L’Héritier des Kendrick / Celle par qui le scandale arrive – Avis +

Présentation de l’éditeur

L’héritier des Kendrick de Christine Flynn

Depuis longtemps, Madison poursuit un rêve inaccessible : ouvrir un restaurant. Un rêve qu’elle désespère, faute de moyens, de voir devenir réalité. Jusqu’au jour où, ayant rencontré par hasard Cord Kendrick, héritier d’une des plus prestigieuses familles de Virginie, quelle n’est pas sa surprise lorsqu’il lui propose de s’associer avec elle. Troublée par les attentions dont Cord l’entoure, flattée d’avoir su susciter son intérêt, Madison hésite cependant à accepter son offre. Car, régulièrement, les aventures sentimentales de Cord font la une des journaux à scandale et elle craint qu’il ne l’oublie aussi vite qu’il s’est épris d’elle.

Celle par qui le scandale arrive de Helen R. Myers

Le jour où elle voit sa réputation menacée par un scandale auquel sa fille est involontairement mêlée, Eva Danielle décide de faire appel au juge Dylan Justiss. Dylan, son ancien professeur d’université. Dylan que seule la différence d’âge et de statut a empêché de vivre avec elle leur passion partagée… Mais au moment de revoir celui qu’au fond d’elle-même elle aime encore, un doute envahit Eva. Et si Dylan avait changé ? Si le puissant homme de loi qu’il est devenu refusait de mettre sa carrière en péril pour l’aider ?

Avis de Marnie

Disons le d’emblée voici les deux meilleurs passions de ce mois de février. Ce sont deux histoires totalement différentes, avec un style également bien personnel à chaque auteur, des idées qui semblent conventionnelles mais développées avec beaucoup d’originalité. Toutes les deux sont des auteurs confirmés qui pourtant n’ont rien perdu de leur spontanéité, savoir faire et surtout enthousiasme.

L’héritier des Kendrick

Le premier roman met en scène deux héros issus d’un milieu social totalement opposé. Entre l’un des enfants gâtés d’un milliardaire faisant partie de la jet set, et une travailleuse acharnée d’un quartier populaire, il n’y a rien en commun. La très bonne idée ici est de ne pas avoir fait de Cord Kendrick un gentil et idéal prince charmant. Au contraire, ses défauts se sont accentués notamment à cause des plaisirs superficiels auxquels il aime s’adonner. Toutefois son attitude de fuite en avant a des explications… que l’on commence peu à peu à comprendre au fur et à mesure qu’il se confie à Madison.

Notre héroïne est minutée… elle ne se laisse pas une minute pour penser. Là aussi nous apprendrons que cette course contre la montre est motivée par un sentiment de culpabilité qui la mine. Tout d’abord, jugeant sans indulgence ce rejeton riche, peu sérieux et trop léger, elle n’est que superficiellement attirée par son charme, qu’elle oublie bien vite. Nous sommes loin de la jeune fille qui se pâme devant le beau gosse riche et idéalisé.

En fait, la grande réussite du roman repose sur le solide bon sens de ses héros. Ce n’est qu’en communiquant qu’ils se trouveront des points communs et comprendront chacun les fêlures de l’autre. Lui, le charmeur inconséquent, et elle, l’intransigeante impatiente, se dévoilent, s’adoucissent, et se transforment… Un des aspects les plus intéressants de cette histoire, c’est que tout ne s’arrange pas comme par miracle. Les manquements qu’ils ressentent l’un et l’autre vis-à-vis d’une partie des deux familles ne s’arrangeront pas. Ils trouveront seulement la force de les surmonter. Quant à savoir s’ils s’habitueront à leur milieu respectifs, on leur prédit beaucoup de patience et de compromis…

Bien que le format le permette difficilement, l’auteur réussit à introduire des personnages secondaires bien campés, nuancés et très différents les uns des autres. Évidemment, nous souhaiterions qu’ils aient plus de place, de dialogues et même de devenir, mais les 231 pages ne permettent pas de faire des miracles. Il y a de la spontanéité et du rythme dans cette histoire qui évolue avec une certaine fougue, tout à fait plaisante. On ne voit pas le temps passer et on en redemande !

Celle par qui le scandale arrive

Helen Myers est une romancière plus qu’expérimentée… Pour ce 41e livre, elle pourrait jouer la carte de la sécurité dans un style redondant… Or, ici, elle n’hésite pas à faire de ses personnages principaux des individus qui flirtent avec les limites morales de la romance. J’avoue même avoir été bluffée par la profondeur et les faiblesses plus ou moins assumées des deux héros. L’auteur a même tellement à dire qu’elle introduit l’histoire avec une audace désarmante… en nous plongeant directement au cœur du drame que vit Eva Danielle, dite E.D., procureur adjointe, dont la crise familiale qui fait déjà les choux gras des journalistes. Le monde lui est tombé sur la tête et notre héroïne tente de surmonter toutes les retombées, professionnelles, maritales et médiatiques.

Contrairement à ce qu’indique la quatrième de couverture, le juge Dylan Justiss n’était pas le professeur de E.D. Vingt ans auparavant, ils se sont connus à une conférence, elle était venue ensuite à son mariage mais lui n’avait pas assisté au sien, tous les deux ayant conscience de ce qu’ils éprouvaient l’un pour l’autre. Veuf depuis peu, ayant tout à fait réalisé depuis de nombreuses années qu’il était marié avec sa meilleure amie et non avec la femme dont il était amoureux, il vole résolument au secours de E.D. souhaitant enfin saisir la chance qui lui a échappée jusque là.

Mais attardons nous sur le personnage assez complexe de E.D. Comme plusieurs des intervenants qui n’arrêtent pas de lui poser la question, le lecteur se demande comment la jeune femme a pu rester mariée vingt ans avec un individu aussi détestable que Trey Sessions ? La réponse est simple même si elle n’est pas à l’avantage d’une héroïne de romance : commodité. Ecrivain raté mais bon père de famille, le fait qu’il reste à la maison pour s’occuper de leurs deux enfants, a installé une situation de fait, entraînant la jeune femme à se plonger avec passion dans une carrière ambitieuse. Briguant le poste de procureur du comté, elle s’est focalisée sur son métier, oubliant quelque peu un mari qui l’intéresse peu et même ses enfants jusqu’ici sans problème. Gérant de loin mais fermement, et prenant soin de se privilégier certains instants avec sa fille et son fils, elle s’est peu à peu laissée endormir dans un mariage qui pourtant n’existe plus depuis longtemps.

C’est donc tout à fait cohérent, si les deux héros tombent dans les bras l’un de l’autre, conscients d’être amoureux et de pouvoir enfin être réunis, au mépris du danger de la situation, lui qui se doit d’être irréprochable puisqu’il va être nommé juge à la cour de cassation, et elle, en plein divorce tumultueux sur fonds de scandale de photos pornographiques dans lequel est plongée sa famille. L’adultère est totalement assumé ici, Helen R. Myers cédant peut-être un peu à la facilité, en le justifiant par le fait que l’époux est une vraie crapule… un fait que l’héroïne s’était volontairement caché pour ne pas avoir à y faire face.

Là encore, tout ne se terminera pas merveilleusement bien. E.D. ne va pas sortir indemne de cette épreuve. Au fur et à mesure que les évènements se succèdent et qu’elle subit sans avoir pu les prévoir, elle réalise qu’elle se complaisait dans un monde qui la satisfaisait tout en refusant de voir ce qui la gênait. C’est dans l’épreuve qu’elle va apprendre à connaître ses proches, que ce soit son mari, Dylan ou surtout ses enfants. On ne peut tout avoir et elle devra alors faire des sacrifices…

En juillet 2008, sortira aux Etats-Unis, la suite de ce roman, The last man she’d marry, mettant en scène les deux personnages secondaires, l’avocate de E.D., Alyx Carmel et l’agent du FBI, ami de Dylan, Jonas Hunter, tous deux charismatiques et vraiment prometteurs. Nous attendons la traduction avec impatience !

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 472
Editeur : Harlequin
Collection : Passions
Sortie : 1er février 2008
Prix : 5,95 €