Présentation de l’éditeur
Angleterre, Régence. Contraint d’assurer sa lignée, sir Richard Wyndham se résout enfin à demander la main de miss Melissa Brandon, à laquelle il est officieusement promis depuis des années. Certes, la froideur de Melissa ne l’inspire guère, mais, comme son entourage se plaît à le lui répéter : « puisque aucune femme ne te conviendra jamais, celle-ci fera l’affaire aussi bien qu’une autre. » Le soir même, alors qu’il rentre de son club où il a noyé sa contrariété dans l’alcool, Richard voit une silhouette gracile s’échapper d’une maison par la fenêtre, à l’aide de draps noués. Nullement formalisé d’être ainsi surpris, le fugitif – qui se révèle être une fugitive – lui affirme s’appeler Penelope et s’être travesti pour fuir une union forcée…
Avis de Domino
Lire un Georgette Heyer, c’est comme boire un verre de citronnade bien fraîche par une chaude après-midi d’été. On est heureux de se désaltérer et on s’étonne d’éprouver tant de joie à retrouver ce plaisir simple de l’enfance.
Le lecteur n’oubliera pas de sitôt le couple improbable formé par Pen, un adorable garçon manqué, fantasque, pleine de vivacité qui déboule comme un tourbillon dans la vie si ordonnée et si morne de Richard, le type même du corinthien, d’où le titre original du roman, [[Le terme de « corinthien » était dérivé de Henry IV de Shakespeare « un Corinthien, un homme de bravoure…« , et suggérait l’idée d’un gentleman versé dans la pratique de sports masculins tels la boxe, l’escrime, l’équitation, les jeux de cartes, les combats de coqs, la chasse et la conduite d’attelage – Note de bas de page tiré de Jane Austen et l’héritage du comte de Stephanie Barron – Editions du Masque – Collection Labyrinthe]] le héros des salons, le maître étalon du dandysme ! Jamais couple ne fût si improbable et pourtant c’est avec brio que Georgette Heyer conte leur rencontre tout aussi insolite qu’inopinée, les aventures qui en découlent et la naissance de leur amour.
Dans ce roman, foin de description psychologique interminable, c’est l’action qui prime et l’intrigue se déroule à un rythme d’enfer, menée tambour battant. Les aventures se succèdent sans temps mort, les événements s’enchaînant sans rupture amenant leur cortège de remarques ou de situations comiques. Dans son déroulement, l’histoire fait penser par moment à une pièce de Feydeau au mécanisme d’horlogerie bien huilé, avec sa cohorte d’importuns et de fâcheux qui font leur entrée en scène au plus mauvais moment, avec ses inévitables malentendus et ses billets tardivement remis. Toute la panoplie du théâtre de boulevard est ainsi mise à contribution donnant vie à une intrigue particulièrement échevelée.
Le point de départ étant un mensonge (ici, Pen se travestissant en garçon et se faisant passer pour le neveu de Richard) et comme il se doit, un mensonge en amenant un autre les deux héros sont entraînés dans une succession de quiproquos et de situations comiques pour la plus grande joie du lecteur. De l’épisode du voyage en diligence à la rencontre d’un certain major fort irascible en passant par celle d’un pickpocket trop aimable pour être honnête, Georgette Heyer tisse une intrigue divertissante au plus haut point, rappelant fort à propos que la lecture peut être tout simplement un moyen d’oublier pour un temps la grisaille du temps présent.
Le style pétulant, brillant de Georgette Heyer colle parfaitement à l’histoire. Les remarques caustiques de Richard, l’impertinence de Pen, la fantaisie de leurs aventures où même la mort devient comique, tout concourt à la drôlerie du roman. Georgette Heyer ne révolutionne pas le genre mais tel un excellent artisan livre un roman, charmant, frais et enlevé qui séduira les amateurs de romance Régence.
Il convient de rendre hommage au travail du traducteur qui a su restituer avec bonheur toute la délicieuse fantaisie de Georgette Heyer. Scandale à Londres en fait n’est pas un verre de citronnade mais bien plutôt une flûte de champagne qui fait étinceler le quotidien !
Fiche Technique
Format : poche
Pages : 343
Editeur : Harlequin
Collection : Les historiques
Sortie : 1 juin 2008
Prix : 5,80€