Les couleurs du crime – Avis +

Présentation de l’éditeur

Étrange expérience pour un peintre que de découvrir au matin qu’il a travaillé en somnambule et représenté des faits réels. Des meurtres, par exemple… Tout s’est déréglé dans l’existence de Sweeney, artiste à la carrière jusque-là sans histoires. Ne s’est-elle pas prise d’une folle attirance sensuelle pour le mari de sa galeriste ? Et lorsque celle-ci est sauvagement assassinée à coups de couteau – un épisode qu’elle a peint également -, Sweeney plonge dans un cauchemar. Un seul espoir : que son mystérieux pouvoir lui permette de peindre aussi le visage de l’assassin…

Deux doigts de paranormal, un zeste d’érotisme et une tension qui ne se relâche pas : tels sont les ingrédients grâce auxquels Linda Howard est parvenue aux États-Unis à une place de premier plan dans le romantic suspense

Avis de Domino

Linda Howard aime mêler les genres. Dans Les couleurs du crime elle reprend une recette maintes fois éprouvée, une énigme policière mâtinée de paranormal. Ici, comme dans Un fascinant regard, il n’est plus question d’un médium qui vit les crimes en direct, mais d’une jeune femme artiste qui peint de façon prémonitoire des meurtres pendant des phases de somnambulisme. Son plus grand problème est de faire admettre à une police sceptique qu’elle n’est pas l’assassin. Linda Howard ne manquant pas d’humour choisit de plus de doter son héroïne de dons des plus surprenants. Outre sa faculté à voir les fantômes qui hantent notre monde, les feux passent au vert à son approche, les places de parking se libèrent, ses plantes vertes sont luxuriantes et elle devine les réponses aux jeux télévisés avant même que les questions n’aient été posées ! Alors que Marlie, l’héroïne d’Un fascinant regard émergeait de ses transes épuisée, vidée de toute énergie, Sweeney, elle, doit faire face à des crises hypothermie des plus spectaculaires. Linda Howard ayant choisi de donner un ton résolument comique à son roman, la seule façon de se réchauffer pour l’héroïne est de faire l’amour avec le héros. Le ton est donné et malgré les épisodes effrayants qui jalonnent le roman, la touche humoristique viendra en permanence alléger le récit.

Linda Howard construit une intrigue policière astucieuse qui maintient le suspense jusque dans les dernières pages du roman. En effet, c’est en terminant le tableau du crime que Sweeney découvrira le visage de l’assassin… en même temps que le lecteur. Cette découverte donnera lieu à une scène des plus haletantes qui conclut le roman d’une fort belle manière.

Sweeney est une héroïne très attachante, dotée d’une détermination sans faille et cependant capable de s’abandonner. Elle est devenue un peintre qui commence à se faire un nom malgré une enfance chaotique et traumatisante. Forte des expériences vécues dans sa jeunesse, elle s’est forgé un caractère des plus trempés. Face à elle Richard n’est pas en reste. C’est un milliardaire qui a bâti sa fortune en réaction à une enfance marquée par la pauvreté et le travail. Il n’a jamais oublié d’où il venait et les valeurs inculquées par sa famille ont guidé sa vie. Il arrive à un tournant de sa vie quand il rencontre Sweeney. Richard reconnaît tout de suite en elle, son alter ego mais il ne s’imposera à elle que lorsqu’il la sentira disponible. Il diffère en cela notablement du mâle howardien, dont Dan (Un fascinant regard) et Sam (Mister Perfect) sont les dignes représentants. Cependant, tout comme eux, le moment venu, Richard saura se montrer insistant voire envahissant pour le plus grand plaisir de l’héroïne. Leurs rencontres à la fois explosives et sensuelles émaillent le roman et tous deux apportent un peu d’humanité au monde qui les entoure.

C’est peut-être là que le bât blesse dans ce roman. Les autres personnages sont un peu trop caricaturaux dans leur soif de puissance et de richesse. Linda Howard crée un monde sans nuance, un peu trop manichéen pour qu’on adhère totalement au roman. Il y a d’un côté les bons qui bien sûr vont gagner et les méchants qui mourront ou seront châtiés. Tout comme les héros sont parfaits (ils attendront que Richard soit veuf pour assouvir leur désir mutuel !) les méchants ont tous les vices, sont assoiffés d’argent, obsédés par le sexe et drogués à l’occasion…A cet égard, le portrait du politicien Carson McMillan vire rapidement à la caricature, frisant même le ridicule.

L’exploitation de la veine comique fait illusion un moment mais ne parvient pas à masquer la vacuité du propos. Il y avait là matière à un excellent roman avec une intrigue solide et des personnages intéressants. Malheureusement le parti pris de Linda Howard de vouloir faire rire à tout prix affadit notablement son roman. On est très loin de la charge émotionnelle d’Obscure prémonition ou du Secret du lac. Une fois le roman terminé le lecteur s’est diverti mais ne peut s’empêcher de penser qu’il y manque quelque chose. C’est un peu comme une coupe de champagne, c’est festif sur le moment mais deux heures après il n’en reste rien…

Fiche Technique

Format : poche
Pages: 313
Editeur : Le Livre de Poche
Sortie : 8 septembre 2004
Prix : 6,50 €

Paru sur Blue Moon