La vie de Stanley Phillips, père de deux petites filles, bascule lorsqu’il apprend la mort de sa femme, Grace, tuée au service en Irak.
Comment annoncer à ses filles que leur mère les a quittés ? Stanley tente de repousser ce moment en conduisant les petites à un parc d’attractions en Floride, dans un voyage impromptu qui le met face à son chagrin.
Avis d’Enora
Il y a des films qui pâtissent de l’étiquette qu’on leur colle, Grace is gone en est un exemple parfait. Catalogué comme un film antimilitariste (peut être à cause de la présence de John Cusack, dont on connait les prises de positions politiques
Jim Strousse qui nous avait livré le magnifique scénario de Lonesome Jim, réalisé par Steve Buscemi, en 2005, passe pour la première fois derrière les caméras. Il réalise là un film subtil qui repose essentiellement sur le scénario et le jeu des acteurs.
John Cusack est dans un de ses meilleurs rôles. Loin de ses sempiternels personnages de séducteurs, il est ici complètement métamorphosé en chef de rayons, renfermé et introverti. Empêtré dans ses interrogations et ses contradictions psychiques, il l’est aussi dans son physique et dans sa démarche légèrement boiteuse, au point même de piéger les critiques « Si empâté que ses jambes frottant l’une contre l’autre l’empêchent de marcher » Libération, 28 mai 2008.
Pari réussi pour le jeune réalisateur qui livre un film intelligent, grave, traitant d’un sujet douloureux avec brio et sans jamais tomber dans l’écueil du mélo.
A noter la remarquable prestation de Shélan O’Keefe, très jeune actrice à suivre et la musique de Clint Eastwood qui se fond totalement et avec bonheur dans l’esprit du film.
[1] Il serait intéressant d’analyser plus profondément la réaction de la société vis-à-vis de ses soldats depuis la Seconde guerre mondiale. L’interdit du meurtre fait partie des trois interdits fondamentaux qui permettent la survie du groupe humain, avec celui de l’inceste et celui de l’anthropophagie, la transgression de ces lois symboliques amenant la disparition du groupe et la mort réelle ou psychique de l’individu.
En cas de guerre, le groupe lève l’interdit pour quelques individus à qui l’on délègue le droit de défendre la survie des autres. Pour ces individus qui transgressent une des lois fondamentales, il n’y a de survie psychique qu’à travers la reconnaissance du groupe. Or depuis la moitié du XXe siècle, les soldats à la fin des conflits sont rejetés
Fiche technique
Genre : drame
Durée : 92 minutes
Sortie : 28 mai 2008
Avec John Cusack, Alessandro Nivola, Gracie Bednarczyk , Shélan O’Keefe, etc.