L’héritier – Avis +

Présentation de l’éditeur

Une moto qui traverse la ville comme un cheval sauvage – et Sophie comprend aussitôt que l’homme qu’elle n’attendait plus est revenu. Que vient-il chercher tant de temps après, lui, le mauvais garçon qu’elle adorait mais qui l’a trahie, l’abandonnant sans même lui dire adieu quand il a fui la ville dressée contre lui ? Quel nouveau scandale apporte-t-il, ce rebelle que sa propre famille soupçonne d’être le fruit d’une liaison adultère ?

Bouleversée, partagée entre colère et désarroi, Sophie voudrait se raccrocher à l’hypothèse que Luke n’est rentré que pour faire valoir ses droits d’héritier en dépit de ses origines incertaines. Pourtant, elle redoute bien davantage qu’une motivation plus profonde, purement instinctive, le pousse à revenir sur les traces de leur passion brisée : Joe, ce fils auquel elle a donné naissance neuf mois exactement après le départ de Luke, et dont, en toute logique, il devrait pourtant ignorer l’existence.

Avis de Marnie

Ah ! Le bad boy qui revient chez lui, enfourchant sa moto, quatorze ans après avoir quitté la ville sur un coup d’éclat… C’est un thème récurrent dans la romance. Nous nous apercevons alors, nous identifiant à l’héroïne, qu’il a fait fortune, ou est venu crier vengeance pour telle ou telle raison ou qu’il s’est assagi mais reste provocateur, alors que la douce et sage héroïne attend tranquillement comme Pénélope le retour d’Ulysse, qu’il réapparaisse et elle oubliera alors le gentil fiancé bien comme il faut auquel on la destinait. La bonne idée ici… c’est qu’il ne s’agit rien de tout ça.

Luke, notre héros est par sa naissance un des deux fils héritiers du domaine le plus important de la région. Il n’a pas fait fortune (il n’en n’a aucunement besoin) mais a assouvi sa passion pour le danger et la moto et a juste appris à canaliser son énergie. Pendant ce temps, Sophie, qui n’a jamais été une douce et tendre héroïne, mais seulement une adolescente très perturbée, instable, sous la férule d’un père alcoolique et violent, placée plusieurs fois dans des foyers fournis par les services sociaux, s’est, elle, assagie par obligation. Mise dehors à 16 ans par son père, alors qu’elle était enceinte, Sophie est aujourd’hui adjointe du shérif et tente d’élever son enfant plus ou moins aidée par son père avec lequel elle entretient des relations cordiales à défaut d’être affectueuses. Mais attention, le suspense reposera sur des questions plus complexes et plus ambiguës que la découverte plus ou moins rapide par Luke d’une possible paternité !

Nos héros sont surtout humains. Chacun d’eux a fait des erreurs, certaines plus ou moins irréparables, et tentent d’agir en accord avec leur conscience. Rien n’est évident, chacun cache des secrets qui pourraient irrémédiablement transformer leur entourage et faire du mal même à l’un ou l’autre. Victimes de malentendus plus ou moins orchestrés par leurs proches, ils se sont séparés sur un coup de tête en adolescents irréfléchis et têtes brûlées qu’ils étaient tous les deux. Lorsqu’ils se rencontrent de nouveau, ils ont mûri et réalisent très vite que s’ils n’étaient pas capables à seize ans d’assumer une relation passionnée mais complexe, ils peuvent aujourd’hui faire face à leurs propres sentiments, mais c’est sans compter des ennemis de longue date qui ne se feront pas oublier.

Les personnages secondaires sont aussi intéressants qu’indispensables à la tension entre les différents caractères, précipitant par jalousie, cupidité, faiblesse ou seulement en étant manipulés les uns par les autres, le déroulement des évènements. Ainsi Heath, le frère de Luke, n’est pas ravi du retour de l’enfant prodigue, alors que son épouse, Kiki, amie de Sophie, se fait soudain très présente (certainement le personnage le plus intéressant de tous ceux qui gravitent autour de nos deux héros)… Mary la grand-mère de Luke et Heath espère enfin que le domaine sera géré de la façon qui lui convient, alors que Joe, le fils de Sophie, en pleine crise d’adolescence, se pose des questions sur l’identité de son père, sans compter Archie, le père de Sophie qui voue une haine profonde à Mary et sa famille…

Au final, nous avons une romance qui lorgne du côté des romantic suspenses, et qui n’hésite pas à nous montrer des héros avec aux vrais pieds d’argiles, ni mièvres, ni attentistes. Ils n’hésitent pas à se battre pour obtenir ce qu’ils veulent, et se sont forgés dans les épreuves, ce qui contribue à rendre l’atmosphère prenante et donner une vraie épaisseur à ce roman, beaucoup moins anodin qu’il pourrait le laisser croire !

Avis de Valérie

Carrie Alexander est un auteur qui affectionne les grands espaces du Wyoming. Ses personnages sont souvent à l’image de ces contrées sauvages, bruts, vrais, vibrants bien que blessés dans leur coeur ou leur corps.

Sophie Ryan est l’adjoint du shérif d’une petite ville de l’état. Vie respectable pour cette mère célibataire qui a passé son adolescence avec le gang de motards de la cité, les Mustangs. Plus particulièrement avec Luke Salinger, héritier de la famille Lucas, rebelle à l’autorité et à sa famille. Son départ précipité et sans un regard en arrière à laissé la jeune femme désespérée et… enceinte.

Sur cette trame pourtant classique, l’auteur nous offre un très joli roman qui n’a de prévisible que le squelette. Le retour de Luke après presque 15 ans d’exil va bien sûr réveiller beaucoup de sentiments ou ressentiments, mais également mettre à jour un complot qui remonte à loin, et bien plus que cela.

Sophie est assaillie par de nombreux cas de conscience que nous découvrons au fur et à mesure du récit. C’est une personne courageuse, qui a subit tous les affronts destinés à une jeune fille enceinte, vivant avec un père dépressif et alcoolique. Elle s’est construite, à force de persévérance, une respectabilité pour elle, son fils Joe, et son père surnommé ironiquement La Scie (il a perdu un bras à la scierie de la famille Lucas). Elle a pu acheter une petite maison qui lui donne ce refuge dont elle a été privée si longtemps.

Luke, lui, a fui après être entré par effraction chez le notaire de sa famille et mis accidentellement le feu. Il revient à Treetop pour une grande réunion familiale. Persuadé que sa petite amie de l’époque l’avait donné au shérif, il est empli d’amertume, puis comprend non seulement sa bêtise, liée au manque de confiance, mais aussi la fourberie de son frêre aîné qui n’a eu de cesse que de noircir l’image de son amour de jeunesse. A la fois partagé entre son désir de saisir la chance de renouer avec Sophie et fuir à nouveau, il va murir émotionnellement en s’imposant au sein de la dynastie.

Particulièrement bien écrit, le roman se lit d’une traite ou en plusieurs étapes si vous aimez faire durer votre plaisir. Le quotidien est décrit par touche précise ainsi que les pensées et émotions de chacun de protagonistes. Intelligent, agréable et jamais ostentatoire, il s’agit d’un bon cru de cette collection, Prelud’, qui a choisi de mettre en lumière les délicats événements qui amène une personne à tout d’abord se découvrir, s’accepter pour pouvoir vivre ensuite en toute sérénité une belle histoire d’amour.

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 343
Editeur : Harlequin
Collection : Prélud’
Sortie : 1er avril 2008
Prix : 4,95 €