Outside Valentine – Avis +

Présentation de l’éditeur

Hiver 1957-1958, au Nebraska. Caril Ann, une adolescente se laisse emporter par le tourbillon de violence où l’entraîne son petit ami, jusqu’à participer à l’une des plus célèbres tueries de l’histoire américaine. Il sera exécuté. Elle, emprisonnée. Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Cinq ans plus tard, on retrouve une autre jeune fille, Bouchon, qui guette avec passion son jeune voisin dont les parents ont été abattus lors du massacre. Trois décennies plus loin, c’est un antiquaire qui se réveille obsédé par le rêve d’une tache de sang qui s’élargit lentement sur son col de chemise.

Avis d’Enora

Ce livre est inspiré par un fait divers, la cavale meurtrière de Charles Starkweather, 19 ans et de sa compagne Caril Ann Fugate, 14 ans, qui couta la vie à onze personnes en 1957 dans le Nebraska. L’odyssée sanglante de ces deux adolescents avait déjà été retracée par Terrence Malick dans son premier film, Badlands et par Oliver Stone dans Tueurs nés. Ce road movie de la folie s’était achevé un an plus tard et fut sanctionné par la peine de mort pour Starkweather.

Liza Ward n’a pas fait ce choix au hasard puisque ses grands-parents paternels furent deux des victimes du couple infernal. Elle présente leur histoire à travers trois voix et trois époques, marquant ainsi les répercussions que cette tragédie a eu sur les générations suivantes.

La première est celle de Caril Ann, adolescente paumée et angoissée, rêvant d’évasion et d’amour fou, qui va se retrouver en pleine confusion, à subir la folie de son compagnon, sans jamais prendre conscience de la réalité ni de son irresponsabilité.

La seconde est celle de Susan, quelques années plus tard. Susan est une jeune fille attirée par Lowell, un adolescent que le drame a laissé orphelin. Elle, que sa mère a abandonnée, cherche dans sa fascination pour le drame qu’il a vécu, à oublier son propre son traumatisme.

Trente ans plus tard, Lowell cherche à échapper à l’échec de sa vie. Paralysé par le drame de son enfance, il a été incapable de s’investir émotionnellement dans sa relation de couple ainsi que dans sa fonction de père. Il va devoir affronter un passé qui ne se laisse plus étouffer et trouver sa rédemption dans le retour au Nebraska.
Le père de Liza Ward a servi de modèle pour le personnage de Lowell. Pour écrire ce récit, elle a dû faire de nombreuses recherches sur la mort de ses grands-parents. Ses parents lui ayant toujours camouflé plus ou moins la vérité. Ce livre fut pour elle et sa famille, une sorte de catharsis, elle fait d’ailleurs dire à l’un de ses personnages «Ton passé devient le passé de ta famille actuelle, et les choses que tu ne veux pas aborder, ressortent comme le linge sale de tes enfants ».

Sans jugement, sans chercher à faire comprendre ou à condamner, Lisa Ward commence par aborder le drame de l’intérieur. Chaos et folie, amour et mort, confusion et désastre. Mais la partie la plus importante de son ouvrage est cette recherche des conséquences et des répercussions qu’un drame de ce genre peut avoir sur plusieurs générations. Son écriture est sensible et pudique, un peu trop peut-être. La distance qu’elle maintient entre elle et son histoire donne à son texte un coté documentaire qui empêche le lecteur de rentrer en empathie avec ses personnages. Mais il n’en reste pas moins que ce premier roman est superbe avec une structure complexe et totalement maitrisée.

Fiche technique

Format : poche
Pages : 438
Editeur : 10/18
Collection : Domaine Etranger
Sortie : aout 2008
Prix : 7,90 €