L’ombre du caméléon – Avis +

Présentation de l’éditeur

Charles Acland, un jeune lieutenant rescapé de la guerre en Irak, se réveille à l hôpital, à moitié défiguré, amnésique et avec une personnalité entièrement changée. Comment cet homme auparavant apprécié de tous, peut-il être désormais cet individu introverti, méprisant et violent qui évite tout contact ? Un psychiatre tente de l’aider à recouvrer la mémoire et à percer le secret de son identité morcelée…

Jugé inapte par l’armée, abandonnée par la société, fuyant sa famille et son ex-fiancée, Charles est bientôt livré au désœuvrement, à la solitude et à la rage. En proie à une soif évidente de vengeance, débordé par des accès de fureur toujours plus imprévisibles, il manque un soir de tuer un homme. Aussi, quand d’étranges coïncidences le plongent dans une sombre affaire de meurtres en série touchant d anciens soldats homosexuels retrouvés violés et battus à mort à leur domicile, la police a bien du mal à croire à son innocence… et il ne tarde pas à devenir le suspect numéro 1.

Avis d’Enora

Un grand coup de chapeau à Minette Walters pour s’être aventurée à traiter un sujet, ou plutôt deux sujets tabous, difficiles à entendre. Le premier est le retour des soldats traumatisés par la guerre en Irak, quant au second, je laisse le lecteur le découvrir pour ne pas lever le voile sur une intrigue originale et hors des sentiers battus.

Le lieutenant Charles Acland se réveille en Angleterre, seul survivant d’une attaque contre le char Scimitar qu’il conduisait en Irak. A moitié défiguré, borgne, sujet à d’importantes migraines, rejeté par l’armée,le jeune homme est en proie à de brutales crises de violence. Est-ce dû à son traumatisme se demande le psychiatre qui le suit ? Son ex-fiancée décrit le Charlie d’avant la guerre comme un caméléon, un être qui projetait de lui des images différentes selon les gens qui l’entouraient, un homme qui s’évertuait à fuir les conflits mais était aussi susceptible d’explosion de rage. Charles de son coté affirme que cette femme est une manipulatrice qui se servait de lui. Que s’est-il vraiment passé pendant les derniers jours avant son départ en Irak ? D’où viennent cette honte et cette culpabilité que le psychiatre pressent chez son patient ?

Évidemment quand Charles se retrouve à plusieurs reprises sur le chemin de la police qui enquête sur des meurtres en série d’anciens soldats homosexuels, il devient le suspect idéal. Charles est-il un psychopathe dont la guerre a révélé la vraie nature ou un paumé « bousillé à l’intérieur autant qu’à l’extérieur », dont l’attitude oscille entre l’explosion de rage et le martyre souffrant, et qui se réfugie dans Kierkegaard pour se persuader que la vie n’est pas un problème mais une réalité dont il faut faire l’expérience? Serial killer ou serial victim du hasard et de la malchance ?

Minette Walters distille un suspens à la limite du soutenable dans une atmosphère oppressante. Elle dresse avec finesse le très complexe portrait d’un homme, qui pris dans la culpabilité du survivant et dans l’incapacité à donner un sens à ce qu’il a subi, devient obsédé par le hasard et va chercher à attribuer un sens aux événements aléatoires. Un homme qui se refuse tel qu’il est et ne peut supporter de vivre avec le souvenir de celui qu’il a été.

Avec L’ombre du caméléon, Minette Walters continue à explorer l’âme humaine dans ses cotés les plus sombres et les plus dérangeants, fouillant dans les traumas et les perversités familiales. Contrairement à d’autres auteurs que le succès assoupit, Minette Walters ne se laisse jamais aller à la facilité et continue à nous surprendre à chaque nouveau roman.

Fiche technique

Format : broché
Pages : 400
Editeur : Robert Laffont
Collection : Best-sellers
Sortie: 3 avril 2008
Prix : 22 €