Présentation de l’éditeur
« Depuis le premier exil vers des territoires plus cléments, fugitive de la guerre à l’âge de dix-sept ans, j’avais toujours recherché l’apaisement dans l’étrangeté ; en sondant le mystère d’autrui, je pacifiais mes propres démons. »
L’espace d’un an, l’année du Cochon de Feu, soit entre février 2007 et février 2008 selon le calendrier chinois, Anna Moï a séjourné sur des territoires où son regard fut encadré par une deuxième fenêtre, celle de sa vie intérieure. En se baladant entre Saigon, Paris, Bangkok, Bombay, Rome, Venise, New York, Los Angeles, Guadalajara, invitée à des rencontres littéraires ou par simple rapprochement de sa famille éclatée sur différents continents, elle livre ses désirs de « Maison du Bonheur » et les aspects doux-amers de l’éviction de sa maison saïgonnaise en les intercalant avec une histoire d’amour, des observations sur l’actualité internationale, des quiétudes et des inquiétudes d’artiste, de femme et de mère.
Avis d’Enora
L’année du cochon de feu est une sorte de journal à la chronologie malmenée qui raconte un an de sa vie en infiltrant les éléments du passé comme dans un roman. Carnet de voyage, carnet de réflexions, récit d’une itinérance qui l’emmène de Saigon à Paris, en passant par Bangkok, Bombay, Rome, Venise, New York, Los Angeles et Guadalajara, ce journal est aussi un livre de rencontres humaines. Anna Moï nous y livre ses points de vue sur le monde, le Vietnam mais aussi sur le monde littéraire et la France.
Elle reprend ce style devenu rare dont l’écriture superbe suit le mouvement chaloupé de sa vie. Le voyage est pour elle un stimulant à l’écriture, c’est l’occasion de faire des rencontres qui seront l’émulation pour de prochains romans car comme elle le confie, on écrit toujours avec une certaine oblique. Et son prochain roman se construira peut-être autour du témoignage de ces femmes qui sont arrivées, enfants, aux USA par les boat-people dans les années 70/80.
Anna Moï est un des écrivains français qui maitrise le mieux cette langue. Son pluriculturalisme, son enfance nourrie de mythes, son gout du chant donnent à son écriture une poésie, une musicalité et une richesse absolument unique. Elle est un écrivain voyageur, « sondeur impénitent du verbe et des continents ». Elle vagabonde à travers le monde pour arriver aux contrées littéraires, les plus propices à sa liberté. « La langue est une matière merveilleuse ; argileuse et malléable mais aussi charpentée par un ensemble de règles complexes ; elle me fait penser à la sculpture : sur une armature en fer, l’artiste applique une terre molle et modèle une œuvre. Au final, celle-ci est fluide ; nul ne peut deviner la forme de la structure métallique sous-jacente. »
Ce journal est une richesse, non seulement pour les lecteurs qui ont été sous le charme des romans précédents de l’auteur, mais aussi pour les réflexions qu’il soulève. Rien que pour son regard de citoyenne du monde sur la France, à la fois amicale et lucide, il mérite d’être lu, aussi bien par ceux qui se targue de faire partie de l’élite intellectuelle française, que par monsieur et madame tout-le-monde. Cela permettrait enfin de passer de la masturbation intellectuelle sur notre prétendue grandeur passée à une rencontre amoureuse avec le monde, les autres, en les reconnaissant dans leur altérité et en nous enrichissant de leurs différences.
Fiche technique
Format : broché
Pages : 376
Editeur : Editions Du Rocher
Collection : Gens d’ici et d’ailleurs
Sortie : 18 septembre 2008
Prix : 19 €