Arte – Chassez le démon

Ce documentaire place les événements six mois après le passage de l’ouragan Kathrina, à la Nouvelle Orleans. Nous suivons le prêtre de l’église Saint-Augustin, Jérôme Ledoux, qui se bat pour redonner le nécessaire à ses paroissiens. La situation géographique du bâtiment – en hauteur – a permis aux locaux de ne pas être noyés. De nombreuses personnes ont pu s’y abriter et le sacerdoce du père Ledoux a fait le reste. Ce qui n’est pas au goût de la hiérarchie du vieux curé noir qui veux récupérer les lieux pour y placer un officier plus conforme à leur attentes…

Ce documentaire est exemplaire à plusieurs nivaux puisqu’il se contente de relater les faits sans vous vendre des idées préconçues, tout en donnant de la profondeur à la lecture des images. La vie passionnante du prêtre est l’arôme de tête, mais elle est suivie par un regard acéré sur le catholicisme, sur le racisme aussi puisque la ville ressent l’abandon qui a suivi l’ouragan comme une insulte au plus des soixante pour cent de Noirs qui peuplent Nola, et la position de l’Eglise confirme ce sentiment. Une fragrance persistance habille le documentaire de ce qui fait l’atmosphère de cette ville : la musique, la fête, le désespoir et l’humour décalé de ceux qui côtoie la mort et la joie de vivre.

Un documentaire passionnant qui sait retracer l’essence de la Nouvelle Orléans, vous donne à réfléchir et vous ouvre une fenêtre sur un monde attachant dont nous connaissons habituellement que les clichés touristiques, et qui offre également un plaisir musical pour ceux qui aiment la musique soul, gospel ou jazz.

Si le titre vous parait étonnant, sa compréhension au beau milieu du film est un excellent moment, tout en finesse de la part de l’officiant.

A noter, Chassez le démon a été récompensé par de nombreux prix, à juste titre.