Ushijima, l’usurier de l’ombre : tome 1 – Avis +/-

– Je me fais toujours rembourser !!

Au Japon il existe une institution non-officielle, interdite par la loi : les Yamikins. Ils prêtent de l’argent à ceux qui ne peuvent ou ne veulent pas avoir affaire aux organismes de crédit officiel. Soit les demandeurs ont trop emprunté, soit ils ne veulent pas que leur nom apparaissent sur des listes officielles. L’un de ces Yamikins se nomme Ushijima. Les intérêts qu’il pratique sont de 50% pour 10 jours. Évidemment, il est bien rare que les emprunteurs puissent rembourser. Mais Ushijima continue à prêter et les dettes s’accumulent. Au final le remboursement aura lieu. Au bout d’un moment les clients d’Ushijima sont appelées « esclaves » et font ses quatre volontés : prostitution, vente de leurs biens, ou bien servir de prête-nom pour des activités illégales.

Ce ne sont pas seulement les activités d’Ushijima qui sont décrites, mais la société japonaise et ses contraintes. Les clients d’Ushijima sont des femmes au foyer accroc aux jeux d’argent (le pachinko est une institution japonaise) ou bien de petits fonctionnaires ou employés se laissant dominer par leur femmes ou leurs enfants. On trouve également une jeune femme qui souhaite obtenir une condition sociale. Pour cela il faut voyager avec les autres employées, aller dans des restaurants chics, porter des vêtements chers. L’argent lui est accordé. Mais il faut bien qu’elle puisse rembourser. Très vite la seule solution passe par la prostitution. Mais pour supporter cette humiliation elle se résout à prendre des substances illicites, coûteuses et qui rendent accroc. D’où de nouvelles dépenses. Ushijima prête et sa clientèle attrape de nombreuses maladies sexuellement transmissibles. Ainsi l’auteur nous décrit la longue déchéance de quelqu’un qui a commis l’erreur d’ouvrir la porte du bureau d’un Yamakin.

Il y a aussi cet homme d’une trentaine d’années. Il aurait pu faire des études, mais il se trouvait trop intelligent pour ses professeurs. Il pourrait travailler, mais il a démissionné de tous ces boulots indignes de lui. Pourquoi ne pas jouer au pachinko ? Doué comme il est il pourrait vite devenir un pro et gagner beaucoup d’argent. Ushijima prète et son débiteur perd, encore et encore. La seule solution consiste à se jeter sous un train. Et c’est là que la critique de la société intervient car si de nombreuses personnes observent le futur suicidé s’approcher des rails et commentent la situation aucun n’intervient. Plus qu’un pas à faire et le train arrive. C’est alors que le sauveur intervient : Ushijima!

Son argument est simple :

– Si tu veux mourir fais-le après avoir pris une assurance-vie.

Ushijima se fait toujours rembourser.

Fiche Technique

Editeur : Kana
Collection : Big
Conception graphique : Joachim Roussel
Traduction : Pascale Simon
Adaptation graphique : Eric Montésinos
Sortie : septembre 2007
Prix : 7,35 euros
Inédit, poche, sens de lecture japonais, 224 pages noir & blanc