels pour une bonne compréhension des sujets évoqués. Ainsi, le fil rouge est constitué par la séparation, trente années auparavant, des parents des trois frères Mitchell, les deux aînés sont restés à Belle-Rivière avec leur père alors que le troisième a été élevé par sa mère et a pris son nom, Jonah Closky. Or, lorsque le récit commence ici, Iris, la maman, est revenue à Belle-Rivière sans que l’on n’en connaisse la raison, Patrick, le père la accueilli mais n’est pas ravi, les deux frères aînés semblent se moquer de tout… et Jonah Closcky est furieusement en rage ! Atterrir en pleine crise familiale et savoir que l’on ne saura jamais vraiment les tenants et aboutissants est plutôt agaçant !
Hormis ce problème, Molly O’Keefe semble souffrir d’un syndrome… celui de Nora Roberts : on me dit de créer une fratrie, je le fais sans conviction et nous voici avec trois frères qui peuvent pas se supporter, mais qui finalement trouveront un moyen d’entente en s’échangeant de viriles tapes sur l’épaule avec un « et surtout pas d’attendrissement ». Ce sujet semble tellement avoir été lu, relu, écrit des dizaines de fois sans faire preuve ici d’une once d’originalité que nous soupirons très rapidement d’ennui.
Cependant, il faut alors compter sur le talent indéniable de Molly O’Keefe pour créer une atmosphère, des héros, des personnages secondaires et surtout des dialogues piquants et qui focalisent bientôt notre attention, nous empêchant de refermer le livre. Cet auteur possède visiblement le petit plus qui soudain réussit à ne pas la faire tomber dans l’ordinaire et le commun. Son style est primesautier tout en sachant par petites touches insuffler une vraie émotion. En outre, elle se permet de façon assez déconcertante des passages profonds et intelligents. Le problème réside dans le déséquilibre entre son intrigue dont elle se fiche résolument et l’attention passionnante qu’elle porte aux réactions de tous ses personnages, dont certains mériteraient vraiment un traitement plus enrichissant.
En fait, Molly O’Keefe donne l’impression qu’elle a dû laborieusement réfléchir sur un travail donné, alors qu’elle a tous les atouts en main pour être un auteur remarqué. Les scènes sensuelles sont forts réussies, la passion est au rendez-vous, les sentiments entre Patrick et Iris, fil rouge dramatique, pourraient avoir un étonnant relief si l’auteur avait poussé son étude psychologique jusqu’au bout, et nos deux héros sont bien touchants, il aurait seulement fallu permettre une évolution maîtrisée.
Donc, un nom à retenir, certes, mais nous apprécierons vraiment le moment où son histoire l’intéressera autant que le traitement qu’elle en fait !
Fiche Technique
Format : poche
Pages : 341
Editeur : Harlequin
Sortie : 25 mars 2009
Collection : Prélud’
Prix : 5,15 €