N’oublie pas d’être heureuse – Avis +

Présentation de l’éditeur

« Ma mère disait : « N’oublie pas ton chapeau. »

Mon père disait : « N’oublie pas d’être heureuse« , et la recommandation valait en toute occasion. C’était à la fois plus simple et plus compliqué : attraper le bonheur comme un gilet dans un placard. Trop impalpable, trop indéfinissable, en cela il ressemblait au sommeil qui ne venait pas si on y pensait.

Fifi avait une solution bien à elle, la vie n’était envisageable qu’à condition d' »être mince et d’habiter Paris ».

Une fois à Paris, les conditions s’enchaînaient toutes aussi surprenantes les unes que les autres. Parmi les plus saugrenues et en première position, elle avait trouvé : la nécessité d’être snob.»

Avis d’Enora

« N’oublie pas d’être heureuse » cette phrase, la narratrice en comprendra pleinement le sens des années après la disparition de son père. Car qu’est-ce que le bonheur pour la plupart d’entre nous ? Une constatation rétrospective, comparative, un moment de la vie dont on ne prend conscience que lorsqu’il a disparu. « Si j’avais su, j’aurais été heureuse » fait dire l’auteur à un de ses personnages. Il y a toujours une part de soi qui attend autre chose que ce que l’on vit, et il faudra des années et un drame, à la narratrice, pour s’en rendre compte. Pendant son enfance au Maroc, c’est sa tante Fifi qui la fait rêver à la ville, à Paris, l’empêchant de profiter des facilités de sa vie, a contrario de sa mère habitée d’une sagesse instinctive qui l’entraine à ne pas exiger plus qu’elle ne peut donner ou recevoir.

Ce qu’elle vit comme une inertie et une paresse maternelle, la poussera à partir sur Paris. Sa peur du choix la pousse alors, à penser que la liberté passe par le fait de n’avoir plus besoin des autres et de leurs conseils. Ce qu’elle espérait comme une seconde naissance dans la capitale, se soldera par une vie difficile non pas en elle-même mais parce qu’elle n’est pas la sienne. Mais elle s’accrochera dans les moments de doutes où ses rêves lui semblent dépasser ses capacités. A la fin du récit, elle a vingt ans et s’interroge encore sur là où elle veut aller mais elle aura appris une chose : la connaissance de là où elle ne veut pas aller.

Ce nouveau roman de Christine Orban est un grand plaisir de lecture. Avec une écriture délicate et douce amère, elle explore les doutes, les espoirs, les faiblesses, les regrets de l’enfance et de l’adolescence, les difficultés qu’il y a, à se construire pour soi-même et non contre les autres. S’approcher le plus possible de nos rêves et croire à notre capacité à les réaliser, vivre l’instant présent sans chercher constamment à se projeter dans un avenir qu’on imagine meilleur et plus beau, reconnaitre le bonheur dans tous les petits moments de la vie quotidienne, c’est ce à quoi Christine Orban nous invite à travers la lecture de son nouvel ouvrage.

Fiche technique

Format : broché
Pages : 218
Editeur : Albin Michel
Sortie : 7 janvier 2009
Prix : 16 €