Le bébé d’une autre – Avis +

Résumé de l’éditeur

Le jour où sa jeune sœur a besoin d’un refuge pour accoucher, Hope pense spontanément à Enchantment — la maternité où elle a été accueillie lors de sa grossesse, dix ans plus tôt. Elle se réjouit déjà d’y retrouver Lydia, la directrice au cœur d’or, et surtout Parker, l’administrateur qui s’est généreusement occupé de faire adopter le bébé qu’elle ne pouvait élever, un homme séduisant et tendre.

Mais au grand étonnement de Hope, Lydia semble embarrassée par son retour et Parker la regarde comme une intruse. Que s’est-il donc passé, depuis son départ d’Enchantment ? Lydia et Parker lui ont-ils joué la comédie de la tendresse, autrefois ? Elle ne veut pas y croire. Ils semblent lui cacher quelque chose. En rapport avec son bébé adopté il y a dix ans ? Profondément troublée, Hope a soudain l’intuition que ce retour vers le passé va lui révéler des vérités qu’elle ignore…

Avis de Callixta

On peut faire confiance à Brenda Novak pour trouver des histoires originales et des angles nouveaux dans la romance contemporaine. Dans Sanctuary, elle bouscule pas mal de préjugés sur les collections de l’éditeur Harlequin et sur les mini-séries qui se multiplient. Ce livre fait en effet partie d’une saga consacrée à un lieu unique : un dispensaire qui accueille des jeunes femmes enceintes, au Nouveau-Mexique dans la petite ville de Enchantment.

Brenda Novak apporte sa pierre à l’édifice en racontant l’histoire difficile de Hope Tanner, une jeune femme de vingt-sept ans qui a abandonné son enfant dix ans auparavant dans ce dispensaire. Enceinte à dix-sept ans de son petit ami, son histoire n’a pourtant rien de banale : elle s’est enfuie de la communauté polygame où elle est née d’un père qui a de nombreuses épouses et une trentaine d’enfants. Hope est une rebelle : amoureuse de Bonner, un jeune homme de son âge, elle a voulu échapper à la règle qui veut que la communauté (et Dieu) choisisse le mari de sa fille. Devant l’échec de ce choix et la défection de Bonner, elle a fui. Après avoir abandonné son enfant, une petite fille, croît-elle, qui aurait eu du mal à ne pas connaître le même sort qu’elle, elle a refait sa vie mais reste profondément marquée par son histoire. Elle a du mal à s’impliquer dans une relation avec un homme et souffre de son isolement. Après dix ans, elle a enfin le courage de revenir dans sa communauté et ce qu’elle découvre l’horrifie : son oncle, un pervers qu’elle devait épouser, a été marié à sa propre sœur et la jeune fille de dix-huit ans est enceinte de ses œuvres. Hope va tout faire pour la sortir de là.

L’histoire est vraiment étonnante et sort des sentiers battus. Elle l’est encore plus dans la façon dont Brenda Novak va la traiter.

Elle passe beaucoup de temps à dénoncer (quel réquisitoire…) le style de vie de ces communautés religieuses de l’ouest des États-Unis qui pratiquent la polygamie, interdite pourtant par la loi américaine, mais qui persistent grâce à une certaine indulgence des autorités. C’est passionnant mais un tantinet longuet puisque près de 100 pages d’un livre qui en compte 300 sont consacrées à mettre en place l’histoire et à faire le portrait de ces ultra-religieux. Cela va réduire d’autant le temps consacré à l’histoire personnelle de Hope qui est tout aussi intéressante. Et c’est fort dommage parce que les personnages sont passionnants et on adorerait avoir plus de détails encore sur eux.

Ainsi, Hope retourne avec sa sœur enceinte là où elle a elle-même trouvé du secours. Mais elle découvre avec étonnement qu’elle n’est pas accueillie à bras ouverts. En effet, Lydia, la gynécologue et directrice du centre qui a suivi sa grossesse et réglé l’adoption a accepté de confier l’enfant de Hope à Parker, l’administrateur du lieu dont la femme malade ne peut porter de bébé. Non seulement, c’est illégal mais ils ont menti à Hope en prétendant que le nourrisson était une petite fille.

On le voit, Brenda Novak n’hésite pas à placer ses héros dans des dilemmes cornéliens et à explorer les tréfonds de la culpabilité et du mensonge. Mais elle manque d’espace pour faire ça et va très vite passer sur les explications fondamentales entre Parker et Hope et la découverte de la vérité. Dommage…cela aurait certainement donné un très grand livre. Cependant, le roman garde un charme certain : Parker est troublant entre sa culpabilité et la défense acharnée de la situation puisque reconnaître le mensonge serait risquer son fils. C’est aussi un homme séduisant et viril comme sait les camper Brenda Novak. Enfin Hope est magnifique de courage et de résilience, elle qui a dû toute seule refaire sa vie après avoir échappé à sa secte lobotomisante.

Ce livre pèche finalement par ce qui est la force de Brenda Novak aujourd’hui : la construction de l’histoire. Mais on trouve déjà les explications nuancées, sans jugement et la finesse psychologique de cette auteur. Malgré ces maladresses, c’est une histoire surprenante et belle qui se lit avec plaisir.

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 288
Editeur : Harlequin
Collection : Emotions
Sortie : 1 novembre 2005
Prix : épuisé disponible sur les sites de vente de livres d’occasion