Exit Wounds – Avis +

– Yossi l’a mis à la porte un quart d’heure avant la catastrophe. Il ne supportait pas que Hayim bassine les clients avec sa pétition. On peut dire qu’il lui a sauvé la vie.

Kobi Franco après une nuit passée au volant de son taxi dans les rues de Tel Aviv ne souhaite qu’une seule chose : dormir. Mais il a été demandé pour une dernière course à un poste militaire. En fait, en guise de client, il se trouve face à une femme-soldat de deux mètres de haut qui souhaite lui parler de son père. Lors d’un des nombreux attentats, l’une des victimes n’a pu être identifiée et il est possible que ce corps soit celui du père de Kobi.

Ce père que Kobi n’a plus vu depuis des années est-il décédé ? Comme les indices sont minces pourquoi ne pas vérifier ? Un coup de fil apporte une réponse automatique : « Le numéro de téléphone n’est plus attribué« . Bon, une visite au domicile du paternel s’impose et la seule chose qui soit sure c’est que personne n’y est passé depuis quelques jours. Dès lors commence une enquête auprès des autorités, des témoins rescapés de l’attentat, des deux maîtresses de son père ainsi que de sa nouvelle femme.

Quant au corps non-identifié une analyse A.D.N. est pour le moment impossible. Comme l’explique en souriant l’employé de l’institut médico-légal : « Nous ne gardons pas les corps plus d’un mois. Les chambres froides sont surchargées. Dieu merci, il n’y a pas pénurie de cadavres dans ce pays« . Il est donc nécessaire de procéder à une exhumation. Mais les pompes funèbres sont en grève.

Cette BD [[qui a obtenu le prix Essentiel au festival de BD d’Angoulème 2008 et le prix France Info de la bande-dessinée d’actualité et de reportage]] nous décrit la société israélienne, vivant un état de guerre permanent. Qu’ils appartiennent à la classe très moyenne ou bien qu’ils vivent dans l’équivalent local de Beverly Hills, les habitants d’Israël s’adaptent. Les chauffeurs de taxis apprécient que de plus en plus de gens craignent de prendre le bus à cause de la peur des attentats. Les médecins légistes discutent de leur prochain repas tout en découpant les tripes d’un cadavre. Un client râle car depuis que le patron du restaurant a été tué dans une explosion, sa veuve ne fait plus de rabais. La vie continue au milieu des personnes en deuil et celles qui ignorent si elles le sont.

Pour nous décrire cette histoire émouvante, l’auteur [[Fou de cirque (Albin Michel), Energies bloquées (Actes Sud) ]] utilise un dessin rappelant la ligne claire mais en rendant l’arrière-plan flou. Hormis ce détail on peut observer une ressemblance du style avec celui de Blitz [[scénario de François Rivière, dessin de Floc’h relatant le bombardement de Londres durant la seconde guerre mondiale (Albin Michel)]] ce qui correspond assez bien au contexte.

Fiche Technique

Traduction de l’hébreu : Rosie Pinhas-Delpuech
Editeur : Actes Sud BD

Sortie : novembre 2007
Prix : 20 euros
Inédit, moyen format, 176 pages couleurs