Une passion africaine – Avis –

Présentation de l’éditeur

Afrique, 1899. En cette fin de dix-neuvième siècle, peu de femmes osent s’aventurer en Afrique. Pourtant, Meg Owen, une jeune Ecossaise, n’hésite pas à partir avec Jenny, sa fillette de cinq ans. Une épuisante croisière à bord d’un bateau à vapeur les conduit à Suez, leur faisant ensuite traverser la mer Rouge, puis longer la corne de l’Afrique jusqu’à Mombasa, où s’achève leur périple. Mais, pour Meg, le plus difficile commence. Elle va maintenant devoir retrouver Cameron Mac Kenna, le père de Jenny, l’homme qu’elle a épousé cinq ans plus tôt et qui l’a quittée sitôt après leurs noces…

Le temps est venu de mettre un terme à ce mariage absurde. Pour refaire sa vie et offrir un avenir à Jenny, elle a besoin de recouvrer sa liberté, une liberté que Cameron est le seul à pouvoir lui rendre en lui accordant le divorce. La détermination de Meg à obtenir son indépendance est sans faille… à ceci près qu’elle appréhende leurs retrouvailles. Car comment réagira-t-elle en revoyant celui qui, l’année de ses dix-sept ans, lors d’une inoubliable nuit sur une plage déserte, a fait d’elle une femme?

Avis de Marnie

Nous en croyons difficilement nos yeux… Plusieurs fois, il vous arrivera de regarder la date de parution du roman en vous pinçant pour vérifier si vous ne cauchemardez pas ! Dans le même mouvement, vous pesterez en vous disant qu’il y avait tout ici pour faire un très bon roman !

Passons pour une fois rapidement l’aspect positif. Elizabeth Lane a su inventer une histoire palpitante où les péripéties s’enchaînent dans un rythme effréné, tout en insufflant de la passion, du danger, de l’amour… tout le cocktail nécessaire pour créer une intrigue qui se tient et que l’on suit sans aucun ennui, pris dans les méandres de l’action. Le récit commence sans aucun temps mort et Elizabeth Lane ne lâchera plus le lecteur : construction d’un train, éléphants, rhinocéros, hyènes, scorpion, soleil, sécheresse, mousson… nous sommes en Afrique et tout, vraiment tout y passe !

Mais voilà, nous nous retrouvons dans l’ambiance de l’épopée coloniale… avec la mentalité de l’époque ! Nous voici dans un racisme ambiant tellement évident que nous en restons stupéfaits… Notre héros a été choisi « pour ses talents de négociateur » afin de diriger les hommes qui construisent le chemin de fer qui traverse l’Afrique Noire pour s’arrêter aux chutes Victoria en Tanzanie. Pour cela, les Anglais « font travailler » diverses communautés d’Inde, notamment des méchants Sikhs… Voici comment nous voyons à l’œuvre Cameron Mac Kenna face à un ouvrier qui s’est fait porter pâle : « le dos tourné, il réprimandait vertement un coolie, à qui il adressait de cinglantes paroles, dans une langue que Meg supposa être de l’hindouistani. Le coolie, soumis, rampait à ses pieds comme un chien en pleurnichant »…

Cette écriture méprisante, condescendante et pernicieuse, nous la retrouverons tout au long du roman. Jamais, nos héros ne seront aidés que par des blancs, dont certains sont cupides (il en faut n’est-ce pas ?), mais qui apportent la civilisation. Nous avons l’impression d’être retournés dans l’ambiance du premier Tarzan au début des années trente… Tous les noirs sont des traîtres, des peureux, des lâches et qui vivent à l’âge de pierre. Pas une fois, la beauté de certaines traditions ou la différence de culture ne sera mise en valeur de quelque façon que ce soit ! Lorsqu’une tribu masaï fait son apparition, les réactions des héros sont si « colonialistes » que cela provoque un fou rire chez le lecteur, ce qui n’était certainement pas le souhait de l’auteur… Pour terminer, le méchant est un horrible arabe qui pratique la traite de blanches et d’enfants et qui bien évidemment est en plus homosexuel…

Il est difficile de croire que ce roman ait été écrit en 1994, cet exotisme de pacotille ayant bien heureusement disparu depuis les années 60. Et la beauté de l’Afrique, me direz-vous ? L’auteur laisse parler l’imagerie populaire, en évoquant des couchers de soleil magnifiques, de beauté des paysages, de faune et de flore exotiques… Elizabeth Lane nous réserve même un petit épisode Adam et Eve, où notre jeune héroïne réalise à quel point c’est agréable de ne plus porter de corset ! Peu intéressant n’est-ce pas ?

Le résultat est… une romance quelque peu nauséabonde, à éviter !

Fiche Technique

Format : broché
Editeur : Harlequin
Collection : Jade
Sortie: 1er juin 2008
Prix : 10,95 €