Présentation de l’éditeur
Angleterre, 1154
Sitôt veuve, Gwyneth de Northumbrie apprend avec stupeur que le roi, ou, plutôt, la maîtresse du roi, a décidé de la remarier avec Simon de Beresford, un familier de la Cour.
Convoquée à la Tour de Londres, Gwyneth est présentée à l’arrogant chevalier, qui, aussi furieux qu’elle de ces fiançailles forcées, n’essaie même pas de se montrer courtois. Et l’inquiétude de Gwyneth s’accroît encore quand elle apprend que Simon de Bereford, veuf comme elle, n’a pas moins de cinq enfants à sa charge et… une maîtresse !
Avis de Domino
Julie Tetel est un auteur bien trop rare dans la collection Les Historiques d’Harlequin. Seulement trois romans parus alors qu’elle renouvelle des thèmes classiques avec verve et brio. Quel dommage !
L’action de ce roman se déroule à la fin des guerres angevines qui voient s’affronter le roi Etienne et l’Impératrice Mathilde puis son fils Henri, duc d’Anjou, pour la couronne d’Angleterre. Cette guerre civile (magnifiquement évoquée par Ellis Peters dans les aventures de Frère Cadfaël ) trouvera sa conclusion à la mort du roi Etienne, la couronne passera au jeune Henri Plantagenêt, le très charismatique Henri II.
L’intrigue de ces Noces à la Cour est basique, l’affrontement de deux héros qui, malgré tout, sont très attirés l’un par l’autre. Simon et Gwyneth ne sont seulement pas adversaires parce qu’ils soutiennent chacun un parti différent, mais surtout parce qu’ils sont psychologiquement aux antipodes l’un de l’autre.
Simon est, pour reprendre une terminologie commode, un mâle alpha brut de décoffrage. C’est le type même du chevalier avant qu’il ne soit passé par le polissage de l’ère courtoise. Il est avant tout un guerrier qui ne s’embarrasse guère de subtilité. Quand il veut savoir si Gwyneth est enceinte, il lui demande tout de go sans prendre de gants ! Mais sa rudesse cache un cœur d’or et une loyauté sans faille. C’est un homme qui dit tout haut et sans détour ce qu’il pense, mais dans les moments les plus intimes il est capable d’une finesse et d’une délicatesse des plus inattendues.
Gwyneth est son opposé. Veuve après un mariage qui a duré 5 ans et qui n’a été qu’une succession de brimades, de coups et d’humiliations, elle s’est forgée une cuirasse et masque sous des dehors impassibles et très policés ses pensées profondes. Alors que Simon affiche clairement qui il est et ce qu’il pense, Gwyneth porte en permanence un masque et pèse soigneusement ses paroles et ses attitudes. Elle décortique le moindre mot, la plus infime mimique car elle sait que sa survie est au prix de ce contrôle constant. Leur rencontre ne pouvait qu’être explosive d’autant plus qu’un puissant désir vient attiser leur antagonisme. Leurs relations sont des plus orageuses, un décret royal les obligeant à se marier alors que ni l’un ni l’autre ne le désire.
Julie Tetel exploite ce thème archi-rebattu avec finesse mariant drôlerie et émotion et faisant ressortir le meilleur de ses héros. Si la réserve voire la sournoiserie de Gwyneth peut parfois mettre mal à l’aise, ce sentiment est vite battu en brèche par le rappel des avanies subies lors de son premier mariage. Après avoir tant souffert, on ne peut que comprendre les réserves de l’héroïne et la prudence dont elle fait preuve. Les maladresses voire la balourdise de Simon viennent égayer le récit et le lecteur s’amuse beaucoup de leurs joutes oratoires.
Le climat politique, les intrigues de la Cour, la guerre civile qui ravage le pays viennent compliquer un peu plus les relations entre les deux héros. La suspicion de Simon, l’extrême réserve de Gwyneth sont à l’origine de nombreux malentendus entre les deux héros sans parler des agissements dans l’ombre du méchant de service. Le roman oscille ainsi entre situations cocasses, dialogues à double sens très drôles et scènes à la fois tendres et sensuelles. La lecture de Noces à la Cour rappelle certains romans de Julie Garwood. On y retrouve la même légèreté, la volonté de ne pas s’appesantir sur les aspects les plus sordides.
Le roman est construit sur une trame classique qui évolue sans surprise vers un dénouement attendu. Cependant, jamais on ne s’ennuie à la lecture de ce roman et c’est avec beaucoup de plaisir qu’on suit les aventures de Simon et de Gwyneth.
Noces à la Cour de Julie Tetel est une excellente introduction à la collection des Historiques d’Harlequin. Il peut être l’occasion de découvrir ou de redécouvrir un auteur trop rare et dans le même temps de plonger dans une époque trop peu connue de l’histoire anglaise, du moins en France, celle où les français régnaient sans partage sur l’Angleterre…
Fiche Technique
Format : poche
Pages : 342
Editeur : Harlequin
Collection : Les Historiques
Sortie : 1 octobre 2008
Prix : 5,80 €