Présentation de l’éditeur
Depuis l’enfance, Morrigan, entend des voix. Amicales ou hostiles, elles la perturbent et l’intriguent, car la jeune fille, élevée dans un ranch de l’Oklahoma, ignore tout de ses origines sacrées et du destin tragique de sa mère, la prêtresse déchue. Mais un jour, dans une grotte d’albâtre où elle s’est rendue, poussée par une force inconnue, un éboulement la projette contre une paroi et la transporte dans un univers étrange : Partholon. Accueillie par des êtres bienveillants qui voient en elle leur grande prêtresse et la désignent comme la vestale « porteuse de lumière », Morrigan comprend que ce royaume est celui de Rhiannon, sa mère, et d’Epona, la déesse, dont elle reconnaît à présent les voix tendres et rassurantes.
Pourtant, malgré son bonheur d’avoir trouvé sa place dans ce monde qu’elle sait être le sien, malgré son amour tout neuf pour Kegan, le grand shaman, Morrigan ne parvient pas à se sentir en paix. Car une autre voix s’élève toujours en elle, inconnue celle-là. Insistante, enjôleuse, elle tente à chaque instant de la pousser à la colère et au sacrilège ; comme si quelque esprit malfaisant l’habitait et tentait de faire d’elle « sa chose », l’instrument destructeur de sa vengeance contre Partholon…
Avis de Domino
Si L’élue d’Epona avait enchanté avec sa verve et sa drôlerie, en revanche, la noirceur de La prêtresse de Partholon avait décontenancé, nous prenant en quelque sorte à contre-pied. La vestale d’Epona, ultime volet de ce cycle était donc attendu avec impatience. Que nous réservait P.C Cast ?
Le résultat est à la hauteur des attentes et une fois de plus l’auteur déconcerte. Si l’on retrouve en quelque sorte la trame de L’élue d’Epona (une américaine originaire d’Oklahoma propulsée dans le royaume mythique de Partholon), la tonalité en est radicalement différente. En effet, en lieu et place d’une trentenaire épanouie, l’héroïne en est une adolescente de tout juste dix-huit ans, complexée. L’auteur passe ainsi d’un roman délicieusement déjanté à un roman sombre et tourmenté. Adieu la fantaisie de Shannon, place aux interrogations existentielles de Morrigan, une adolescente mal dans sa peau.
Morrigan traîne son mal-être depuis la naissance et ce, malgré tout l’amour dont elle a été entourée. Il provient de son sentiment d’être différente des autres. Elle ressent pleinement cette différence, qu’elle s’acharne à masquer, et la découverte brutale d’une vérité perturbante la précipite dans le monde de Partholon. Elle y arrive le cœur plein de rancœur, d’amertume et de jalousie, ayant le sentiment d’avoir été trompée sa vie durant. Même reconnue comme porteuse de lumière et grande prêtresse, elle est habitée par la colère. En elle, cohabitent des forces antagonistes qu’elle peine à contrôler. On devine sans peine que le récit ne peut qu’évoluer vers la tragédie puisque que sans le savoir elle est l’enjeu du combat des forces du Mal contre celles du Bien.
Préparez-vous à pleurer et sortez vos mouchoirs ! P.C Cast n’épargne personne et tous les personnages devront affronter leur part de malheur et de deuil. On est loin, très loin de la drôlerie de L’élue d’Epona. L’émotion affleure en permanence et on ne peut s’empêcher d’être touché par les tourments de cette toute jeune femme déboussolée, en quête d’amour et d’approbation. Bien qu’ayant été toujours profondément chérie, Morrigan recherche des marques d’amour qui la confortent et la rassurent. C’est un portrait émouvant d’adolescente qui ravivera bien des souvenirs que trace l’auteur. Même sans posséder le passé de Morrigan, nous avons tous connu ces moments de doutes, de désespoir et de révolte qui habitent l’héroïne. Nous avons tous été un jour Morrigan et ses colères ainsi que ses joies ont été un jour les nôtres. L’empathie ainsi créée entre le lecteur et l’héroïne participe grandement à la réussite du roman.
Si l’ambiance du roman est résolument sombre, celle-ci est cependant égayée par des scènes drôles qui viennent en alléger l’atmosphère parfois pesante. Tout comme dans L’élue d’Epona, l’auteur s’amuse à jouer sur les décalages entre notre monde et celui de Partholon, mais sans jamais faire oublier que la tragédie est toute proche. Le roman s’achemine ainsi vers une conclusion à la mesure des forces en jeu et on restera pantois devant le déferlement de violence qui clôt le récit. Tout comme dans La montagne sacrée de Caitlin Brennan, le récit est construit pour culminer dans une scène paroxystique qui tout en étant prévisible en surprendra plus d’un. Les épilogues, au nombre de deux, viendront cependant nuancer la brutalité de la scène finale. L’espoir est au centre de ces deux épilogues apportant un peu de rose au milieu du noir, célébrant la victoire de la vie et de l’amour sur les forces du mal.
Avec La vestale d’Epona, P.C Cast conclut superbement le cycle consacré au monde de Partholon. Jusqu’au au bout, l’auteur aura su nous surprendre, jouant à merveille avec la palette des sentiments, nous faisant passer du rire aux larmes, de la joie à la peine, du désespoir à l’espoir… P. C Cast est un auteur dont on regrette qu’elle ne soit pas plus traduite, tellement son talent original séduit.
Fiche Technique
format : semi-poche
Editeur : Harlequin
Collection : Luna
Sortie : 1 mars 2009
Prix : 7,90 €