Onirik : Pourquoi avez-vous choisi d’écrire une histoire de vampires ? Êtes-vous attirée par les vampires ?
Jennifer Rardin : J’ai toujours été fascinée par les vampires. Qu’est-ce qu’on n’aimerait pas chez eux ? La jeunesse éternelle et la beauté. La méga-force combinée avec la grâce et une rapidité phénoménale. La capacité de faire faire aux gens tout ce que vous voulez – comme porter un tutu dans une banque et chanter « I’m a Little Teapot » (NDT : une comptine enfantine américaine) à un agent de sécurité. (J’aurais quelques fous rires si j’étais un vampire.) Mais je m’égare.
J’ai écrit Jaz Parks s’en mord les doigts sur les encouragements de mon mari. Nous étions en train de discuter de la direction que je pouvais prendre pour mon prochain projet, et il savait combien j’aimais les histoires de vampires, alors il a suggéré que j’en écrive une. Ma première réponse était à peu près : « Hum, amusant pour moi. Pas vraiment pour mes lecteurs potentiels. Parce que, tu sais, toutes les bonnes histoires de vampires ont déjà été écrites. » Ce à quoi il a répondu : « Pas par toi. » J’ai pensé : « Cet homme marque un point ! » Donc j’ai décidé de me lancer.
Onirik : Aimeriez-vous que les vampires vivent avec les humains sur Terre, comme ils le font dans vos livres ?
Jennifer Rardin : Absolument pas. Très rares sont les vampires dans mes livres qui soient « civilisés ». La plupart du temps, ils sont le genre de prédateurs monstrueux et suceurs de sang que vous aimez dans votre fiction, mais que nous ne souhaiteriez jamais à votre pire ennemi dans la réalité. Nous avons assez de monstres humains rôdant sur Terre sans ajouter les vampires dans le tas. Bien que Vayl serait amusant à côtoyer. D’accord, peut-être qu’amusant est un terme inexact. Délirant et excitant ? Oui, c’est plus proche.
Onirik : Quelle sorte de littérature aimez-vous ? Quels sont vos auteurs et vos livres préférés ?
Jennifer Rardin : J’ai grandi en lisant des contes de fées et la mythologie. J’ai découvert la saga de Narnia en CM2 et la magie de Tolkien en quatrième. Avec ce type d’éducation , je parie que c’est logique de préfèrer la fantasy et la science-fiction, suivi par le style de thrillers des Jason Bourne. Mes auteurs préférés sont Stephen King, Michael Crichton, Tom Clancy, Ursula K. Leguin et le duo Weis & Hickman. Les livres que je lis encore et toujours sont The Stand, la série Gunslinger de Stephen King, The Left Hand of Darkness, State of Fear, et la saga Legends de Weis and Hickman.
Onirik : La fantasy urbaine (ou bit-lit) est arrivée en France il y a quelques années, en particulier grâce à Bragelonne et Milady (qui publie vos romans). Le phénomène est-il plus important aux Etats-Unis ?
Jennifer Rardin : Je ne suis pas certaine qu’important soit le bon terme. Peut-être plus largement accepté ? Les films comme Blade ou Underworld, et les auteurs comme Laurell K. Hamilton et Kim Harrison, ont contribué à faire sortir le genre du fond des étagères et les placer sur le devant des magasins. Maintenant, avec la saga Twilight bénéficiant d’une telle popularité et les personnages de Charlaine K. Harris en vedette dans leur propre série sur HBO, c’est clair que les gens sont davantage demandeurs de belles histoires liant les vies humaines à celles des créatures dont nous avions peur les uns des autres pendant des centaines d’années.
Onirik : Jasmine est une femme très moderne, courageuse, amusante et sexy. Pourquoi avez-vous choisi de raconter l’histoire de son point de vue ? Est-ce parce que vous vous êtes inspirés de vous-mêmes pour construire ce personnage?
Jennifer Rardin :J’ai commencé à écrire la saga à partir d’une narration à la troisième personne. C’est plus facile pour de nombreuses raisons, car vous pouvez montrer plus d’action et plus de points de vue de différents personnages. Mais à peu près à la moitié du premier jet, j’ai réalisé que l’histoire allait tomber à plat. Heureusement, j’ai su comment y remédier.
Chaque fois que je reprenais le roman, j’entendais la voix de Jaz dans ma tête, insolente, pleine d’esprit, peinée mais refusant de s’attacher, donc j’ai finalement pensé « C’est elle qui devrait raconter l’histoire. Cela va être plus difficile à écrire, mais je pense vraiment que c’est la bonne chose à faire. »
Concernant l’inspiration, je pense que Jaz s’est développée dans ma tête durant une période de plusieurs années, parce que je peux voir des facettes d’elle dans des écrits plus anciens. Elle est moins moi que la fille que j’aspirais d’être il y a 20 ans si j’avais été plus impétueuse, plus courageuse, plus dure, et beaucoup moins encline à me soucier des conséquences.
Onirik : La relation entre Jaz et Vayl est inhabituelle, avec un mélange de professionnalisme, de respect, de confiance et d’amitié. Auront-ils une relation amoureuse ? Aurons-nous davantage de précisions sur le passé de Vayl et ses sentiments pour Jaz ?
Jennifer Rardin : Je suis heureuse que vous ayez relevé le caractère unique de leur relation. Je voulais qu’elle soit différente de ce qui se fait habituellement et que vous voyiez entre les protagonistes quelque chose de crédible et d’encore neuf.
Je dirai que nous avons un bon potentiel pour une histoire d’amour entre Jaz et Vayl, à condition qu’ils puissent tous deux gérer avec leur problèmes personnels ce qui pourrait aller dans le sens d’une relation durable.
Je révèlerai des bouts du passé de Vayl au fur et à mesure que la série progressera, mais particulièrement dans le quatrième livre (Bitten to Death). Bien évidemment, il est difficile d’avoir son point de vue sur quoi que ce soit étant donné que les livres sont du point de vue de Jaz, mais vous comprendrez sa vision sur le monde et Jaz plus clairement à chaque nouveau livre.
Onirik : Nous n’avons pas encore eu la chance de lire votre deuxième livre, Another one bites the dust, en France. Pouvez-vous nous en dire davantage sur ce roman ?
Jennifer Rardin : Another one bites the dust prend place dans à Corpus Christie, au Texas durant un festival de fiction, dans lequel nos héros font semblant de faire partie du spectacle (parfois avec des résultats hilarants). Leur mission est de retrouver un vieux vampire chinois qui a volé une technologique vitale aux intérêts américains. Bien sur, le plan prend de l’ampleur à mesure qu’ils avancent. De nouveaux monstres apparaissent, devant être vaincus. D’anciens problèmes traversent leurs têtes, devant être traités. Et, hum, la romance ? Je dirai que la température va certainement augmenter.
Onirik : Vous avez signé avec l’éditeur américain Orbit pour trois livres supplémentaires dans la saga. Félicitations ! Savez-vous déjà comment va finir la série ou projetez-vous une série plus longue ?
Jennifer Rardin : Merci ! Je suis vraiment ravie. Orbit est un éditeur phénoménal et je suis bénie d’être affiliée à eux.
Je ne sais pas comment la série se termine. Je sais qu’elle devra l’être un jour, mais à cet instant je me vois continuer avec elle aussi longtemps que l’éditeur montrera de l’intérêt et que les lecteurs voudront partager des aventures avec Jaz et Vayl.
Onirik : Comment vous organisez-vous avec votre famille lorsque vous écrivez ?
Jennifer Rardin : J’ai l’a chance d’avoir une incroyable famille qui me soutient. Peut-être que c’est ce qui se passe quand ils vous voient vous battre pour réaliser votre rêve année après année après année… et puis que le coup de téléphone arrive enfin !
Donc quand j’ai besoin de travailler la nuit (dans le cas d’une deadline menaçante ou d’un projet en plus comme celui-ci), ils sont gentils de me donner le temps dont j’ai besoin pour finir le travail. Toutefois, la famille a toujours été ma priorité. Donc j’essaye d’accomplir la majorité de mon écriture pendant que mon mari (un enseignant) est au travail et que mon fils (qui a 16 ans) est à l’école. Quand ma fille rentre de l’université, je laisse tout tomber donc nous pouvons sortir. Ça signifie que ma journée de travail court de 9h30 à 15h et puis de 21h à 23h30 à peu près (parce que j’écris toujours à l’heure du coucher. J’avais l’habitude de lire mais maintenant j’utilise ce temps pour écrire.) J’écris la nuit durant les week-ends, mais je laisse la journée complètement libre pour ma famille.
Onirik : Les couvertures de vos livres sont très jolies. Est-ce vous qui les avait imaginées ?
Jennifer Rardin : J’aimerais en être la créatrice, mais non, je n’ai rien à voir avec les couvertures. Orbit a juste la chance d’avoir un département artistique rempli de génies créatifs. Et je le dis sincèrement. J’ai aimé chaque couverture, et je rends grâce qu’elles soient si magnifiques, car elles font la différence dans le fait que les lecteurs vont se saisir du livre ou le laisser sur le rayonnage. J’aurai aimé dire que j’ai posé pour elles mais, euh, non ! (Ce bruit que vous venez juste d’entendre est ma famille entière s’écroulant sur le sol, en train de rire. Ah, et bien, qu’ils restent par terre !)
Onirik : Vous communiquez beaucoup avec les fans à travers vos différents sites. Est-ce que leurs avis sont très importants pour vous ?
Jennifer Rardin : Je prends un plaisir énorme à parler avec les fans et j’essaie de répondre à tous ceux qui me contactent. Après tout, qu’est-ce qu’un écrivain sans un auteur ? Comme je le vois, elle est une artiste sans objectif. Donc j’apprécie vraiment les gens qui prennent du temps pour mes histoires et puis prennent encore plus de temps pour me dire ce qu’ils ressentent. Parce que le temps est une denrée précieuse de nos jours, n’est-ce pas ?
Oui, les avis des fans signifient beaucoup pour moi et j’écoute tout ce qu’ils disent. Je peux ne pas être toujours d’accord, et je ne vais certainement pas toujours suivre leurs suggestions, mais j’évalue leurs commentaires. Ils sont la raison pour laquelle je suis dans ce métier, donc quand ils me disent que j’ai écrit quelque chose qui a rendu leur journée peu plus facile à supporter, j’ai l’impression d’avoir fait mon travail.